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Ahmadinejad disparaîtra avant Israël
Bertrand Ramas Muhlbach
Article mis en ligne le 27 décembre 2006

A l’occasion de la conférence sur la Shoah qui s’est tenue à Téhéran le 12 décembre 2006, Mahmoud Ahmadinejad a cru pouvoir annoncer : « tout comme l’Union Soviétique a disparu, le régime sioniste disparaîtra lui aussi bientôt ».
Le président Iranien n’en est pas à sa première déclaration tonitruante sur la disparition d’Israël, loin s’en faut, mais dans son dernier discours, il fournit une explication transcendantale à cette disparition. Selon lui, elle sera le résultat « d’une promesse divine et de la volonté de tous les peuples du monde ».

Bien évidemment, les prédictions de Mahmoud Ahmadinejad n’engagent que lui mais certainement, devrait-il faire preuve d’une plus grande humilité. En effet, il ne doit pas oublier qu’il n’est que l’instrument du guide suprême de la révolution islamique (I) et que son influence est en perte de vitesse au sein du peuple iranien (II).

I - MAHMOUD AHMADINEJAD, INSTRUMENT DU GUIDE SUPREME DE LA REVOLUTION ISLAMIQUE

En dépit de sa suffisance, Mahmoud Ahmadinejad n’est que la vitrine du Guide suprême de la Révolution Islamique (A). Aussi, son leitmotiv sur la disparition de l’Etat Hébreu n’est qu’un fonds de commerce pour tenter de rallier la communauté musulmane du monde (B).

A/ - AHMADINEJAD, VITRINE DU GUIDE SUPREME DE LA REVOLUTION ISLAMIQUE

Mahmoud Ahmadinejad est devenu président de l’Iran à la suite des élections tenues le 17 juin 2005, en dépit des nombreuses plaintes pour fraude qui ont entaché la légitimité de son accession au pouvoir.

Son parcours politique a été progressif : il a tout d’abord été Gouverneur de la province d’Ardabil de 1993 à octobre 1997 avant de se présenter comme le « candidat du peuple » à la mairie de Téhéran en 2003. Néanmoins, le ralliement de la partie religieuse de la population a été obtenu grâce à sa participation efficace aux organes militaires et paramilitaire iranien.

Il a en effet, été officier dans le Corps des Gardiens de la Révolution Islamique (Sepah-e Pasdaran), force loyale de l’Ayatollah Khomeiny (créée par un décret du 5 mai 1979) véritable structure paramilitaire séparée de l’armée et dotée d’une marine, d’une armée de l’air et de forces terrestres, et responsable des missiles iraniens.

Par ailleurs, il a été membre de la milice fondamentaliste des Bassidji, force militaire et de sécurité iranienne sous l’autorité du Guide de la Révolution Islamiste servant notamment à faire respecter les codes d’habillement islamiques, les autres lois iraniennes et plus généralement pour réprimer les éléments corrompus et contre révolutionnaire.

Dès son accession au pouvoir, Mahmoud Ahmadinejad a d’ailleurs renforcé le pouvoir des Bassadjis en leur permettant de torturer ou réprimer toute contestation ou autre démonstration anti-théocratique.

Toutefois, en dépit des pouvoirs que lui confère sa fonction, Ahmadinejad n’a aucune autonomie politique et ne peut s’écarter des recommandations et de la doctrine du Guide Suprême de la Révolution.

Ainsi, le 24 avril 2006, Ahmadinejad envisageait de permettre aux femmes de regarder les hommes faire du sport et de leur réserver les meilleures places dans les stades voire s’est même opposé aux punitions infligées à celles qui se présentaient dans les stades sans revêtir le Jihab approprié.

Ces suggestions considérées comme de véritables provocations, ont suscité la colère des membres du clergé de plus haut rang (Ayatollas et marias) et conduit au veto du Guide Suprême Ayatollah Ali Khamenei qui a déclaré « l’opinion du clergé religieux doit être respectée et la décision présidentielle reconsidérée ».

Finalement, Ahmadinejad a du abandonné son projet et se rappeler l’infime étroitesse de ses prérogatives en l’occurrence, se contenter de la seule fonction qu’il exerce sans partage : fustiger le régime sioniste en préconisant son déménagement dans un autre endroit du monde.

B/ L’APPEL À LA DISPARITION DE L’ETAT HEBREU COMME MARQUE DU POUVOIR D’AHMADINEJAD

Le président iranien manie le verbe avec une particulière éloquence mais son raisonnement simpliste est toujours le même : l’Etat juif a été installé par la communauté internationale dans cette partie du monde à la suite des évènement survenus lors de la seconde guerre mondiale pour soulager la mauvaise conscience des Etat européens.

D’ailleurs, selon lui, il est possible de douter de la réalité de la Shoah ce qui rend également contestable la décision internationale emportant création de l’Etat juif puisqu’elle repose sur un mensonge.

Bien évidemment, le Président iranien oublie que l’installation des juifs en Israël est le résultat d’une démarche spontanée du peuple juif et que la décision internationale emportant création de l’Etat d’Israël n’a fait que consacrer un mouvement de population qui réclamait son autonomie et son indépendance depuis 2000 ans.

Mais Mahmoud Ahmadinejad préfère occulter cet aspect historique en essayant de jouer un rôle de fédérateur du monde musulman contre les juifs.

Ainsi, le 8 décembre 2005, il a nié l’ampleur de la Shoah en demandant à l’Autriche et l’Allemagne de céder une partie de leur territoire pour établir l’Etat d’Israël. Le 14 décembre 2005, il a dénoncé le mythe du massacre des juifs. Le 6 janvier 2006, il s’est réjoui des problèmes de santé d’Ariel Sharon en espérant « que l’information disant que le criminel de Sabra et Chatila a rejoint ses ancêtre est définitive ».

Le 13 avril 2006, lors d’une conférence de soutien au Peuple Palestinien à Téhéran, il a indiqué « qu’on le veuille ou non, le régime sioniste se dirige vers l’anéantissement. Le régime sioniste est un arbre pourri et asséché qui sera éliminé par une seule tempête. » Et s’est par la suite interrogé : « si le drame de l’holocauste s’est bien produit, pourquoi le peuple palestinien doit il être opprimé et sa terre occupée ? »

En juillet 2006, il a comparé les actions d’Israël aux actions d’Adolf Hitler en avançant « qu’Hitler cherchait des prétextes pour attaquer les autres nations comme le fait le régime sioniste pour envahir les pays musulmans ».

Et le 8 août 2006 il n’a pas manqué d’affirmer qu’Israël était responsables des souffrances du Liban pour justifier les attaques aux missiles du Hezbollah en suggérant une nouvelle fois un déplacement de l’Etat israélien en Europe.

Enfin, le 12 décembre 2006, il a pu réaffirmer qu’Israël allait disparaître tout comme ce fut le cas de l’Union Soviétique.

En réalité, c’est bien de lui dont le monde devrait prochainement être débarrassé compte tenu de la perte d’influence au sein de sa propre population à laquelle il est confrontée.

II LA PERTE D’INFLUENCE DU PRESIDENT IRANIEN AUPRES DE SA POPULATION

Vraisemblablement, l’élimination de Mahmoud Ahmadinejad devrait intervenir de manière tout à fait démocratique (A) d’autant que la communauté internationale est à la recherche d’un consensus pragmatique (B).

A/ L’ELIMINATION DEMOCRATIQUE D’AHMADINEJAD

La règle démocratique présente l’avantage d’éviter une guerre pour corriger les imperfections et c’est précisément à ce phénomène que le monde assiste depuis les élections en Iran pour l’élection à l’Assemblée des experts tenue le 15 décembre 2006.

Ce collège de 86 personnes, élues tous les huit ans, a pour fonction de choisir, superviser voire révoquer le Guide Suprême de la Révolution.

Le guide suprême est actuellement l’Ayatollah Khamenei qui concentre entre ses mains l’ensemble des pouvoirs en Iran : il contrôle directement les relations extérieures, la défense, les services de sécurité, la justice et les médias. Fin 1989, c’est lui qui a choisi le futur secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah pour le représenter à Beyrouth. C’est encore lui qui a dénoncé, le 7 février 2006, la publication des caricatures du Prophète Mahomet dans la presse européenne comme étant « une conspiration sioniste ». Et c’est toujours lui qui a, en juin 2006, rejeté l’idée de suspendre l’enrichissement de l’Uranium.

La modification démocratique de la composition de l’assemblée des experts devrait avoir un effet bénéfique sur l’orientation modérée de la nouvelle politique iranienne.

L’ancien président Rafsandjani, religieux modéré et rival d’Ahmadinejad aux dernières élections présidentielles, a été plébiscité pour l’élection à l’assemblée des experts. Or, ce dernier considère les propos de l’actuel président comme une source de division.

Son challenger, l’ultra conservateur Ayatollah Mezbah Yazdi, (conseiller d’Ahmadinejad qui prône l’isolement culturel vis-à-vis de l’occident) est quant à lui, arrivé en 6° position.

De même, les élections municipales marquent un net recul des ultras conservateurs au profit de la ligne modérée. A Téhéran, la liste menée par la sœur du Président, Parvine Ahmadinejad, ne recueille que 3 sièges sur les 15 alors que la liste du maire modéré, Bagher Ghalibaf devrait bénéficier de la grande majorité des sièges.

Plus généralement, c’est la rue qui gonde en Iran : lors de sa conférence sur l’holocauste, Ahmadinejad a été interrompu par les étudiants de l’Université technologique Amir Kabir, (centre de formation des élites de la nation iranienne) qui scandaient « Mort au dictateur ! ».

Les images du président iranien, forcé de partir en traversant la foule qui frappait sur son véhicule et brûlait des portraits de lui, sont un bon présage du renversement programmé de l’actuel président.

B/ LA RECHERCHE INTERNATIONALE D’UN CONSENSUS PRAGMATIQUE

Ahmadinejad est désavoué dans son pays : il a perdu le soutien de nombreux conservateurs qui lui reprochent de passer trop de temps à se confronter à l’Occident, au détriment de la situation économique en Iran où le taux de chômage est estimé à 11%.

Le président iranien avait promis lors de sa campagne électorale en 2005, de lutter contre la pauvreté et de faire profiter chaque famille du pays des revenus pétroliers. Le peuple iranien constate en réalité, qu’il occupe son temps à vociférer contre les Etats-Unis et Israël.

Le retour des réformateurs (écartés au cours des cinq dernières années) des conseils locaux, du Parlement et de la présidence, est du meilleur augure pour apaiser le différend israélo palestinien grâce au soutien international.

Le ministre égyptien des Affaires, Ahmed Aboul Gheit envisage de se rendre en Israël pour relancer le processus de paix. La roi Abdallah de Jordanie a de nouveau déclaré qu’il n’y avait d’autre solution que l’existence de deux Etats vivant côte à côte et doit rencontrer prochainement le Président Palestinien Mahmoud Abbas à cet effet.

Enfin la communauté internationale vient de s’entendre sur une sanction contre l’Iran qui refuse de geler son programme d’enrichissement de l’Uranium.

Les iraniens ne sont nullement concernés par le différend personnel qui oppose Ahmadinejad aux Etats-Unis et à l’Etat Hébreu et devraient prochainement opter pour les conditions que suggèrent les modérés iraniens.

Ahmadinejad sera hors course et l’équilibre régional devrait être retrouvé lorsque l’Iran cessera de financer les milices du Hezbollah, la Syrie et le Hamas.

Les palestiniens retrouveront alors la voix de la sagesse, cesseront de s’entretuer, d’enlever d’autres palestiniens se rendront compte du degré d’instrumentalisation dont ils ont fait l’objet de la part de leurs dirigeants dont la doctrine ne peut les servir.

Alors enfin, ils accepteront de se mettre autour d’une table pour déterminer de manière pragmatique, l’assiette territoriale d’établissement de leur Etat, c’est à dire sans référence à des fantaisistes frontières de « 1967 » mais uniquement en considérations des implantations palestiniennes sur les territoires sur lesquels Israël n’exerce aucune souveraineté.



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