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Le monde selon Carter
Par Alan Dershowitz - New York Sun, Adaptation française de Sentinelle 5767
Article mis en ligne le 27 novembre 2006

Parfois, vous pouvez vraiment parler d’un livre d’après sa couverture. La décision du Président Jimmy Carter de donner pour titre à sa nouvelle épître anti-Israël « Palestine : la Paix et pas l’Apartheid » (éditeurs : Simon & Schuster, 288 pages, $27) révèle tout cela. Son utilisation du mot chargé de sens « apartheid », suggérant une analogie avec la politique haïe de l’Afrique du Sud, est particulièrement outrageante, si l’on considère sa reconnaissance cachée à la fin de son livre creux et superficiel, que ce qui survient en Israël de nos jours « est, à l’opposé de l’Afrique du Sud - non pas du racisme, mais l’acquisition de la terre ».

Il n’explique pas non plus que la motivation d’Israël à garder la terre qu’il a conquise dans une guerre défensive soit liée à la prévention du terrorisme. Israël a essayé, à différentes occasions, d’échanger la terre contre la paix, et ce qu’il a eu en échange a été le terrorisme, des roquettes, et des prises d’otages lancées depuis le territoire restitué.

En fait, le terrorisme arabo-palestinien manque virtuellement dans tout le compte-rendu historique de M. Carter, qui reproche à peu près tout à Israël, et pratiquement rien aux Palestiniens. De façon incroyable, il affirme que la violence initiale dans le conflit israélo-palestinien était motivée par l’intolérance religieuse, survenue quand des « militants juifs » ont attaqué des Arabes en 1929, alors que le grand Mufti de Jérusalem avait ordonné le massacre de plus de 100 rabbins, étudiants, et sépharades non sionistes, dont les familles avaient vécu à Hébron et dans d’autres cités juives antiques depuis des millénaires. Les Juifs ont répondu à cette violence raciste en établissant une force de défense. Il n’y a nulle mention de la longue histoire du terrorisme palestinien avant l’occupation, ou du massacre [des athlètes israéliens, Ndt] à Munich et d’autres inspirés par Yasser Arafat. Il n’y a pas même de référence au Karine A, le bateau d’armes terroristes commandé par Arafat en janvier 2002.

Le livre de M. Carter est tellement rempli de fautes simplistes et d’omissions délibérées que, si c’était un dossier déposé devant une Cour de justice, il serait attaqué et son auteur sanctionné pour tromperie de la Cour. M. Carter est aussi coupable de tromper la Cour de l’opinion publique. Une simple liste de toutes les fautes et omissions de M. Carter remplirait un volume de la taille de son livre. En voici quelques unes seulement, parmi les plus flagrantes :

M. Carter souligne que les « Arabes chrétiens et musulmans ont continué de vivre dans ce même pays depuis l’époque romaine », mais il ignore le fait que les Juifs ont vécu à Hébron, Safed, Jérusalem, et d’autres cités depuis plus longtemps encore. Il ne discute pas non plus l’expulsion de centaines de milliers de Juifs des pays arabes depuis 1948.

De façon répétée, M. Carter proclame que les Arabes palestiniens ont soutenu depuis longtemps une solution à deux Etats, et que les Israéliens s’y sont toujours opposés. Pourtant, il ne mentionne pas le fait qu’en 1938, la commission Peel a proposé une solution à deux Etats, Israël recevant une simple tranche de son antique foyer national, et les Palestiniens recevant le gros du territoire. Les Juifs ont accepté et les Palestiniens ont rejeté cette proposition parce que les dirigeants arabes se préoccupaient plus de l’absence d’un Etat juif sur une terre sainte musulmane que d’avoir leur propre Etat palestinien.

Il mentionne à peine l’acceptation par Israël, et le rejet palestinien, de la division du mandat par les Nations Unies en 1948.

Il prétend qu’en 1967, Israël a lancé une attaque préventive contre la Jordanie. La vérité est que la Jordanie a attaqué Israël d’abord, alors qu’Israël essayait désespérément de persuader la Jordanie de demeurer en dehors de la guerre, et Israël a contre-attaqué après que l’armée jordanienne ait encerclé Jérusalem, tirant des missiles sur le centre de la cité. C’est seulement alors qu’Israël s’est emparé de la Rive Occidentale, territoire qu’il a proposé de restituer en échange de la paix et de la reconnaissance par la Jordanie.

M. Carter mentionne de façon répétée la résolution 242 du Conseil de Sécurité, qui appelait au retour de territoires conquis en échange de la paix, de la reconnaissance [du droit à l’existence d’Israël, Ndt], et de frontières sûres, mais il ignore qu’Israël l’a accepté, alors que toutes les nations arabes et les Palestiniens ont rejeté cette résolution. Les Arabes se sont rencontrés à Khartoum, et ont stipulé leur fameux [triple] « Non » : « Non à la paix, Non à la reconnaissance, Non à la négociation ». Mais vous ne pourriez pas le savoir en lisant l’histoire selon M. Carter.

M. Carter prend Israël en défaut pour sa « frappe aérienne qui a détruit le réacteur nucléaire irakien » sans mentionner que l’Irak avait menacé d’attaquer Israël avec des armes nucléaires si elle parvenait à fabriquer une bombe.

M. Carter prend Israël en défaut pour son administration des sites religieux chrétiens et musulmans, alors qu’Israël en vérité assure scrupuleusement à ceux de chaque religion le droit de pratiquer comme ils le désirent - dans les limites bien sûr des besoins de la sécurité. Il omet de mentionner qu’entre 1948 et 1967, quand la Jordanie occupait la Rive Occidentale et Jérusalem Est, les Hachémites avaient détruit et profané des sites religieux juifs, et empêché les Juifs de prier devant le Mur Occidental. Il ne mentionne jamais non plus l’occupation brutale par l’Egypte de Gaza entre 1948 et 1967.

M. Carter blâme Israël et exonère Arafat, pour le refus palestinien d’accepter un Etat sur 95 % de la Rive Occidentale et de la totalité de Gaza, conformément aux offres de Clinton et Barak à Camp David et Taba en 2000 - 2001. Il accepte l’histoire révisionniste palestinienne, rejette les comptes-rendus de témoins oculaires, tels le Président Clinton et Dennis Ross ; et il ignore que le Prince saoudien Bandar ait accusé de « crime » le rejet par Arafat de cette proposition, et qualifié le compte-rendu d’Arafat « non conforme à la vérité » - excepté apparemment pour M. Carter. Le fait que M. Carter choisisse de croire Arafat plutôt que M. Clinton parle de lui-même.

La description par M. Carter de la récente guerre au Liban est trompeuse. Il commence par affirmer que le Hezbollah a capturé deux soldats israéliens. « Capturé » suggère un sujet d’appréhension militaire ayant le statut habituel du prisonnier de guerre. Les soldats ont été kidnappés, et n’ont pas été entendus depuis - pas même un signe de vie. Les attaques de roquettes qui ont précédé l’invasion par Israël sont largement ignorées, comme le fait que le Hezbollah ait tiré des roquettes depuis des centres de population civile.

M. Carter n’accorde virtuellement aucun crédit au superbe système légal israélien, affirmant faussement (sans aucune citation) que des « confessions arrachées sous la torture sont admissibles devant les Cours israéliennes », que des prisonniers sont « exécutés », et que les « accusateurs » agissent comme des « juges ». Même les critiques les plus sévères d’Israël reconnaissent l’équité de la Cour Suprême d’Israël, mais pas M. Carter.

M. Carte reproche même à Israël « l’exode des Chrétiens de la terre Sainte », ignorant totalement l’islamisation de la zone par le Hamas, et l’exode comparable des Arabes Chrétiens du Liban comme conséquence de l’influence croissante du Hezbollah, et des assassinats répétés de dirigeants chrétiens par la Syrie.

M. Carter fait reproche aussi à chaque administration américaine, à l’exception de la sienne, de l’impasse militaire au Moyen-Orient, avec une insistance particulière sur « une Maison Blanche et un Congrès des USA soumis au cours des années récentes ». Il recourt à l’hyperbole et à l’exagération quand il dit que le « dialogue sur des sujets controversés est un privilège à accorder seulement comme récompense pour un comportement servile, et à retirer à ceux qui rejettent les exigences des USA ». Il fait la confusion entre les Etats terroristes, comme l’Iran et la Syrie, avec lesquels nous ne dialoguons pas, et les Etats avec lesquels nous sommes fortement en désaccord, comme la France et la Chine, mais avec lesquels nous avons un dialogue constant.

Et ce ne sont pas seulement les faits. C’est aussi le ton. Il est évident que M. Carter n’aime vraiment pas Israël ou les Israéliens. Il sermonna Golda Meïr sur la nature « laïque » des Israéliens, la prévenant que « Israël était puni chaque fois que ses dirigeants se détournaient du culte fervent de Dieu ». Il admet qu’il n’aimait pas Menah’em Begin. Il a peu de bien à dire sur quelque israélien que ce soit - sauf le petit nombre qui est d’accord avec lui. Mais il s’en sort apparemment seul à merveille avec le très laïc meurtrier de masse syrien, Hafez el Assad. M. Carter et sa femme Rosalynn ont aussi eu du bon temps avec Arafat, lui aussi laïc - un homme qui a le sang de centaines d’Américains et d’Israéliens sur les mains.

Rosalynn et moi avons rencontré Arafat dans la ville de Gaza, où il restait avec sa femme, Suha, et leur petite fille. Le bébé, habillée dans une jolie tenue rose, est venue sans hésiter s’asseoir sur mes genoux, où je mis en pratique les mêmes ruses que j’avais utilisées avec succès pour mes enfants et petits-enfants. Beaucoup de photographies ont été prises, puis les photographes ont demandé que Arafat tienne sa fille pendant un instant. Quand il la prit, l’enfant hurla fort et tendit les mains vers moi, provoquant des admonestations joviales du candidat présidentiel d’avoir à rester à la maison assez longtemps pour devenir familier avec son propre enfant.

Il y a quelque chose de très troublant au sujet de ces descriptions.

« Palestine : la Paix pas l’Apartheid » est si partial qu’il soulève inévitablement la question de ce qui motive un homme décent comme Jimmy Carter à écrire un livre aussi indécent. Quels que soient les motivations de M. Carter, la paternité de ce dossier unilatéral, anhistorique et simpliste contre Israël, le disqualifie pour toujours de jouer le moindre rôle positif dans une résolution équitable du conflit entre Israël et les Palestiniens. C’est là une tragédie parce que le « Carter Center », qui a fait beaucoup de bien dans le monde, aurait pu être une force de paix si Jimmy Carter était aussi généreux en esprit à l’égard des Israéliens qu’il l’est pour les Palestiniens.


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