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Débat sur la réforme en Arabie
Par L. Azuri * - MEMRI
Article mis en ligne le 15 octobre 2006
dernière modification le 16 octobre 2006

Fin mai 2006, un site islamiste saoudien a publié une condamnation des réformistes en Arabie saoudite. Cette condamnation, signée par 61 cheikhs saoudiens, dont des présidents d’université, des professeurs, des avocats, des juges, des éducateurs et des hommes d’affaires, a prévenu qu’une « junte » s’était emparée des médias saoudiens et agissait au service d’ennemis extérieurs dans le but d’ « occidentaliser » la société saoudienne - menaçant la société et ses valeurs islamiques. Cette condamnation exhorte les dirigeants saoudiens à refuser aux membres de cette « junte » des postes d’influence et appelle les dignitaires religieux à en contrecarrer les plans.

Cette condamnation a donné lieu à des critiques enflammées de nombreux chroniqueurs saoudiens. Certains ont dénoncé l’ « extrémisme » de la déclaration, l’associant aux mouvements islamistes qui ont fait progresser leur cause en Arabie saoudite ces dernières années, allant jusqu’à relever des similitudes entre les idées exprimées dans la déclaration et certaines idées d’Oussama Ben Laden. D’autres chroniqueurs se sont déclarés préoccupés par le fait que la liste des signataires comprend des juges d’instance et des fonctionnaires du ministère de l’Education.

Voici quelques extraits de la déclaration et des réactions qui en ont résulté :

Extraits de la déclaration

Une junte déviante s’est emparée des médias saoudiens et menace la société islamique et ses valeurs

La déclaration hostile aux réformistes, publiée le 23 mai 2006 sur le site islamiste saoudien « Nur Al-Islam » (www.islamlight.net <http://www.islamlight.net/> ), affiche les propos suivants :

"... Nous mettons la nation en garde contre la junte, connue pour ses tendances occidentalisantes déviantes, qui a réussi à peser sur les décisions et à s’emparer d’institutions exerçant une grande influence sur l’identité et l’avenir de la société [saoudienne]. Notre pays est sujet à des pressions et à des manigances étrangères ; cette junte est devenue les yeux et les oreilles de l’ennemi étranger et un instrument entre ses mains ; elle compte sur son soutien et elle poursuit ses objectifs. Elle représente un danger important pour la société [saoudienne]. Elle mène la guerre à [nos] bonnes mœurs, s’efforçant de salir la réputation des valeurs islamiques et d’altérer l’identité de notre société. En outre, elle redouble d’efforts pour assécher les sources du bien, pour traîner [la société] dans différentes formes d’hérésie et l’éloigner de la religion en réduisant l’autorité des institutions religieuses et en privant les institutions populaires d’éducation religieuse de manuels.

La réforme dont nous avons besoin, qui nous permettra de corriger aussi bien des aspects liés à la religion qu’à ce monde, ne pourra être réalisée que par l’adhésion aux dictats de la sharia et à ses principes de réforme - et non par les déclarations erronées de ceux qui corrompent notre société...

C’est un effet de la grâce d’Allah que toute la société soit contre le programme d’occidentalisation [de cette junte]... Cette société a prouvé qu’elle est consciente [du danger inhérent au] programme, malgré l’emprise de ce dernier sur les médias et la presse, et le grand nombre d’écrivains nauséeux ralliés à ce projet d’occidentalisation évident... Cette junte consiste en un petit groupe [de personnes] dont la majorité vit isolée et coupée de la société ; et malgré cela, ils parlent au nom de la majorité et de la société... «  »[Cette junte] profite de la grande influence des femmes sur la société pour les occidentaliser, se servant de slogans ouvertement frauduleux sur les ’droits de la Femme’, la ’libération des femmes de leurs chaînes’ et le ’progrès’ «  »Vu que les femmes ont une grande influence sur la société, [cette junte] s’est habilement efforcée de les occidentaliser, se servant de slogans ouvertement frauduleux sur les ’droits de la Femme’, la ’libération des femmes de leurs chaînes’ et le ’progrès’ - toujours en accord avec leur culture hérétique. Ils versent des larmes sur la condition actuelle de la femme, ne se contentant pas de jouer avec leurs émotions, mais allant jusqu’à les entraîner dans leurs [illusions] et leur tromperie. Malheureusement, ils ont déçu certaines femmes, se servant d’elles comme d’un instrument à l’exécution de leurs complots...

Puisque les médias et leurs tribunes [en Arabie saoudite] jouissent d’une influence considérable, tantôt constructive, tantôt destructrice, ils ont resserré leur emprise, n’exprimant plus que des opinions mensongères, à de rares exceptions près. Nos médias... ne reflètent pas le point de vue et l’identité de la société, mais cherchent à saper les valeurs [islamiques]...

Ils agissent comme de véritables hypocrites : ils brandissent des slogans mensongers... tout en contredisant ces slogans par leurs actions. Ils prétendent [tenir un langage] patriotique ; ce sont pourtant eux qui se distancient le plus de la nation en s’efforçant d’égarer leur peuple. Ils ont des contacts avec des étrangers, contacts qui deviennent connus par le biais des ambassades et des médias occidentaux. Ce son eux qui rédigent des textes [à l’attention des Occidentaux”] relatifs à la situation dans le pays, des rapports sur les manuels scolaires et sur le [statut de] la femme. Ce faisant, ils calomnient les oulémas, affirmant que ces derniers appuient la terreur, profitant de la susceptibilité du pays face à la critique étrangère. Ensuite ils se servent des rapports des médias étrangers pour éveiller la peur dans le pays et parmi les dirigeants, peur relative aux conséquences que pourrait avoir l’adoption d’un mode de vie islamique.

Ces méthodes honteuses sont bien connues de tous, et notre société est aujourd’hui consciente du danger que représentent les actions de la junte. Ils prétendent respecter l’opinion d’autrui et appeler au dialogue, mais nul n’est plus extrémiste qu’eux... Certains tiennent des propos hérétiques, d’autres diffusent des abominations dans leurs poèmes, leurs histoires et leurs écrits. Certains de ces écrits regorgent de propos hérétiques et athées, appellent ouvertement à la laïcité, sans se cacher. Certains ont mis en place une [télévision] satellite visant à corrompre les mœurs de la société. La plupart ont été éduqués par des partis athées, communistes et panarabes. Certains sont de grands journalistes ayant des postes à responsabilité dans les journaux, qui calomnient chaque institution liée à la sharia dans le pays et tous les autres aspects positifs de la société...« La nation attend des dirigeants qu’ils »soient comme un rempart infranchissable face aux courants de pensée corrompus qui cherchent à semer le vice dans le pays.«  »Toute la nation, et en particulier les partisans de la réforme [les conservateurs religieux] attendent de leurs dirigeants qu’ils soient comme un rempart infranchissable face à ces courants de pensée corrompus qui cherchent à semer le vice dans le pays et au sein de la population. Ils doivent repousser tous ceux dont la loyauté à la religion est remise en question... et les tenir éloignés des positions d’autorité, des médias et du monde de l’enseignement.

La responsabilité des oulémas est importante ; elle comprend l’obligation de porter des jugements de valeur, d’exprimer des opinions, de prévenir, d’ordonner le bien et d’interdire le mal. Ceux qui ont des postes officiels sont responsables, au même titre que les autres, et ils doivent assumer leurs responsabilités. [Ils devraient] conseiller les dirigeants et encourager le public [à faire] ce qui est bien pour le pays et pour le peuple, le mettre en garde contre les dangers environnants et les tendances [hérétiques] qui égarent [le peuple], car les déclarations, les sermons et les fatwas des oulémas ont déjà contribué à déjouer le complot des hypocrites.

Nous appelons le public à dénoncer la honte de ce complot, à mettre en garde contre le programme d’occidentalisation... Finalement, nous appelons cette junte hérétique à [retourner] sur le droit chemin, et [nous appelons] donc tous ceux qui les sont suivis et se sont laissés duper à se repentir sincèrement..." (1)

Les chroniqueurs saoudiens critiquent la déclaration

La déclaration des 61 cheikhs rappelle l’appel de Ben Laden à assassiner des intellectuels

Le chroniqueur réformiste saoudien Mashari Al-Dhaidi écrit dans le quotidien londonien Al-Sharq Al-Awsat : "La question n’est pas de savoir si [les gens”target=_blank] ont, ou n’ont pas, le droit de publier des déclarations et de rassembler des signatures, mais plutôt si la publication de telles déclarations, avec un tel langage et de telles incitations à la haine, est acceptable. Nous devons tenir compte du fait que les accusations [des auteurs”target=_blank] de la déclaration et leur façon de décrire les [intellectuels”target=_blank] en désaccord avec eux, sont de l’incitation à assassiner [les intellectuels”target=_blank]. Face à ces déclarations, il se peut que le [public”target=_blank] demeure indifférent face à la possibilité que certains jeunes excités prennent cette déclaration [au pied de la lettre”target=_blank], traduisant les paroles en actions, pensant que leur devoir, selon la sharia, est d’accorder au peuple et au pays un répit face à cet ’prophètes de l’hérésie’.

La dernière déclaration d’Oussama ben Laden [du 23 avril 2006”target=_blank], qui invite au meurtre d’intellectuels, de poètes, d’écrivains, n’est pas du tout éloignée de [la déclaration du cheikh”target=_blank]. Il existe même certains points communs entre [les images”target=_blank] utilisées par Oussama Ben Laden et celles de la déclaration des 61[cheikhs”target=_blank]. L’incitation à la haine vise les mêmes figures, mais alors que Ben Laden mentionne les gens par leurs nom et appelle explicitement à les tuer, les 61 [cheikhs”target=_blank], par insinuations..., les décrivent comme de méprisables hypocrites, appelant à les ’combattre’... , comme les hypocrites de Médine à l’époque du Prophète. Cela signifie que la différence [entre la déclaration de Ben Laden et la déclaration des cheikhs”target=_blank] est uniquement dans le ton." (2)

La déclaration des cheikhs contribue à propager l’islam politique en Arabie saoudite

Qinan Al-Ghamidi, ancien directeur du quotidien saoudien Al-Watan, écrit : "Il est clair que les signataires [de la déclaration”target=_blank] croient être les seuls à comprendre l’islam, estimant que les millions de Saoudiens - les grandes figures comme les simples citoyens - devraient comprendre les choses de la même façon. Tous ceux qui pensent autrement auraient une mauvaise compréhension de la religion, pour le moins... Ces déclarations sont un phénomène sain, révélant des opinions qui doivent remonter à la surface pour être pouvoir être discutées ouvertement...

[Les signataires de la déclaration”target=_blank] représentent l’idéologie de l’extrémisme et du fanatisme, qui est une branche naturelle de l’expansion de l’islam politique dans le royaume [saoudien”target=_blank] depuis plus d’un quart de siècle. Il est probable que les idées et les objectifs de l’islam politique, qui exploite la religion pour arriver à ses fins, sont à l’origine de la déclaration des 61 [cheikhs”target=_blank] et avant cela, de la déclaration des 130, ainsi que de celle des 14 docteurs. (3) Il est probable que tous soient innocents - que le courant [de l’islam politique”target=_blank] les a trompés, exploitant leurs sentiments et leur propension [naturelle”target=_blank] à la foi, les conduisant à de telles extrémités...

Nous avons une occasion historique de comprendre les opinions, les idées et les objectifs de ce courant [islamiste”target=_blank], maintenant qu’ils sont exposés au grand jour, puis d’en débattre sur les diverses tribunes et les forums appropriés..., de présenter [des arguments”target=_blank] plus forts que les leurs, jusqu’à ce qu’ils comprennent [l’ampleur du”target=_blank] danger vers lequel ils dirigent leur pays et leur patrie - un danger qui réside dans l’idéologie qu’ils ont adoptée. Telle est notre tâche à l’échelle nationale. Les repousser et poser des conditions [au dialogue”target=_blank] ne fera qu’aggraver la tragédie." (4)

La plupart des signataires sont des éducateurs
L’avocat Abdel Rahman Al-Lahem écrit dans le quotidien saoudien Al-Watan : (5) "La liberté d’expression est l’un des droits fondamentaux de l’homme ; nul ne peut le remettre en question ou l’entraver. Chacun a [le droit] d’exprimer son opinion en toute liberté par des moyens légitimes. Toutefois, exploiter un problème particulier dans le but de soulever la population avec un langage extrême, en se servant de la religion, et accuser quiconque manifeste son désaccord d’avoir quitté les sentiers de la foi et d’œuvrer à la propagation de la corruption et de l’abomination - ne relèvent en aucun cas de la liberté d’expression. Cela ne fait qu’enfler les émotions des jeunes gens qui ne perçoivent, dans cette atmosphère si chargée, que les angles aigus et les solutions extrêmes susceptibles de nous mener à une nouvelle vague d’accusations d’apostasie...
L’aspect positif de cette déclaration est qu’elle répond à de nombreuses questions qui ont fait surface ces dernières années concernant le système d’éducation et les manuels utilisés. Ces manuels ont-ils contribué à amplifier l’atmosphère extrémiste ou [cette atmosphère] existait-elle déjà dans notre société, s’exprimant tout naturellement dans notre programme ?... Si nous examinons le nom des signataires de la déclaration et leurs positions, nous remarquons que la plupart jouent, ou ont joué, un rôle dans l’éducation. Qui plus est, [nous découvrons qu’ils sont impliqués] dans l’étape la plus délicate du processus éducatif, l’université, où les étudiants sont ouverts aux nouvelles idées et idéologies. Comment se fâcher ou s’étonner, face à l’attirance de nos étudiants pour les idées extrêmes, quand on sait que leurs études sont, ou ont été, supervisées par ce type de personnes ? Est-il concevable qu’un enseignant appartenant à ce groupe enseigne à ses étudiants des valeurs telles que le dialogue, la tolérance, l’acceptation de l’autre et la coexistence ?!..." (6)

Parmi les signataires de la déclaration se trouvent des juges d’instance

Le chroniqueur Muhammad bin Abdel Latif Aal-Sheikh écrit dans le quotidien saoudien Al-Jazirah : « Il n’est pas surprenant que seules 61 personnes, sur des millions de Saoudiens, ont signé une déclaration aussi extrémiste, irresponsable et corrosive que celle-ci. Il y a des extrémistes partout dans le monde. Nous ne sommes pas les seuls à en souffrir. Mais le point sur lequel je veux insister est que deux des signataires de cette déclaration sont des juges : Abdallah bin Nasir Al-Suleiman, juge de la Cour suprême de Riyadh, et Muhammad bin Suleiman Al-Mas’ud, juge de la Cour suprême de Jeddah, qui d’après la déclaration, exercent encore. Cela prouve la gravité de la situation dans nos institutions judiciaires. Nous [en sommes arrivés au point où”target=_blank] un juge - en qui le dirigeant a placé sa confiance et dont on attend, vu son rôle public, qu’il se montre objectif et reste en dehors d’une telle polémique, des partis et des coalitions politiques - entre dans [ces”target=_blank] coalitions... » (7)

L’Etat et le peuple ont décidé d’entrer dans le 21ème siècle par la « voie du milieu »
Le chroniqueur réformiste saoudien Mashari Al-Dhaidi écrit dans le quotidien londonien Al-Sharq Al-Awsat : "La question n’est pas de savoir si [les gens] ont, ou n’ont pas, le droit de publier des déclarations et de rassembler des signatures, mais plutôt si la publication de telles déclarations, avec un tel langage et de telles incitations à la haine, est acceptable. Nous devons tenir compte du fait que les accusations [des auteurs] de la déclaration et leur façon de décrire les [intellectuels] en désaccord avec eux, sont de l’incitation à assassiner [les intellectuels]. Face à ces déclarations, il se peut que le [public] demeure indifférent face à la possibilité que certains jeunes excités prennent cette déclaration [au pied de la lettre], traduisant les paroles en actions, pensant que leur devoir, selon la sharia, est d’accorder au peuple et au pays un répit face à cet ’prophètes de l’hérésie’.
La dernière déclaration d’Oussama ben Laden [du 23 avril 2006], qui invite au meurtre d’intellectuels, de poètes, d’écrivains, n’est pas du tout éloignée de [la déclaration du cheikh]. Il existe même certains points communs entre [les images] utilisées par Oussama Ben Laden et celles de la déclaration des 61[cheikhs]. L’incitation à la haine vise les mêmes figures, mais alors que Ben Laden mentionne les gens par leurs nom et appelle explicitement à les tuer, les 61 [cheikhs], par insinuations..., les décrivent comme de méprisables hypocrites, appelant à les ’combattre’... , comme les hypocrites de Médine à l’époque du Prophète. Cela signifie que la différence [entre la déclaration de Ben Laden et la déclaration des cheikhs] est uniquement dans le ton." (2)
La déclaration des cheikhs contribue à propager l’islam politique en Arabie saoudite Qinan Al-Ghamidi, ancien directeur du quotidien saoudien Al-Watan, écrit : "Il est clair que les signataires [de la déclaration] croient être les seuls à comprendre l’islam, estimant que les millions de Saoudiens - les grandes figures comme les simples citoyens - devraient comprendre les choses de la même façon. Tous ceux qui pensent autrement auraient une mauvaise compréhension de la religion, pour le moins... Ces déclarations sont un phénomène sain, révélant des opinions qui doivent remonter à la surface pour être pouvoir être discutées ouvertement...
[Les signataires de la déclaration] représentent l’idéologie de l’extrémisme et du fanatisme, qui est une branche naturelle de l’expansion de l’islam politique dans le royaume [saoudien] depuis plus d’un quart de siècle. Il est probable que les idées et les objectifs de l’islam politique, qui exploite la religion pour arriver à ses fins, sont à l’origine de la déclaration des 61 [cheikhs] et avant cela, de la déclaration des 130, ainsi que de celle des 14 docteurs. (3) Il est probable que tous soient innocents - que le courant [de l’islam politique] les a trompés, exploitant leurs sentiments et leur propension [naturelle] à la foi, les conduisant à de telles extrémités...
Nous avons une occasion historique de comprendre les opinions, les idées et les objectifs de ce courant [islamiste], maintenant qu’ils sont exposés au grand jour, puis d’en débattre sur les diverses tribunes et les forums appropriés..., de présenter [des arguments] plus forts que les leurs, jusqu’à ce qu’ils comprennent [l’ampleur du] danger vers lequel ils dirigent leur pays et leur patrie - un danger qui réside dans l’idéologie qu’ils ont adoptée. Telle est notre tâche à l’échelle nationale. Les repousser et poser des conditions [au dialogue] ne fera qu’aggraver la tragédie." (4)
La plupart des signataires sont des éducateurs L’avocat Abdel Rahman Al-Lahem écrit dans le quotidien saoudien Al-Watan : (5) "La liberté d’expression est l’un des droits fondamentaux de l’homme ; nul ne peut le remettre en question ou l’entraver. Chacun a [le droit] d’exprimer son opinion en toute liberté par des moyens légitimes. Toutefois, exploiter un problème particulier dans le but de soulever la population avec un langage extrême, en se servant de la religion, et accuser quiconque manifeste son désaccord d’avoir quitté les sentiers de la foi et d’œuvrer à la propagation de la corruption et de l’abomination - ne relèvent en aucun cas de la liberté d’expression. Cela ne fait qu’enfler les émotions des jeunes gens qui ne perçoivent, dans cette atmosphère si chargée, que les angles aigus et les solutions extrêmes susceptibles de nous mener à une nouvelle vague d’accusations d’apostasie...
L’aspect positif de cette déclaration est qu’elle répond à de nombreuses questions qui ont fait surface ces dernières années concernant le système d’éducation et les manuels utilisés. Ces manuels ont-ils contribué à amplifier l’atmosphère extrémiste ou [cette atmosphère] existait-elle déjà dans notre société, s’exprimant tout naturellement dans notre programme ?... Si nous examinons le nom des signataires de la déclaration et leurs positions, nous remarquons que la plupart jouent, ou ont joué, un rôle dans l’éducation. Qui plus est, [nous découvrons qu’ils sont impliqués] dans l’étape la plus délicate du processus éducatif, l’université, où les étudiants sont ouverts aux nouvelles idées et idéologies. Comment se fâcher ou s’étonner, face à l’attirance de nos étudiants pour les idées extrêmes, quand on sait que leurs études sont, ou ont été, supervisées par ce type de personnes ? Est-il concevable qu’un enseignant appartenant à ce groupe enseigne à ses étudiants des valeurs telles que le dialogue, la tolérance, l’acceptation de l’autre et la coexistence ?!..." (6)
Parmi les signataires de la déclaration se trouvent des juges d’instance Le chroniqueur Muhammad bin Abdel Latif Aal-Sheikh écrit dans le quotidien saoudien Al-Jazirah : « Il n’est pas surprenant que seules 61 personnes, sur des millions de Saoudiens, ont signé une déclaration aussi extrémiste, irresponsable et corrosive que celle-ci. Il y a des extrémistes partout dans le monde. Nous ne sommes pas les seuls à en souffrir. Mais le point sur lequel je veux insister est que deux des signataires de cette déclaration sont des juges : Abdallah bin Nasir Al-Suleiman, juge de la Cour suprême de Riyadh, et Muhammad bin Suleiman Al-Mas’ud, juge de la Cour suprême de Jeddah, qui d’après la déclaration, exercent encore. Cela prouve la gravité de la situation dans nos institutions judiciaires. Nous [en sommes arrivés au point où] un juge - en qui le dirigeant a placé sa confiance et dont on attend, vu son rôle public, qu’il se montre objectif et reste en dehors d’une telle polémique, des partis et des coalitions politiques - entre dans [ces] coalitions... » (7)
L’Etat et le peuple ont décidé d’entrer dans le 21ème siècle par la « voie du milieu » Le chroniqueur réformiste Hussein Shubakshi écrit dans le quotidien londonien Al-Sharq Al-Awsat : "Publier des déclarations pour exprimer certaines positions est une étape positive en elle-même, sans aucun doute préférable au fait d’endosser une ceinture d’explosifs, de se filmer avant l’attentat et d’aller ensuite se faire sauter, emportant des civils innocents. Mais le problème apparaît dans toute son ampleur quand une déclaration inclut un mensonge explicite évident, une invention totale et une méprisable duperie. C’est exactement ce qui est arrivé avec la récente déclaration, publiée par un groupe [de gens] partageant la même vision extrémiste [du monde], qui veulent imposer leur approche de force, par une compréhension étroite et limitée de ce qu’ils considèrent être l’islam...
En ce qui concerne l’occidentalisation, le mieux est d’appeler un chat un chat. L’Etat et le peuple ont décidé d’entrer dans le 21ème siècle armés de la wasatiya [la voie du milieu] en matière de religion et de savoir. Qu’ils ignorent donc l’appel de ceux qui voudraient les enterrer dans des caves vieilles de centaines d’années !
Pour ce qui est de la walaa wal-baraa, à laquelle ils nous demandent d’adhérer : (8) ils ont leur propre approche, qui contredit la biographie du prophète Mahomet, lequel a mené un dialogue avec les chrétiens dans sa mosquée, et avait de [bonnes] relations avec ses voisins juifs. Il est surprenant qu’ils appellent à la walaa wal-baraa quand eux-mêmes conduisent des 4x4 américaines, s’appellent sur des portables faits en Finlande, en Amérique, en Corée, en Suède, au Japon, pour ne rien dire du fait qu’ils publient leurs idées sur des sites appartenant à des hommes de tous les groupes [humains], de toutes les couleurs et de toutes les religions..." (9)

L. Azuri est chargée de recherche au MEMRI

[1]<http://memri.org/bin/articles.cgi?Page=archives&amp ;Area=ia&ID=IA29406#_ednref1#_ednref1> http://www.islamlight.net/index.php?option=content&task=view&id=2640&Itemid=25
[2] <http://memri.org/bin/articles.cgi?Page=archives&amp ;Area=ia&ID=IA29406#_ednref2#_ednref2> Al-Sharq Al-Awsat (Londres), 30 mai 2006.

[3] <http://memri.org/bin/articles.cgi?Page=archives&amp ;Area=ia&ID=IA29406#_ednref3#_ednref3> La déclaration des 130 docteurs et cheikhs, publiée le 31 mars 2006, s’oppose à ce que les femmes travaillent en dehors de chez elles et plus généralement à l’égalité des sexes, affirmant que la sharia présente les hommes comme étant supérieurs aux femmes. Consulter la déclaration sur : http://www.islamlight.net/index.php?option=content&task=view&id=2519&Itemid=27
La déclaration des 14 docteurs, publiée le 28 janvier 2006, appelle les directeurs des écoles médicales à s’assurer que les étudiants hommes n’auscultent que des hommes et les étudiantes que des femmes. Consulter le texte de la déclaration sur :

http://www.islamlight.net/index.php?option=content&task=view&id=2627&Itemid=25
[4] <http://memri.org/bin/articles.cgi?Page=archives&amp ;Area=ia&ID=IA29406#_ednref4#_ednref4> Al-Watan (Arabie saoudite), le 4 juin 2006.

[5] <http://memri.org/bin/articles.cgi?Page=archives&amp ;Area=ia&ID=IA29406#_ednref5#_ednref5> ’Abd Al-Rahman Al-Lahem a représenté le Professeur ’Abdallah Al-Hamid, ’Ali Al-Damini et le Dr. Matruk Al-Falih, arrêtés le 16 mars 2004 pour agitation dans le but d’établir une monarchie constitutionnelle. Il sot été accusés d’avoir employé une terminologie occidentale dans leurs appels à la réforme politique. ’Abd Al-Lahem a été arrêté au début du mois de novembre 2004 pour avoir critiqué la conduite de l’affaire ; il a appelé publiquement à relâcher ses clients. Tous les quatre ont reçu l’amnistie du roi en août 2005. Al-Yawm (Arabie saoudite), le 9 août 2005.

[6] <http://memri.org/bin/articles.cgi?Page=archives&amp ;Area=ia&ID=IA29406#_ednref6#_ednref6> Al-Watan (Arabie saoudite), le 30 mai 2006.

[7] <http://memri.org/bin/articles.cgi?Page=archives&amp ;Area=ia&ID=IA29406#_ednref7#_ednref7> Al-Jazirah (Arabie saoudite), le 4 juin 2006.

[8] <http://memri.org/bin/articles.cgi?Page=archives&amp ;Area=ia&ID=IA29406#_ednref8#_ednref8> Al-walaa wal-baraa est un concept wahhabite signifiant « loyauté absolue entre musulmans et détachement absolu des musulmans hérétiques et des non-musulmans. »

[9] <http://memri.org/bin/articles.cgi?Page=archives&amp ;Area=ia&ID=IA29406#_ednref9#_ednref9> Al-Sharq Al-Awsat (Londres), le 6 juin 2006.



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