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A propos de l’extension de la « colonisation » en Cisjordanie
par David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international
Article mis en ligne le 5 octobre 2006

Le Monde daté du 6 octobre 2006 consacre presque une page entière à ce thème.
On ne peut certes pas considérer que les deux reportages, dus, pourtant, à deux journalistes différents, soient particulièrement « dignes de foi », eu égard à la source de ces informations.

Jusqu’à plus ample informer, ni « La paix maintenant », ni les habitants, « coiffés de la kippa tricotée des sionistes religieux » de certaines implantations ne font, encore, suivant l’expression, « la pluie et le beau temps », tant leurs prises de position manquent généralement de mesure.

Passons sur le fait qu’il apparaît quelque peu péremtoire - au risque de choquer certains internautes - de soutenir que « la Torah dit que cette terre appartient au peuple juif ».

Si juridiquement, la délimitation de frontières « sûres et reconnues » soulève de très sérieuses difficultés, plus de 58 ans après la création de l’Etat d’Israël, il est non moins évident que la référence au « Grand Israël, qui, devait, sans doute, à un moment donné de l’histoire s’étendre des portes de ce qui constitue aujourd’hui Le Caire jusqu’aux rives de l’Euphrate, est des plus imprécises.

N’oublions pas qu’à la fin de son histoire, le Royaume de Juda était limité aux environs de Jérusalem......

Nous ne contestons nullement que l’histoire puisse constituer un des fondements de la revendication légitime pour la renaissance d’un Etat juif.

Mais nous pensons, également, qu’il faut lui conserver une juste mesure.

Il ne sert à rien de citer la Déclaration Balfour de novembre 1917, évoquant la création d’un foyer national juif en Palestine, dont les contours ne devaient d’ailleurs être précisés qu’après la fin des hostilités de la Première guerre mondiale.

Certes, le (premier) partage de la Palestine auquel procéda la puissance mandataire en 1920-1922, pouvait laisser entendre que ce Foyer pourrait s’étendre de la Méditerranée jusqu’aux rives du Jourdain, tandis que le territoire situé à l’Est de ce fleuve constituerait un Etat arabe.

De fait, au lendemain de la seconde guerre mondiale, les représentants du Yichouv (à la différence, généralement oubliée des habitants musulmans du territoire et surtout des Etats arabes voisins) acceptèrent le partage auquel procéda, en novembre 1947, l’Assemblée générale des Nations Unies.

Et c’est ainsi que les deux Etats projetés avaient vocation à se partager l’étendue de territoire située en deçà du Jourdain, la Transjordanie, restant en dehors des limites de l’épure ainsi tracée.

N’oublions pas qu’à l’époque, les représentants du peuple juif, étaient même prêts à renoncer à Jérusalem, provisoirement du moins (une consultation de la population devant intervenir au bout de 10 ans).

Comme chacun sait, les Etats arabes n’ont pas accepté cette proposition raisonnable et n’ont cessé depuis 1948 d’attaquer, directement ou par terroristes interposés, l’Etat d’Israël.

On ne peut, évidemment, pas remettre les compteurs à zéro et faire abstraction des lourds sacrifices consentis par les Israéliens, depuis le 15 mai 1948, pour assurer la survie de leur Etat.

Il est illusoire d’imaginer que par un coup de baguette magique, la ligne de cessez-le-feu définie par les accords d’armistice conclus en 1949, puisse (malgré l’avis émis, en 2004, par les juges de la Cour internationale de justice, au mépris de la lettre et de l’esprit des textes), constituer la frontière internationale entre les deux Etats, l’un, luttant pour son existence depuis près de 60 ans, et l’autre, dont la création n’est apparue comme une nécessité qu’il y a moins de 40 ans.

Les gouvernements israéliens successifs, après l’offre généreuse immédiatement rejetée, après la Guerre de 6 jours par le sommet de Khartoum de la Ligue arabe, d’une restitution immédiate de tous les territoires contre l’établissement de la paix, ont généralement prôné, raisonnablement, des rectifications de la Ligne verte, délimitée en 1949.

Certes, selon les penchants idéologiques des chefs de gouvernement (ne parlons pas des positions adoptées par les partis de majorités généralement éphémères, plus attirés par les postes ministériels et les subventions que par des considérations politiques à long terme) l’étendue de ces rectifications prenait plus ou moins d’ampleur.

N’oublions pas, alors qu’ils furent, à un moment donné, des partisans d’un « Grand Israël que Menahem Begin eut la sagesse de restituer le Sinaï aux Egyptiens et qu’Ariel Sharon eut le courage de décider d’un désengagement unilatéral de la bande de Gaza envisageant également, dans un proche avenir, un « assez » large retrait de la Cisjordanie.

A première (courte) vue, les tragiques événements de cet été pourraient donner à penser qu’Israël aurait eu tort de quitter le sud Liban en 2000 et la Bande de Gaza, l’année dernière.

Mais, en réalité, ceux qui veulent, dans le monde arabo-musulman, la mort d’Israël ne sont prêts à prendre en compte aucune concession, émanant d’un ennemi dont ils veulent, purement et simplement, l’ « éradication », éventuellement, au terme d’une « trêve de longue durée ».

Pour en revenir au thème développé, de façon très partiale, par Le Monde , il serait temps que - ne serait-ce que pour éviter des harcèlements meurtriers comme en ont connu les implantations dans la Bande de Gaza, avant leur évacuation - que le gouvernement israélien se fasse obéir et qu’il mette fin, à ce qu’il faut bien appeler une « colonisation sauvage » ou « rampante ».

Rappelons qu’à différentes reprises comme elles s’y étaient d’ailleurs engagées, les autorités israéliennes ont procédé au démantèlement de campements illégalement installés.

Nous ne sommes évidemment pas en mesure de vérifier la véracité des chiffres avancés par « le « Mouvement la paix maintenant », qui a, d’ailleurs, une fâcheuse tendance à préférer trouver des oreilles complaisantes dans le monde qu’auprès de l’électorat israélien, pourtant seul compétent pour décider de l’avenir du pays.

C’est au gouvernement israélien de faire le point et d’assumer ses responsabilités.

Avant d’évoquer l’évacuation de certaines implantations, il y a lieu d’éviter d’aggraver la situation, par un comportement laxiste à l’égard d’une frange de la population, aveuglée par une idéologie idéaliste, mais peu réaliste.

Il y va de la crédibilité des dirigeants israéliens, dont il est parfois difficile de faire admettre, à l’opinion publique, la bonne foi, alors que les faits démontrent qu’il y a loin des paroles à la réalité.



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