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L’honneur perdu des Juifs de France
Shmuel Trigano
Article mis en ligne le 23 septembre 2016

Les Juifs de France ont-ils encore une dignité ? Elle tient à un fil : au bon vouloir d’Obama. Plus de 80 sénateurs américains viennent de lui écrire pour lui demander d’opposer un veto à l’« initiative française » auprès du Conseil de Sécurité.
Comme tout ce que raconte le discours orwellien du Pouvoir en France, cette initiative est qualifiée d’« initiative de paix ». « Qu’en de beaux mots ces choses-là sont dites ! »
C’est l’ultime coup de pied de l’âne, selon l’expression consacrée, que le Pouvoir socialiste s’apprête à donner à la communauté juive française après son vote à l’UNESCO dépouillant le judaïsme de ses droits sur le Mont du Temple et en faisant siens non seulement la prétention des islamistes israéliens et palestiniens mais aussi le narratif religieux exclusiviste d’une religion singulière (religion d’Etat ?).

Il y a là un parcours logique qui va du vote parlementaire en standing ovation reconnaissant un Etat de Palestine, à une menace de bannissement international d’Israël s’il n’obéït pas au diktat concocté par le Quai d’Orsay, en passant par le déni de la légitimité d’Israël à Jérusalem, en déligitimant donc expressément le narratif du judaïsme sur son histoire et son espérance.

Il y aurait beaucoup à dire de cet acharnement contre le sujet juif, si mis à mal en France depuis le début des années 2000. Et ce n’est pas fini. Nous sommes à la veille d’un réveil de l’effervescence de l’« antisionisme ». La chaîne Arte, tribune par excellence de l’idéologie postmoderniste de l’Union Européenne, passée maitresse dans l’art d’abaisser les uns -moralement ! - pour élever les autres, fourbit déjà des soirées consacrées aux « colons » en vue des 50 ans de la guerre des Six jours, comme pour réveiller une haine qui s’était assoupie, si l’on peut dire, sous les morsures des « loups solitaires », tandis qu’une campagne internationale se prépare avec le retour du spectre de JCall.

Il n’y a pas là un concours de circonstances. C’est un plan concerté où se mêlent des initiatives médiatiques et politiques coordonnées avec des Etats sur un plan mondial. Récemment a été révélée l’implication du milliardaire juif américain Soros dans l’activisme anti-israélien (pardon « pacifiste ») international et jusqu’au sein même de la société israélienne. Il y a dans le monde juif un courant, minoritaire mais puissant, annexe des élites internationales postmodernistes, qui milite résolumment contre la souveraineté d’un Etat juif, obstacle à sa prépondérance et sa proximité aux centres du pouvoir mondialisé. Comme nous en voyons les effets en France, cette idéologie s’arroge le privilège de la morale et a l’ambition d’incarner les « droits de l’homme » (ô Union Européenne !). Il ne faut pas se laisser impressionner par ce théatre au scénario éventé.

Pour revenir à la France, la surenchère électoraliste auprès de l’électorat musulman, par un parti bientôt chassé du pouvoir par les électeurs, ne suffit pas à expliquer totalement cet état de faits. Le haro sur Israël, la manipulation tous azimuths du signe juif jouent un rôle systémique dans la situation française si particulière. A preuve, le réveil artificiel permanent du conflit palestino-israélien scellé dans l’agenda permanent de l’Union Européenne... Quand les attentats semblent (illusoirement) se calmer, on ressort la « Palestine » ! C’est au fond logique car ce sont bien les Palestiniens qui ont inventé le terrorisme international dans les années 1960 et 1970 (bien avant la guerre des Six jours).

La question qui me préoccupe c’est de comprendre comment les Juifs français peuvent imaginer un présent et un avenir alors qu’ils avalent ces couleuvres sans mot dire. Sans mot dire ! Les réactions au vote à l’UNESCO furent à peine audibles sur le plan public alors qu’il y a là un enjeu symbolique absolument capital pour le judaïsme, un roc auquel il est impératif de ne pas renoncer. Ils ont sagement écouté les prétextes évanescents de leurs interlocuteurs officiels puis sont rentrés gentillement à la maison. Je n’ai entendu aucune parole forte. Aucun scandale sur la place publique n’est venu témoigner du « non possumus ».

Mais la réalité est la réalité. Les atteintes symboliques précèdent toujours les atteintes physiques. Les années 2000 l’ont vérifié. Qu’on ne l’oublie jamais !

Le pouvoir de la Parole et de la conscience est immense face à la lèpre idéologique, la maladie de la parole postmoderniste, qui a gagné toute les tribunes. « Lèpre » se dit en hébreu « dever », de la même racine que « davar » la parole.


  • A partir d’une chronique sur Radio J le vendredi 23 septembre 2016.


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