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Quand Le Monde réécrit l’histoire
par David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international
Article mis en ligne le 23 juillet 2006

On savait que le grand quotidien du soir n’avait pas l’habitude de présenter Israël sous un jour sympathique, mais de là à réécrire l’histoire, il y a un pas qu’André Fontaine, ancien directeur du journal et spécialiste de relations internationales, n’a pas hésité à franchir.

Dans le numéro daté du 22 juillet , dans son analyse consacrée à ce qu’il a appelé « La voie de l’acceptation mutuelle, André Fontaine soutient que « « , élu président, avait eu le temps, avant d’être assassiné, de refuser à Menahem Begin la signature d’un traité de paix ».

Or, de fait, le malheureux président libanais, assassiné, en septembre 1982, sur ordre de la Syrie moins d’un mois après son élection, n’avait pas eu le temps de concrétiser un accord de paix avec Israël, bien qu’il ne fût nullement opposé à Israël (ce qui explique sans doute son assassinat).

Menahem Begin, lui-même, souhaitait établir la paix avec Bechir Gemayel et la citation qu’attribue André Fontaine à Bechir Gemayel (« Le vieux m’a traité comme un bell-boy ») est tout à fait étonnante.

Il est évident que quelques semaines ne suffisaient pas à formaliser un traité de paix, qui, finalement sera, quand même signé, en mai 1983, par le frère de Bechir, Amin, qui lui avait succédé à la présidence.

Cette signature était d’autant plus significative de l’état d’esprit des dirigeants libanais de l’époque qu’Amin, à la différence de Bechir, était, personnellement, beaucoup moins favorable à Israël.

Ce traité était conclu sur le modèle de celui, signé en 1979, avec l’Egypte ;

Mais, la Syrie « veillait » et fit en sorte que le Liban ne ratifie pas le traité, qui n’entra donc pas en vigueur.

La raison essentielle de l’opposition de la Syrie à ce traité était qu’il prévoyait le retrait de toutes les troupes étrangères du territoire libanais.

Israël, entré au Liban en 1982, était évidemment tout prêt à retirer ses troupes dès lors qu’un traité de paix était conclu, mais le voisin syrien n’entendait nullement en faire de même.

Rappelons, d’ailleurs, que ce n’est qu’en 2005 que les troupes syriennes ont officiellement été retirées du Liban.

En mai 1984, le gouvernement Karamé décida l’« abrogation » de ce traité, décision stupide, car on n’abroge pas un acte juridique, qui n’est jamais entré en vigueur.

Il est, donc, surprenant que l’analyse d’André Fontaine passe totalement sous silence la signature d’un traité de paix israélo-libanais, même s’il est vrai qu’il n’a pas été ratifié.

Il y a de nombreux exemples de traités qui sont signés et jamais ratifiés : traités de paix de 1919 non ratifiés par les Etats-Unis, traité sur la CED, non ratifié par la France, en 1954, sans parler du traité établissant une Constitution pour l’Europe, non ratifié par la France en 2005.

La signature - si elle n’engage pas un Etat - manifeste, cependant, une intention, pour les représentants de cet Etat, de vouloir s’engager.

Concrètement, Amin Gemayel, pourtant moins proche d’Israël que son frère, avait manifesté cette intention, ce qui montre bien que, contrairement, à la thèse d’André Fontaine le Liban n’a pas toujours été hostile à Israël.



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