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Comparaison n’est pas raison : Balkans et Moyen-Orient
David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international
Article mis en ligne le 18 juillet 2006

Dans son éditorial des 16-17 juillet, Le Monde, se réfugiant sous l’anonymat d’un « ancien haut diplomate israélien », semblait reprendre à son compte l’idée d’un appel à « une intervention de la communauté internationale, comme dans les Balkans, où, (disait-il), Américains , Européens et même Russes finirent par agir de concert ».

Il n’est pas certain que cette comparaison soit justifiée.

Tout d’abord, l’affaire des Balkans - de fait, le sort de l’ex-Yougoslavie communiste - a illustré, si besoin était, l’inexistence de l’Europe, qui a dû faire appel aux Etats-Unis et aux Nations Unies pour trouver une solution, toute provisoire d’ailleurs.

La France ayant joué la carte de la Serbie et l’Allemagne celle de la Croatie, la porte était ouverte à la désagrégation de l’entité, artificiellement, créée au lendemain de la première guerre mondiale et maintenue, sous la férule communiste, après 1945.

Ensuite, les résultats, du moins à l’heure actuelle, sont loin d’être probants.

La viabilité, ne serait-ce que du point de vue économique, des 6 Républiques désormais indépendantes est loin d’être assurée, à en juger par l’équilibre instable existant entre les différentes communautés qui constituent, par exemple, la Bosnie.

Celles-ci, risquent d’être tentées par l’exemple du Monténégro, qui vient de faire sécession de la Serbie.

Mais, surtout, l’avenir du Kosovo, toujours théoriquement partie intégrante de la Serbie, mais administrée internationalement par l’ONU, est loin d’être réglé.

De sorte que cette nouvelle « balkanisation » de la région risque donc d’être la source de nouvelles tensions, comme en témoignent, par exemple, les velléités de la population musulmane du Kosovo non seulement de s’ériger en entité indépendante, mais aussi de constituer, avec la Macédoine, une grande Albanie,

. Certes, la les Balkans présentent, du point de vue sociologique, un point commun avec le Moyen-Orient.

Dans les Balkans, il existe une diversité de cultures (catholique, orthodoxe et musulmane), comme au Moyen Orient, où devraient pouvoir coexister Juifs et Musulmans (les chrétiens étant largement minoritaires).,

Mais il nous semble que jusqu’à présent, dans les Balkans, mis à part une timide tentative à propos de la Bosnie, le monde musulman n’a pas pris fait et cause pour ses coreligionnaires et en tout cas n’a pas englobé cette région dans un affrontement avec l’Occident.

La situation est tout autre au Moyen-Orient, où on assiste, depuis des années, indépendamment même du droit à l’existence de l’Etat d’Israël, à une revendication du monde musulman sur l’ensemble de la région, considérée comme Dar-el-Islam (terre d’islam).

Nous en voulons pour preuve les vicissitudes de l’Etat libanais, qui, nous l’avons déjà évoqué ici même à différentes reprises, est miné de l’intérieur et de l’extérieur par le monde musulman.

Car, l’emprise syrienne, en dépit du retrait de ses forces militaires l’an dernier, est encore perceptible, par personnes interposées.

Il nous apparaît que la distinction faite par Le Monde, du même jour, en page 3, entre les conflits israélo-palestinien et israélo-libanais » est tout à fait artificielle.

De fait, au risque de nous répéter à nouveau, nous avons toujours considéré que le véritable conflit opposait Israël au monde musulman, qui déborde - le cas de l’Iran l’illustre - le seul cercle des Etats arabes.

Le conflit israélo-palestinien n’est, à nos yeux, qu’un épiphénomène d’un conflit plus vaste et qui n’aurait jamais pris ces proportions en l’absence du soutien logistique du monde musulman.

Il en est de même du conflit israélo-libanais qui, pour la Syrie et l’Iran, devrait permettre « d’une pierre, deux coups » en réglant à la fois le « cas » d’Israël et celui du Liban.

Il s’agit d’empêcher, à la fois l’existence d’un Etat foncièrement non-musulman et celle d’un autre Etat, où la composante musulmane ne serait pas dominatrice.

Il est vrai que certaines divergences semblent se faire jour au sein du monde arabe.

Ainsi, le grand quotidien du soir évoquait certaines déclarations faites à Ryad (l’Arabie saoudite dénonçant « l’aventurisme irresponsable » du Hezbollah) ainsi qu’au Caire et à Amman, où on met en cause « les aventures qui ne servent pas les intérêts et les causes arabes ».

Ne craint-on pas - à juste titre - les conséquences d’un certain impérialisme de l’Iran, drapé sous la bannière d’un islamisme conquérant et déstabilisateur ?

Nous pensons que la recrudescence du conflit contre Israël, au sud et au nord, a, certainement, été voulue par l’Iran, qui cherche à occulter les préoccupations légitimes du monde occidental face au danger potentiel que constitue le développement de ses recherches nucléaires.

Le seul point sur lequel nous rejoignons l’éditorial du Monde, sur lequel nous avons débuté cette réflexion, c’est qu’effectivement « la communauté internationale paraît plus impuissante que jamais ».

Le remède n’est certainement pas un développement du conflit, mais un cessez-le-feu qui serait brutalement imposé (comment d’ailleurs ?) en laissant 3 soldats israéliens - même si ce chiffre paraît faible mais ô combien symbolique - constituerait la pire des solutions, car de nature à encourager une récidive.

Et - amère constatation - on est en droit de se demander si les concessions israéliennes - que nous avons toujours estimées nécessaires - n’ont pas encouragé les extrémistes à intensifier le combat.

N’oublions pas que le retrait unilatéral israélien du Liban, en 2000, a été considéré comme une victoire par le camp des ennemis d’Israël, d’où le déclenchement de le seconde intifada.

Et le retrait de la Bande de Gaza, en 2005, a été interprété de la même manière d’où les initiatives jugées cependant « aventureuses », c’est le moins qu’on puisse dire, du Hamas et du Hezbollah depuis quelques semaines.

Il n’est pas neutre, non plus, de relever que ces tragiques événements se situent dans le contexte d’un nouveau retrait unilatéral annoncé par Ehoud Olmert.

Comme si Israël qui, lui, a toujours été conscient qu’il avait intérêt à vivre en paix, ne devait pas faire face à un monde environnant où le statu quo de guerre larvée constitue un moyen de camoufler les rivalités entre Etats musulmans, unis contre lui.

Il est temps que le monde arabe, au moins, cesse de faire de son hostilité à Israël le seul ferment de son unité de façade.

Et si la solution du conflit résidait moins dans les mains des dirigeants du monde occidental que dans celles des Etats arabes qui devraient réagir fermement contre les « aventuriers » ou du moins les priver de tout soutien logistique



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