Boker tov amis auditeurs de Radio J. Comme le craignaient les autorités israéliennes depuis plusieurs semaines, un attentat selon le même mode opératoire que ceux commis en France, a été perpétré à Tel Aviv par un arabe israélien, avec une arme enregistrée en Israël. L’ensemble des éléments de cet acte meurtrier n’est pas encore connu, en revanche on peut d’ores et déjà en analyser quelques aspects à la fois inquiétants et déroutants.

Le terroriste, comme de nombreux arabes israéliens travaillait depuis des années dans un des quartiers résidentiels du nord de Tel Aviv, Ramat Aviv et avait toujours entretenu d’excellentes relations avec ses employeurs et ses clients. Il possédait une connaissance parfaite de la ville, de ses immeubles, ses cours, ses jardins, ses chantiers et ses artères principales, qui lui ont permis de bien préparer son acte et sa fuite.

A ce jour rien ne permet d’affirmer que le tueur avait des liens avec Daech, ni même qu’il avait entamé un processus de radicalisation. Ce qui inquiète dans cet attentat c’est à la fois la facilité avec laquelle le terroriste a mis son plan en exécution et l’inefficacité des services de sécurité, généralement très réactif en Israël dans ce genre de situations. Déroutant la présence d’armes de guerre, même si celle qui a été utilisée dans ce cas précis est assez ancienne, au sein de la population arabe israélienne.

Ce phénomène n’est pas nouveau mais, dans le contexte actuel, il soulève de nombreuses interrogations. Jusqu’à présent ces armes ont servi dans des affaires criminelles, et il serait grand temps que les services de sécurité mettent la main sur cet arsenal, avant qu’il ne parvienne aux mains de musulmans radicalisés.

Alors que le gouvernement venait d’adopter un plan de soutien aux minorités défavorisées en Israël pour un montant de 10 Milliards de shekels, afin de permettre de combler le fossé économique, social et éducatif entre Juifs et Arabes, cet attentat tombe au pire moment et risque de mettre en péril ce programme. En dépit des provocations constantes des partis arabes à la Knesset, qui encourage les agressions contre Israël à Jérusalem et en Judée-Samarie, le pouvoir avait décidé de séparer l’aspect politique du problème des autres aspects, mais l’attitude ambigüe des partis arabes ne va pas faciliter les choses. En effet, les Arabes israéliens ne peuvent pas d’un côté se présenter comme des citoyens victimes de discrimination réclamant des droits et des budgets à l’Etat d’Israël et d’un autre côté considérer qu’ils n’en font pas vraiment partie parce que c’est un Etat juif.

Israël a longtemps, pour de nombreuses raisons, fermé les yeux sur ce double langage. Au lendemain de ce grave attentat, dont il faut espérer qu’il est l’acte d’un loup solitaire et non d’une organisation structurée, les Arabes ne vont plus pouvoir tergiverser trop longtemps en évoquant la démocratie, la liberté d’expression et le droit de critique pour justifier ce qui, dans tout autre pays, serait considéré comme une forfaiture. Si les dirigeants des partis arabes en Israël veulent remplir leur rôle, c’est-à-dire représenter leurs électeurs et améliorer leur quotidien, ils doivent se démarquer du terrorisme et le condamner fermement comme la majorité de leurs compatriotes. Le combat contre l’islam radical doit être aussi le leur.