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Manuel Valls : l’« apaisement » des Juifs
Shmuel Trigano
Article mis en ligne le 4 septembre 2015

« Je refuse que les Juifs de France puissent avoir peur et que les musulmans se sentent stigmatisés dans ce pays. Je veux dire ici notre estime, notre solidarité et notre volonté de les protéger. Ils sont aussi la France ». Et dans le twitt de France-info en direct, on pouvait lire cette version :« Tant que les Juifs ne se sentiront pas apaisés en France, la République ne pourra pas l’être ».

Ce passage du discours de Manuel Valls à l’Université d’été du PS ne lasse pas d’inquiéter. Il démontre qu’au sommet de l’Etat on n’a toujours pas compris la situation, à moins que, pour des raisons politiques, on ne puisse pas la reconnaître pour ce qu’elle est concrètement.

Je ferai deux remarques.Tout d’abord le registre terminologique du jugement de Manuel Valls : parler de « peur », de « stigmatisation », d’« apaisement », c’est tout simplement renvoyer les Juifs à leurs humeurs de grands sentimentaux angoissés, là où il y a une crise gravissime qui concerne un Etat qui ne peut assurer la sécurité d’une partie des citoyens, une crise qui concerne la société d’où émanent des djihadistes incontrôlables mais aussi un discours qui a adopté la cause palestinienne au point de donner un sauf-conduit à l’animosité envers les Juifs.

Ce que demande les Juifs ce n’est ni compassion ni reconnaissance mais tout simplement la sécurité qu’un citoyen lambda est en droit d’exiger d’un Etat démocratique.

Or dans le même discours on peut avoir l’impression que les Juifs sont effectivement tenus à part. Dire qu’« ils sont aussi la France » souligne qu’ils pourraient ne pas l’être. C’est de la même mouture de pensée que « les Français innocents » de Raymond Barre, quoique bien plus sympathique.

Parler de « solidarité » et de « protection », c’est bien beau mais on a l’impression que leur sort n’est pas celui de toute la France. L’armée omniprésente dans les villes démontre au contraire qu’il s’agit d’une guerre ( ce que déclare sans cesse le pouvoir mais sans désigner l’ennemi) mais quelle guerre, sinon civile ?

Quant à réunir Juifs et musulmans dans le sentiment de stigmatisation, c’est tout de même un problème quand toutes les agressions antijuives sont perpétrées au nom de l’islam et de la Palestine. On croirait entendre la ritournelle des « tensions intercommautaires » d’il y a 15 ans, là où il y a antisémitisme.

On pouvait croire que le discours musclé de Manuel Valls - comme hier de Sarkozy - apporterait un new deal dans le traitement de la grave crise de la France mais nous constatons que l’esprit qui souffle sur les élites du pouvoir a quinze ans de retard. Si le gouvernement socialiste a fait un effort sécuritaire incontestable, il avoue ainsi son incapacité à résoudre le problème politique et social. La compassion sentimentale pour les Juifs en serait-elle l’écran avantageux ?


  • Tribune sur Radio J du vendredi 4 septembre 2015.


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