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Ne tenez pas les US pour acquis !
Par Jonathan Tobin - Jewish World Review - Adaptation française de Simon Pilczer, volontaire de l’IHC
Article mis en ligne le 6 juin 2006

Malgré les applaudissements à Olmert, il ne doit pas compter sur un soutien américain inconditionnel
_ Ehud Olmert est sorti de sa première réunion avec le Président Bush rayonnant comme si le conclave n’avait pas pu être plus à son goût.
_ Le large moment de face à face qu’il a eu avec le résident du 1600 Pensylvania Avenue et les ovations qu’il a reçues lors de son discours au congrès la semaine dernière sont mises en avant comme un triomphe personnel pour lui et son nouveau gouvernement.

Olmert a souhaité faire suivre le succès de sa visite à Washington en visitant l’Europe, ainsi que l’Egypte, pour rallier un soutien international à son plan de « réalignement » (dénommé formellement plan de « convergence », et avant cela, simple retrait unilatéral) selon lequel il propose de se retirer de parties de la rive occidentale et ainsi de dessiner les frontières d’Israël sans l’accord des Palestiniens.

Mais avant même que les échos des applaudissements du congrès au discours prévenant d’Olmert se soient dissipés, son rival dans l’amour et les largesses américains a fait une déclaration qui a démontré combien la marge d’erreur du Premier Ministre est étroite à ce jeu.

GONFLER SON BALLON

Deux jours après le tête à tête d’Olmert avec Bush, le président de l’Autorité Palestinienne Mahmoud Abbas a proclamé devant la presse internationale qu’il soumettrait à référendum une proposition d’Etat palestinien reconnaissant Israël, si le parti Hamas, à la tête du gouvernement, refusait d’accepter le plan dans un délai de dix jours.

Abbas est une personnalité marginalisée au sein de son gouvernement et de son peuple. Mais malgré cela, tout ce qu’il lui a fallu, ça a été de prononcer quelques mots magiques - et une grande partie de l’air est ressorti du ballon gonflé après le sommet d’Olmert à Washington.

Ce qu’Abbas a fait, ça a été d’endosser un soi-disant plan de paix concocté par un comité de membres du Hamas et du mouvement d’Abbas, le Fatah, purgeant actuellement de longues peines dans les prisons israéliennes pour des meurtres terroristes. Mais, malgré le fait qu’ils pouvaient en tracer les contours tout à loisir, tout ce que les prisonniers ont fait, ça a été d’adopter un plan de « paix » identique à celui lancé par les Saoudiens en 2002.

Le plan saoudien était une mystification lancée pour contrer toute la mauvaise presse qu’ils recevaient dans les mois suivant le 11 septembre. Avec la connivence de Thomas Friedman du ’New York Times’, qui donna à la proposition le retentissement d’un scoop dans son éditorial, les Saoudiens parvinrent à convaincre quelques Américains qu’un plan qui appelait Israël à se retirer sur les lignes d’armistice de 1949, acceptait le « droit de retour » palestinien - le détruisant en tant qu’Etat juif - en échange d’une reconnaissance de facto, était un pas vers la paix plutôt que davantage de guerre.

Israël rejeta légitimement l’idée sur le moment, et fera encore de même sans aucun doute. Mais cela n’arrêta pas la presse internationale, ainsi que certains activistes pacifistes juifs américains, de le considérer non seulement comme un signe de la ’modération’ d’Abbas, mais comme une réelle ouverture vers la paix qui devrait déborder l’unilatéralisme d’Olmert.

On ignore si le gambit d’Abbas lui offrira plus qu’un avantage tactique momentané à la fois contre le Hamas et Olmert. Mais ce qu’il illustre, c’est la très grande précarité de la position d’Olmert dans le bon vouloir international.

Après tout, le prix qu’il a eu à payer pour la chaude réception reçue à la Maison Blanche a été de donner son accord pour cesser de dire au monde que Abbas n’était pas un partenaire de négociation, et avait prouvé qu’il n’était pas intéressé à des progrès vers la paix. Mais Abbas, en dépit de son absence de volonté d’utiliser la moindre des forces considérables à sa disposition pour arrêter les attaques contre Israël, peut encore compter sur davantage de soutien ici [aux USA] qu’Olmert ne semble le comprendre.

Olmert agit comme si ses plans seront réalisés, quoiqu’il puisse arriver d’autre. Ceux d’entre nous qui croient que tout dirigeant d’Israël démocratiquement élu a droit à plus que le bénéfice de l’espoir du doute, peut espérer qu’il a raison. Mais les Israéliens devraient se soucier de la raison pour laquelle, contre tout bon sens, Abbas est toujours assis sur le trône proverbial quand il s’agit d’équilibre à Washington.

DEMANDE D’AIDE

Tout d’abord, malgré l’affection évidente et profonde de George W. Bush pour l’Etat d’Israël et le pouvoir très vanté du « lobby » pro Israël, Washington a encore un plus gros chat à fouetter que les ambitions d’Olmert en vue d’une résolution relativement rapide des problèmes d’Israël dans les territoires.

Olmert veut (bien qu’il n’ait pas eu la chutzpah [insolence en yiddish, ndt] de le demander pendant ce voyage) quelques 10 milliards de $ supplémentaires d’aide pour couvrir les coûts de la réalisation du déracinement de quelques 70.000 Juifs vivant dans des lieux dans les territoires que le gouvernement envisage de rendre lors du prochain round des retraits, ainsi que pour leur réinstallation ailleurs en Israël.

Mais les Israéliens doivent se rappeler que l’Amérique dépense plus d’un milliard par semaine en Irak. Et cependant, en dépit des supplications de nos « alliés » arabes et européens, Bush a refusé de laisser tomber Israël en retour de davantage de soutien en Irak. Il est très improbable qu’il fera quelque chose qui soulèvera davantage de colère dans le monde arabe que ce dont nous avons déjà souffert. Ce qui veut dire que les membres du parti Kadima d’Olmert, qui croient vraiment que les Etats Unis - ne parlons pas de l’Europe - soutiendront des frontières dessinées unilatéralement, ne devraient pas trop retenir leur respiration en attendant une telle déclaration.

Ensuite, l’une des principales audiences où les ouvertures d’Abbas jouent à merveille se trouve parmi les Juifs américains. Paradoxalement, à l’opposé du cœur des partisans aussi bien dans les caucus Républicains et Démocrates au congrès, qui ont non seulement applaudi Olmert la semaine dernière, mais ont voté une loi appelant à de lourdes restrictions à l’aide aux Palestiniens que la Maison Blanche jugeait trop dure, beaucoup de Juifs américains sont plus enclins à donner une chance au Hamas.

L’opposition bruyante de certains groupes de gauche juifs, dont « Israel Policy Forum » (à qui Olmert à dévoilé ses plans de retrait lors d’un dîner l’an dernier) contre la législation demandant l’arrêt de l’aide à l’AP dirigée par le Hamas, devrait être un appel au réveil, sur le fait qu’il ne peut compter sur un soutien juif solide à l’unilatéralisme. L’accueil offert au « plan de paix » des prisonniers dans la presse devrait renforcer l’avertissement.

Mais plutôt que de répondre au défi de la gauche aux USA, Olmert et son peuple sont encore bien plus intéressés à écraser les chicaneries persistantes qu’ils entendent encore de la part de ceux qui s’opposent à tout retrait. C’est bien compréhensible dans le cadre de l’amère bataille qu’Olmert a conduite contre la droite, d’abord à l’intérieur du Likoud, puis lors de l’élection générale qu’il a gagnée cette année à la tête de Kadima.

Mais on ne peut nier le fait que, quel que soit le territoire supplémentaire que le gouvernement est prêt à abandonner, il demeurera un puissant chœur aux USA et en Europe exigeant davantage. Si ce plan de « réalignement » était vraiment exécuté, il sera suivi de nouvelles protestations destinées à obtenir qu’Israël se retire plus loin jusqu’aux lignes d’armistice de 1949, incluant celles de Jérusalem.

Et la chose dont il devrait le plus se soucier alors sera le glissement dans le soutien juif à Israël, même à un Israël engagé dans des retraits massifs.

Plutôt que de perdre son temps à essayer d’obtenir un soutien international qui ne viendra jamais, peut-être Olmert devrait-il concentrer davantage ses efforts pour arrêter l’hémorragie dans la communauté pro Israël. Des tapis rouges à Londres et à Paris ne sont pas des substituts pour le terrain abandonné à Abbas et au Hamas sur place.


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