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La stratégie de l’activisme antijuif en provenance du monde arabe
Shmuel Trigano
Article mis en ligne le 28 juin 2015

Depuis la conférence de Durban, l’accusation de racisme lancée contre Israël devient un motif majeur de la guerre idéologique lancée contre les Juifs dans leur ensemble par les activistes en provenance du monde arabo-musulman. Cette accusation, il faut bien en mesurer la finalité, est davantage destinée à éveiller l’antisémitisme des Occidentaux qu’à justifier l’attaque antijuive à laquelle l’accusation de « racisme » donnerait un cachet de moralité . C’est en effet un trait permanent de l’antisémitisme classique que d’attaquer les Juifs pour leur supposée criminalité. En tel cas, ils ne sont plus identifiés à des parasites ou à des rats, comme avec les nazis, mais à des racistes.

C’est là un tribut à l’idéologie postmoderniste dominante en Occident, dont la mythologie fait de l’apartheid sud africain la cible historique de l’antiracisme. L’accusation de racisme a ainsi pour unique objectif de mettre Israël, et les Juifs en premier, au ban de leur milieu naturel, à savoir l’Occident : Israël d’un côté, l’Organisation de la Coopération Islamique, de l’autre, soient une soixantaine d’Etats qui font la pluie et le beau temps à l’ONU. L’enjeu de la manipulation est l’Occident : fera-t-il cause commune avec la meute meurtrière ? Mis au ban du monde arabo-musulman, les Juifs seraient alors au ban de leur repli coccidental, une heure avant leur extermination.

Pour la petite histoire, ce boycott antijuif n’est pas inédit : il fut mis en œuvre pour la première fois avec le nazisme, puis le nationalisme arabe, puis le stalinisme : ces deux derniers boycotts frappant (comme aujourd’hui) les Juifs locaux au nom de l’« antisionisme ».

La nature de la manipulation

Il faut analyser la nature de la manipulation (rhétorique et symbolique) qui fonde l’argument de « racisme » d’abord chez les Palestiniens - puisque ce sont eux qui dirigent le BDS mondial depuis Ramallah (à 15 mn de Jérusalem et dans la passivité accablante de l’Etat d’Israël !) - et plus largement dans le monde arabe y compris en Europe car ce trait y est très répandu, spécialement en France.

L’OLP, à la tête de ce boycott, accuse Israël d’être raciste dans son essence et son existence mêmes. Pour ne pas conférer à cette accusation une quelconque vérité intrinsèque, il faut la mettre en perspective en se posant la question de savoir qui la profère ? La future constitution du mirifique « Etat de Palestine » nous le dit. Elle présente en effet toutes les caractéristiques d’une définition raciste et discriminatoire de son identité légale. L’Etat de Palestine est défini comme « arabe » et de « droit islamique » , un Etat donc ethnico-religieux. De façon très cohérente, elle prévoie un statut spécial pour ceux qu’elle désigne comme les « monothéïstes », une résurgence en fait de la vieille catégorie des dhimmis, promis à une citoyenneté de seconde zone, ne bénéficiant pas de l’égalité des droits et sous tutelle des musulmans . Une attitude que confirment, de facto, les Arabes palestiniens chrétiens qui s’enfuient déjà en masse des territoires sous administration de l’Autorité Palestinienne, le reste de la Judée-Samarie étant voué à être « judenrein » par la même Autorité qui avoue ouvertement qu’elle ne veut pas ni ne voudra de Juifs dans son territoire supposé , alors qu’en Israël, 20% de la population est arabe et jouit des droits de la citoyenneté. Il est vrai que l’Autorité Palestinienne n’est pas « raciste » puisqu’elle demande le droit au retour dans l’Etat d’Israël de plus de 5 milions de pseudo-réfugiés qui feraient de l’Etat juif un Etat définitivement... arabo-musulman ! C’est ce qui est appelé dans le langage manipulatoire des fervents de la Palestine : la « paix ».

Le même modèle est mis en œuvre par les Arabes israéliens, et crescendo avec la création aux dernières élections de la « Liste arabe unifiée » qui rassemble tous les partis arabes, strictement arabes d’Israël, toutes idéologies confondues, des communistes aux islamistes. De la tribune de la Knesset, ils accusent leur propre Etat de racisme alors qu’eux mêmes ont mis sur pied une liste ethnique et islamique (il y a en effet un parti djihadiste à la Knesset ! ) et alors qu’ils refusent toute identification avec les symboles de la nation israélienne (hymne national, identité collective, langue) dont ils sont les citoyens, en se comportant comme une minorité irrédentiste et sécessioniste, qui en appellera demain, n’en doutons pas, aux instances internationales contre leur propre Etat. La Liste arabe unifiée a ouvert un front de guerre civile en Israël et elle projette d’ameuter contre l’Etat d’Israël les « idiots utiles » du monde occidental sans oublier ceux d’Israël. On peut en prendre la mesure avec la crise à venir très prochainement de la « Troisième flotille » dans laquelle se trouve un député arabe israélien.

La même chose est vraie en France et en Europe de l’Ouest. Le refus d’intégration et d’assimilation des populations immigrées originaires du monde arabo-musulman dans les pays d’adoption est construit par leurs activistes comme « racisme » et « islamophobie ». L’époque historique que nous vivons permet ici aussi de mettre cette accusation en perspective et de lui donner son véritable relief. C’est une époque qui fait suite à la décolonisation. Or celle ci a vu se produire une séparation ethnico-religieuse, d’autres parleraient d’épuration ethnique, aux dépens de tous les non musulmans ( en premier lieu les Juifs, aujourd’hui les Arabes chrétiens) qui ont du quitter les pays arabo-musulmans qui devenaient indépendants, dans la spoliation la plus totale. C’est ce partage qui est remis en question aujourd’hui avec l’idéologie postcolonialiste (annexe du postmodernisme) d’une mouvance comme les « Indigènes de la République » qui accuse les ex-métropoles de racisme envers les ex-colonisés qui, au lieu de prendre en charge leur indépendance, ont suivi l’ancien colonisateur mais en l’accusant toujours de « colonialisme »... à domicile.

Dans tous ces cas de figure, le même modèle opère : la situation réelle se voit entièrement retournée contre la cible : on accuse l’autre de ce dont on est coupable soi même, avec obscénité , on lui « taille un costard », en retournant une situation réelle qu’on peut définir comme l’intolérance et le racisme objectif des accusateurs. Cette manipulation est efficace car elle travaille le sentiment de culpabilité absolue que le postmodernisme a contribué à diffuser en Occident.

Le mythe de la Nakba est sans doute le chef d’œuvre de ce type de manipulation : il transfigure en passion victimaire et sacrificielle une guerre d’extermination des Juifs lancée par 5 Etats arabes et leurs supplétifs palestiniens contre le nouvel Etat d’Israël, un projet d’épuration ethnique en somme, pour s’emparer de territoires, avec pour deuxième détente de cette manipulation, l’occultation de la réelle épuration ethnique vécue par un million de Juifs du monde arabe au moment des indépendances (1940-1970).

La leçon à tirer

La leçon à tirer pour ceux qui luttent contre le boycott, c’est de ne surtout pas entrer dans le jeu des boycotteurs à savoir de se justifier. « Droit international », « traités », « faits historiques », tout celà, cest du pipeau face à la violence et au caractère ultime de l’attaque qui, dans son code génétique, programme à nouveau la destruction « morale » des Juifs. C’est l’enjeu absolu pour le peuple juif. Il faudrait tout simplement que les acteurs juifs répondent enfin en se situant à hauteur de l’attaque qu’ils subissent. C’est un corps à corps idéologique qui s’impose.

Quelle est la parade suprême ? Cibler la réalité et la turpitude de l’agresseur, lui renvoyer son image et la stigmatiser sur toutes les scènes de l’Occident autant sinon plus que l’agressé est stigmatisé dans le fondement même de sa légitimité. Celà ne devrait pas être difficile aujourd’hui tant l’évidence du monde arabo-musulman apparaît de plus en plus clairement aux yeux de toute la planète.

Le seul problème, c’est que cette volonté stratégique n’existe encore pas dans le leadership juif et israélien qui n’est pas à la hauteur (on verra ce que fera la nouvelle majorité) et que les pouvoirs occidentaux font tout pour en empécher les Juifs.

La passivité des Juifs, pourtant premières victimes désignées, leur apologie permanente de la coexistence pacifique sont la caution de leur gestion illusoire et nécessairement catastrophique de la situation. Nous avons un exemple immédiat sous les yeux avec la « réaction » de François Hollande au dernier attentat : il n’a pas une fois nommé l’ennemi, l’islamisme.



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