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Pessah au ’’Monde’’ : feu sur les Juifs
Par Luc Rosenzweig © Metula News Agency
Article mis en ligne le 15 avril 2006
dernière modification le 17 avril 2006

« Oyez ! Oyez ! braves gens : en Israël comme en France, les Juifs, c’est racistes et compagnie ! »

Ce n'est pas de gaîté de coeur, je l'avoue, qu'après avoir pris le rédacteur en chef du Monde Sylvain Cypel en flagrant délit de manipulation sémantique, il me faille revenir, une semaine plus tard, sur de nouveaux méfaits commis par le quotidien du Boulevard Auguste Blanqui. Mais qui aurait pu penser que l'édition de ce journal parue le 13 avril, et datée du 14 avril, c'est-à-dire au cœur des fêtes de la Pâque juive, soit délibérément axée sur le thème : "Oyez ! Oyez ! braves gens : en Israël comme en France, les Juifs, c'est racistes et compagnie !" ? Deux articles, et pas des articulets cachés en fond de journal, mais affichés en tête de la page "Opinions" et de la prestigieuse page "Horizons", – où Le Monde met en valeur les enquêtes originales de ses collaborateurs – sont consacrés à la défense et à l'illustration de cette thèse d'un racisme inhérent au sionisme en Israël, et s'infiltrant dans les rangs de la jeunesse juive de France.

 

Le premier [lire l’article] a pour auteur Shlomo Sand, professeur d'histoire contemporaine à l'université de Tel-Aviv et s'intitule « Est-on trop indulgent envers Israël ? ». Un questionnement, on s'en doute, purement rhétorique, puisque cet universitaire, spécialiste d'histoire française du début du 20ème siècle, fait partie de ce quarteron d'intellectuels israéliens francophones dont la principale, sinon l'unique préoccupation actuelle, est de persuader l'opinion française de la nocivité intrinsèque d'un projet national juif d'essence "ethniciste", mot savant pour traiter de racistes ses contradicteurs.

 

Comme l'évolution des événements sur le terrain – évacuation de Gaza, projet de désengagement d'une grande partie des implantations de Cisjordanie, refus réitéré du Hamas de reconnaître l'Etat d'Israël – provoque un certain désarroi dans le camp des adorateurs français de feu Yasser Arafat, quoi de mieux qu'un bon Israélien antisioniste pour vous ramener au bercail israélophobe ? Cela vaut dix éditoriaux contournés à la manière du Monde ! Il faut dire que Shlomo Sand ne s'embarrasse pas de nuances pour faire sienne la rhétorique du Hamas et renvoyer sur l'Etat juif la responsabilité du blocage actuel des négociations. La prise en compte de la démographie dans le renoncement, par la droite israélienne, au projet du "Grand Israël' est à ses yeux tout aussi moralement condamnable que la poursuite d'une occupation "colonialiste" des Territoires.

 

On voit bien où Shlomo Sand, comme ses amis post et antisionistes Ilan Pappé, Idith Zertal ou leur clone français Sylvain Cypel veulent en venir : condamné à la dégénérescence "ethniciste", le sionisme de Théodore Herzl, visant à créer un Etat des Juifs – que même un Jabotinski ne concevait pas comme vide d'Arabes – n'a plus aucune justification morale à vouloir se perpétuer. En conséquence, il faut en finir avec le paradigme de deux Etats pour deux peuples et revenir à la bonne vieille antienne d'une Palestine unifiée laïque et démocratique dont l'OLP et les trotskistes des années 60 faisaient leur miel. Cette obsession de peindre son pays d'une sale couleur brune va si loin chez Shlomo Sand, qu'il tenta de me persuader, l'an dernier au cours d'un repas pris en commun sur le campus de Tel-Aviv, qu’Israël était un pays raciste pour la bonne raison que le taux d'étudiants arabes israéliens à l'université était moitié moindre, par rapport à la population, que celui des étudiants juifs. Je l'invitai alors à dénoncer sans plus tarder dans Haaretz comme super-raciste une France où le taux d'entrée dans les Grandes Ecoles des beurs du 9-3 et autres territoires perdus de la République est notablement inférieur !

 

L'utilisation régulière des voix dissidentes israéliennes, dont l'influence dans leur pays est inversement proportionnelle à l'écho qu’elles trouvent dans nombre de médias français, est un classique de l'hypocrisie journalistique : elle vous dispense de faire vous-même le sale boulot de diffamation de l'Etat juif qui vous démange la plume. C'est ce qu'un Alain Ménargues n'avait pas compris, ce qui lui valut d'être chassé ignominieusement de la direction de Radio France Internationale.

 

Quelle actualité justifiait que l'on publiât, en ce jour de Pessah, une page entière du Monde consacrée au groupuscule juif d'extrême-droite "Ligue de défense juive", dont on apprend qu'il compte " une centaine" de militants à Paris selon ses responsables, vraisemblablement notablement moins selon la police ? S'est-il livré, à l'occasion des manifestations étudiantes de ces derniers jours, à des déprédations marquantes dans les rues de la capitale ? A-t-il participé aux émeutes des banlieues en novembre ? Aucunement.

 

On relève dans l'article de Xavier Ternisien [lire l’article] deux interventions attribuées à ce redoutable groupe paramilitaire : quelques dégradations dans des commerces tenus par des Arabes sur le parcours d'une manifestation protestant contre le meurtre barbare d'Ilan Halimi, le 26 février dernier, et une agression contre des membres d'une association étudiante pro palestinienne sur le campus de Nanterre... en 2003. Voilà un bien maigre bilan, certes condamnable, pour un groupuscule que Le Monde veut faire passer pour une sorte de cinquième colonne des commandos de Tsahal infiltrée sur notre territoire.

 

Ne pratiquent-ils pas assidûment le krav maga, ce close combat israélien sans foi ni loi où tous les coups sont permis ? Pour l'information de M.Ternisien, je lui signale que cet art martial est très populaire parmi les jeunes du village de Haute-Savoie où je réside, où l'on se fout du Proche-Orient comme de sa dernière croûte de Reblochon ! Xavier Ternisien, auteur d'articles et d'ouvrages visant à "dédramatiser" l'irruption en France de l'islamisme radical et à "dédiaboliser" ses théoriciens et propagateurs du type Tarik Ramadan, n'a de cesse de vouloir démontrer qu'en matière d'intolérance raciste et de recours à la violence pour défendre leurs thèses, les Juifs de France n'ont rien à envier aux fous d'Allah. Dans le prisme de Ternisien la LDJ est un groupuscule, peut-être, mais qui a ses entrées jusque dans les instances dirigeantes du judaïsme française et une certaine tendresse pour le président du CRIF, Roger Cukierman.

 

Lorsqu'on lit, dans l'article, que le chef de la LDJ qualifie ce dernier de "type honnête", cela vaut certificat de complicité du président du CRIF avec ces affreux. D'ailleurs, Ternisien s'est bien gardé de demander à Cukierman son avis sur la LDJ, ce qui aurait pu démolir toute sa petite construction paranoïde mise en place avec la complicité de la direction du Monde. Devant tant de cautèle et d'hypocrisie bien pensante, on en viendrait presque à regretter le temps, où, pour la Pâque, on racontait que les Juifs fabriquaient leurs matzot (galettes de pain azyme consommées à la Pâque juive) avec du sang d'enfants chrétiens. Joyeux Pessah à tous !

 

 

 

La rédaction vous propose d’autres articles de la Ména concernant Xavier Ternisien :

 

[Ternisien, elle a mauvaise haleine, votre petite victoire !] de Gérard Huber

[No passeran !] de Stéphane Juffa

[Le Monde pris dans la fumée de ses contre-feux !] de Stéphane Juffa



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