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Le Liban : un exemple d’Etat à ne pas suivre
David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international
Article mis en ligne le 26 mars 2006

Dans certains milieux politiques, y compris en Israël, on a, parfois, évoqué la création d’un « Etat bi-national », dans lequel Juifs et Musulmans seraient citoyens à part entière

Et à ceux qui doutent - à juste titre - de la viabilité d’un tel projet, on ne manquait pas de citer l’exemple du Liban, qui, effectivement, se veut un Etat sinon bi-national, du moins bi-confessionnel, où chrétiens et musulmans sont sensés vivre en bonne intelligence.

De fait, le système politique prend en compte l’existence des deux communautés, voire les divisions du monde musulman.

Ainsi, traditionnellement, le président de la République est un chrétien maronite, le Président du Conseil des ministres, un musulman sunnite et le Président de la Chambre des députés, un musulman chiite.

Mais, on ne peut manquer de rappeler les incidences de cette diversité religieuse sur la stabilité politique du pays, qui a connu, pendant de nombreuses années, durant une période pas très éloignée, une véritable guerre civile.

Les Musulmans ayant attaqué les chrétiens, ceux-ci firent, ainsi, appel à un moment donné à la Syrie, pourtant musulmane, qui plaça d’ailleurs le pays sous sa domination jusqu’à l’année dernière, qui vit partir officiellement les militaires syriens....

Mais, cette tension entre les deux communautés religieuses permit, également aux Palestiniens, chassés de Jordanie, après Septembre noir dans la décennie 70, de s’imposer dans le pays, alors qu’ils étaient déclarés indésirables en Syrie.

Le sud-Liban devenu le Fatahland devint un sanctuaire servant de base de départ et de repli pour des actions terroristes en direction d’Israël.

Devant la carence -persistante d’ailleurs - des autorités libanaises, Israël dut intervenir à deux reprises et ne se résolut à évacuer, totalement, le territoire libanais qu’en juillet 2000.

Installés dans le sud-Liban depuis 1978, après un premier retrait israélien, les casques bleus de la FINUL se montrent toujours aussi incapables d’empêcher des activités terroristes.

Des militaires ne sont effectivement pas préparés à contrôler des activités de civils ou présumés tels.

C’est une tâche qui incombe à des forces de police, qui relèvent de l’autorité de l’Etat, souverain territorial.

Or, c’est précisément là que le bât blesse, du fait de cette rivalité entre chrétiens et musulmans, sous l’oeil « intéressé » des Etats musulmans et notamment de la Syrie.

D’où la présence encore l’heure actuelle de « milices non-libanaises » : les milices palestiniennes et celles du Hezbollah, soutenues par l’Iran.

On attend toujours que la résolution 1559 (2004) du Conseil de sécurité soit entièrement exécutée.

Cette résolution demandait « instamment » le retrait des forces étrangères du Liban et que toutes les « milices libanaises et non libanaises soient dissoutes et désarmées ».

Or, s’il est vrai qu’officiellement depuis le printemps 2005, peu après l’assassinat du Président du Conseil Rafic Hariri - sur lequel nous reviendrons - il n’y a plus officiellement, de troupes syriennes, en revanche la dissolution des milices n’est toujours pas intervenue.

Certes, on vient d’apprendre que l’envoyé spécial du Secrétaire général chargé de suivre la mise en œuvre de la résolution 1559 après en avoir discuté avec les autorités libanaises et rencontré, jeudi 23 mars, à.... Amman, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a annoncé que « les milices palestiniennes qui se trouvent en dehors des camps de réfugiés seront désarmées sur une période de six mois »...

Et celles qui sont dans les camps ?

Et le Hezbollah, téléguidé par l’Iran ?

Donc, voilà un Etat - le Liban - qui n’est même pas capable d’assurer l’exclusivité du recours à la force, sur son territoire, ce qui constitue, pourtant, l’un des éléments de la souveraineté territoriale.

Mais, il y a mieux ou pire....

La justice libanaise semble inexistante.

A l’évidence, on ne saurait faire du Liban le seul pays où un président du Conseil tombe sous les balles d’un assassin.

Israël en a fait la cruelle expérience, mais l’assassin d’Itzhak Rabin a été arrêté, jugé et purge sa peine dans une prison israélienne.

Or, non seulement c’est l’ONU qui a dû prendre en charge l’enquête sur l’assassinat de Rafic Hariri, que les autorités libanaises n’ont pas été en mesure d’entreprendre, mais - suprême injure - le procès - si procès il y aura - ne sera pas assuré par la justice libanaise.

En décembre dernier, la résolution 1566 du Conseil de sécurité prenait en compte le souhait du gouvernement libanais que le jugement des personnes qui seraient mises en cause, au terme de l’enquête internationale, qui se poursuit encore, soient jugées par un tribunal international.

Le Secrétaire général des Nations Unies vient, à cet effet, de proposer, il y a quelques jours, la création d’un tribunal international « mixte ».

Il y aurait donc des juges étrangers qui siègeraient à côté de juges libanais.

Et suprême aveu d’impuissance, le gouvernement libanais a, de même, fait valoir que « pour des raisons de sécurité....le tribunal risque de ne pas pouvoir fonctionner convenablement au Liban ».......

Voilà l’exemple d’un Etat que l’on envisageait de proposer aux Israéliens....



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