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Des menaces violentes pour la femme Musulmane qui dit que la violence détruit l’Islam.
par John M. Broder New York Times -Traduit par Stéphane Teicher pour www.nuitdorient.com
Article mis en ligne le 17 mars 2006

Il y a trois semaines, le Dr. Wafa Sultan n’était qu’une psychiatre Syro-Américaine largement inconnue, vivant à l’extérieur de Los Angeles, et nourrissant profondément colère et désespoir à l’égard de ses congénères Musulmans.

Aujourd’hui, par la grâce d’une interview inhabituellement acerbe et provocante sur la chaîne Al Jazeera le 21 Février, elle est une vedette internationale, présentée par certains comme la voix pure de la raison, et par d’autres comme une hérétique et une infidèle qui mérite la mort.

Dans cette interview, qui a été regardée plus d’un million de fois sur Internet, et a atteint les e-mails de centaines de milliers de personnes dans le monde, le Dr. Sultan critique avec amertume les religieux Musulmans, les propagateurs de la guerre sainte et les leaders politiques qui d’après elle ont déformé les enseignements de Mahomet et du Coran vieux de 14 siècles.

Elle dit que les Musulmans du monde, qu’elle compare en leur défaveur aux Juifs, se sont enfoncés dans un tourbillon d’apitoiement sur soi et de violence.

Le Dr. Sultan dit aussi que le monde n’est pas en présence d’un choc de religions ou de cultures, mais d’une lutte entre modernité et barbarisme, une guerre que les forces de l’Islam violent et réactionnaire sont condamnées à perdre. En réponse, les religieux de tout le monde Musulman l’ont condamnée, et son répondeur téléphonique s’est rempli de menaces funestes. Mais les réformateurs Islamiques l’ont couverte d’éloges pour avoir dit à voix haute, en Arabe, et sur la chaîne de télévision la plus regardée dans le monde Arabe, ce que bien peu de Musulmans osent dire, même en privé. « Je pense que notre peuple est l’otage de ses propres croyances et enseignements, » dit-elle cette semaine dans une interview donnée dans sa maison d’une banlieue de Los Angeles.

Le Dr. Sultan, 47 ans , porte un sweater et une jupe très élégante, avec des chaussons fourrés et de grosses chaussettes. Ses yeux et ses cheveux sont d’un noir vif et ses manières modestes contrastent avec ses intenses paroles : « la connaissance m’a libérée de cette pensée rétrograde. Quelqu’un doit nous aider à libérer le peuple Musulman de ces croyances erronées. »

Peut être ses mots les plus provocateurs sur Al Jazeera sont ceux qui comparent l’attitude des Juifs et des Musulmans face à l’adversité. Evoquant l’Holocauste, elle a dit : « Les Juifs sont sortis de cette tragédie et ont forcé le monde à les respecter, par leur savoir, et non par leur terrorisme ; par leur travail, et non par leurs lamentations et leurs hurlements. »

Ella a poursuivi : « On n’a pas vu un seul Juif se faire exploser dans un restaurant Allemand. On n’a pas vu un seul Juif détruire une église. On n’a pas vu un seul Juif protester en tuant des gens. »

Elle a conclu : « Seuls les Musulmans défendent leurs croyances en brûlant des églises, en tuant des gens et en détruisant des ambassades. Ce chemin ne donnera aucun résultat. Les Musulmans doivent se demander ce qu’ils peuvent faire pour le genre humain, avant d’exiger que l’humanité les respecte ».

Ses idées ont attiré l’attention du Congrès Juif Américain, qui l’a invitée à s’exprimer en Mai à l’occasion d’une conférence en Israël. « Nous avons discuté avec elle de l’importance de son message et essayé de déterminer le meilleur lieu pour qu’elle puisse s’adresser aux leaders Juifs, » dit Neil B. Goldstein, directeur général de l’organisation.

Elle est sans doute la bienvenue à Tel Aviv, plus qu’elle ne le serait à Damas. Peu après l’émission, des religieux Syriens l’ont dénoncée comme infidèle. L’un d’eux a dit qu’elle avait infligé à l’Islam plus de dommages que les caricatures Danoises se moquant du prophète Mahomet, selon une dépêche.

Le Dr. SULTAN « travaille à un livre qui, si il est publié, va chambouler le monde Islamique ».

« J’ai atteint le point de non retour. Je n’ai pas le choix. Je remets en question le moindre des enseignements de notre livre saint. »

Le titre provisoire du livre est : « Le prisonnier évadé : quand Dieu est un Monstre. »

Le Dr. Sultan a été élevée dans une grande famille traditionnaliste Musulmane de Banias, en Syrie, une petite ville sur la côte Méditerranéenne à environ deux heures de route au nord de Beyrouth. Son père faisait le commerce des céréales et était un Musulman pieux, et elle a été élevée dans la religion jusqu’à l’âge adulte.

Mais, dit elle, sa vie a changé en 1979, quand elle étudiait la médecine à l’université d’Alep, au Nord de la Syrie. A cette époque, le groupe radical des Frères Musulmans utilisait le terrorisme pour tenter de saper le gouvernement du Président Hafez al-Assad. Des hommes armés des Frères Musulmans ont surgi dans une salle de cours de l’université et ont tué son professeur sous ses yeux, dit elle. « Ils ont tiré des centaines de balles sur lui, en criant,’Dieu est grand’. A ce moment, j’ai perdu la foi en leur dieu, et commencé à remettre en question tous nos enseignements. Ce fut le tournant de ma vie, et cela m’a amenée à la situation présente. Je devais partir, je devais rechercher un autre dieu. » Elle et son mari, qui a maintenant américanisé son nom en David, dressèrent des plans pour partir aux Etats-Unis. Leurs visas arrivèrent finalement en 1989, et les Sultan et leurs deux enfants (ils en ont eu un troisième depuis), s’installèrent avec des amis à Cerritos en Californie, une communauté prospère en limite du comté de Los Angeles.

Après une succession de métiers et de problèmes de langue, le Dr. Sultan a terminé sa licence de médecine à l’exception d’un programme de licence hospitalière qu’elle espère obtenir d’ici un an. David dirige une station de contrôle de pollution automobile. Ils ont acheté une maison dans la région de Los Angeles et mis leurs enfants dans les écoles locales. Ils sont tous citoyens Américains.

Mais alors même que le Dr. Sultan s’installait dans une vie confortable de classe moyenne Américaine, la colère grondait en elle. Elle se mit à écrire, d’abord seulement pour elle, puis pour un site Internet Islamique réformateur appelé Annaqed (la critique), géré par un expatrié Syrien à Phoenix.

Un essai du Dr. Sultan plein de colère, sur ce site, à propos des Frères Musulmans, attira l’attention d’Al Jazeera, qui l’invita à discuter avec un religieux Algérien dans une émission en Juillet denier.

Dans ce débat, elle mit en question les enseignements religieux qui amènent de jeunes gens à se suicider au nom de Dieu. “Qu”est ce qui pousse un jeune Musulman, à la fleur de l’âge, avec la vie devant lui, à aller se faire sauter ?” demanda-t-elle. “Dans nos pays, la religion est la seule source d’éducation et c’est la seule source à laquelle ce terroriste s’est abreuvé jusqu’à ce que sa soif soit étanchée.”

Ses remarques ont suscité des débats dans le monde entier et son nom a commencé à apparaître dans les journaux et les sites Internet Arabes. Mais sa réputation s’est accrue de façon exponentielle lorsqu’elle est réapparue sur Al Jazeera le 21 Février, une intervention qui a été traduite et largement diffusée par l’Institut de Recherche sur les Medias du Moyen Orient, connu sous le nom de Memri.

Memri a dit que le clip de son intervention de Février a été regardé plus d’un million de fois. “Le choc auquel nous assistons dans le monde entier n’est pas un choc de religions ou un choc de civilisations,” dit le Dr. Sultan . “C’est un choc entre deux opposés, entre deux ères. C’est le choc entre une mentalité qui appartient au Moyen Age et une autre mentalité qui appartient au 21ème siècle. C’est un choc entre la civilisation et le retour en arrière, entre la barbarie et la raison.”

Elle a dit qu’elle ne pratiquait plus l’Islam. “Je suis une personne laïque,” dit-elle.

L’autre invité de l’émission, identifié comme un professeur Egyptien d’études religieuses, le Dr. Ibrahim al-Khouli, lui a demandé : “Etes vous une hérétique ?” Il a dit ensuite qu’il n’était pas question de la contredire ou de discuter avec elle, car elle avait blasphémé contre l’Islam, le prophète Mahomet et le Coran.

Le Dr. Sultan a dit qu’elle a pris ces mots comme une fatwa formelle, une condamnation religieuse. Depuis, dit elle, elle a reçu de nombreuses menaces de mort sur son répondeur et par e-mail.

Un message disait : “Oh, tu es toujours vivante ? Attends et tu verras.” Elle a reçu un e-mail l’autre jour, en Arabe, qui disait : “Si quelqu’un devait te tuer, ce serait moi.”

Le Dr. Sultan dit que sa mère, qui vit toujours en Syrie, a peur de la contacter directement, et ne lui parle que par l’intermédiaire d’une soeur qui vit au Qatar. Elle dit qu’elle se fait plus de soucis pour la sécurité des membres de sa famille ici et en Syrie que pour elle-même.

“Je n’ai pas peur,” dit elle. “Je crois en mon message. C’est comme un voyage d’un million de kilomètres, et je crois que j’ai parcouru les premiers 10 km, les plus durs.”

http://topics.nytimes.com/top/reference/timestopics/people/b/john_m_broder/index.html?inline=nyt-per



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