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par Adam Entous (Reuters)
vendredi 10 février 2006
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L’indignation n’est pas retombée vendredi en Israël, au lendemain de l’invitation inopinée lancée au Hamas par le président russe Vladimir Poutine, un ministre ayant même dénoncé à la radio un « coup de poignard dans le dos » de l’Etat juif.
L’initiative russe, bien accueillie par les dirigeants du mouvement terroriste palestinien, « n’est pas seulement une gifle pour Israël, c’est aussi une gifle pour les pays occidentaux », déclare-t-on de source autorisée israélienne.
De même source, on précise avoir réclamé à l’ambassadeur de Russie à Tel Aviv et à d’autres représentants de Moscou des explications sur cette rupture du front supposé uni présenté par le « quartet » de médiateurs.
Réunis le 30 janvier à Londres, cinq jours après la victoire du Hamas aux législatives palestiniennes, le quartet (Onu, Union européenne, Etats-Unis et Russie) avait invité le mouvement intégriste à renoncer aux armes et à reconnaître Israël.
Depuis leur victoire, qui va les amener à former le prochain gouvernement palestinien, les dirigeants du Hamas ont refusé - bien qu’ils continuent à observer une trêve - de renoncer à « la résistance armée » et de reconnaître « l’Etat sioniste ».
Ils ont offert de négocier avec Israël une « trêve de longue durée » si celui-ci s’engageait à libérer tous les territoires palestiniens occupés en 1967 et à accepter le retour dans leurs foyers des Palestiniens déplacés par la guerre de 1948.
« PONTS BRULES » ET « PENTE GLISSANTE »
Israël exige du Hamas sa reconnaissance, le renoncement à la violence et l’adhésion aux accords et processus de paix, ces deux dernières exigences étant également reprises à son compte par le président palestinien Mahmoud Abbas, qui doit nommer le prochain Premier ministre.
Poutine a justifié son initiative par la nécessité de « chercher des solutions, des dispositions qui soient acceptables à la fois par les forces politiques qui dirigent la Palestine, la communauté internationale et aussi par Israël ».
« Nous sommes profondément convaincus que brûler les ponts, notamment en politique, est la chose la plus facile à faire mais qu’elle n’a pas d’avenir », a affirmé le chef de l’Etat russe, à l’occasion d’une visite à Madrid.
En visite pour sa part aux Etats-Unis, Tzipi Livni, la nouvelle ministre israélienne des Affaires étrangères, dénonce dans une interview publiée vendredi par le New York Sun la « pente glissante » qui pourrait amener certaines puissances à se compromettre avec le Hamas.
Mercredi, après un entretien avec son homologue américaine Condoleezza Rice, elle avait exhorté la communauté internationale à envoyer un message unifié aux Palestiniens en isolant le Hamas, qu’elle accuse de vouloir mettre sur pied à Gaza un « Etat terroriste ».
De source autorisée israélienne, on estime que l’initiative de Poutine, sur laquelle les Etats-Unis ont aussi demandé à la Russie des éclaircissements, pourrait ébranler la détermination d’autres pays à tenir le Hamas à l’écart tant qu’il maintient sa ligne radicale.
NE PAS « DIABOLISER » LE HAMAS
« Toute faiblesse aura un effet négatif non seulement pour Israël mais aussi pour le peuple palestinien et la communauté internationale », a déclare Livni au New York Sun.
Le représentant de l’Autorité palestinienne aux Etats-Unis, Afif Safieh, a au contraire invité la communauté internationale à « ne pas diaboliser » le mouvement intégriste palestinien qui, a-t-il prédit, « saura se montrer étonnamment responsable » lorsqu’il dirigera le gouvernement.
(...)
« Laissons les portes ouvertes, personne ne doit les fermer », a-t-il ajouté, reprenant les arguments de Poutine, dont il a salué l’initiative. « Le Hamas sait que la société palestinienne veut que l’Autorité palestinienne continue à s’engager sur la voie d’un processus de paix convaincant. Il sait que c’est son mandat. »
Pour le département d’Etat américain, moins sévère qu’Israël sur l’attitude de Moscou, « il faut que le gouvernement de Moscou, s’il a le moindre échange avec le Hamas, envoie un message clair, en public comme en privé, qui soit en accord avec les principes du »quartet".
Ce dernier est à l’origine de la « feuille de route » pour la paix qui préconise la cohabitation dans la sécurité d’Israël avec un Etat palestinien viable et indépendant en Cisjordanie et à Gaza.
Un sondage paru vendredi dans le journal israélien Yedioth Ahronoth montre que 59% des Israéliens sont désormais favorables à un retrait unilatéral de Cisjordanie dans la foulée de celui de Gaza cet été.