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De la démocratie
David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international
Article mis en ligne le 28 janvier 2006

Les résultats des élections palestiniennes comme, d’ailleurs, l’accession au pouvoir, à l’été dernier, d’un nouveau président iranien conduisent à s’interroger sur les effets d’un scrutin démocratique.

On pourrait également évoquer la situation politique en Iraq et en Afghanistan où, à l’initiative des Etats-Unis, des élections libres se sont déroulées récemment.

Dans ces deux pays, des groupes politiques ont, en effet, pu se faire entendre, au parlement, pour prôner l’avènement de la « charia », la loi coranique, qui est loin d’être compatible avec la démocratie.

Celle-ci, telle qu’on la conçoit aujourd’hui, implique, au moins, une égalité entre hommes et femmes.

Mais, sans sous-estimer l’importance de cette dernière exigence, c’est surtout la « confiance » manifestée par les électeurs palestiniens au Hamas et par les électeurs iraniens à Ahmadinejad, s’exprimant tout aussi librement les uns et les autres, qui suscite une inquiétude certaine.

Car, à Téhéran comme dans les « territoires palestiniens », c’est la destruction de l’Etat d’Israël, qui s’est trouvée « légitimée » par le « suffrage populaire ».

Il ne suffit pas de rappeler que, selon Winston Churchill, « la démocratie est le pire des régimes, si on fait abstraction de tous les autres ».

Selon d’autres sources, l’éminent homme d’Etat britannique aurait dit « la démocratie est un mauvais système, mais elle est le moins mauvais de tous les systèmes », ce qui revient au même.....

Les exemples récents de « dysfonctionnements » de la démocratie rappellent le tragique précédent de l’avènement à la chancellerie du Reich, de Hitler, grâce au résultat des élections de 1933.

Il ne suffit pas, en effet, d’instaurer une transparence (apparente du moins) de la propagande électorale et de garantir la liberté d’expression des électeurs.

Encore faut-il que le contexte économique et social n’ « aveugle » pas ceux-ci.

Or, il est incontestable que les électeurs allemands, frappés par la crise économique qui sévissait alors dans leur pays, ont cru pouvoir faire confiance à l’ancien peintre autrichien.

La plupart d’entre eux ignoraient certainement le contenu de Mein Kamp.

Toutes choses égales, par ailleurs, - comme diraient les économistes - ce sont des considérations économiques qui expliquent, également, le choix des électeurs palestiniens et iraniens.

Et, pour nous en tenir, à l’exemple palestinien, il est incontestable que les électeurs ont voulu sanctionner la faillite du Fatah, dans le domaine économique.

La corruption conduisant à l’enrichissement d’une minorité d’apparatchiks au regard de la misère croissante de la masse de la population ne pouvait guère laisser espérer un autre résultat.

Mais, incontestablement, un autre facteur a joué lors du scrutin du 26 janvier.

L’ « enseignement de la haine » (faisant en quelque sorte pendant à l’ « enseignement du mépris », qui avait permis l’ampleur de la shoah) a fait sentir ses effets.

Rappelons que dès le XVIIIème siècle Montesquieu soulignait l’importance du rôle de l’éducation.

Pour le philosophe du « siècle des Lumières », l’éducation devait permettre le « renoncement à soi-même », seul de nature à encourager la « constante préférence de l’intérêt général sur l’intérêt individuel ».

C’est cette préférence, qui, pour Montesquieu constituait la « vertu », principe sur lequel reposait la République démocratique.

Ici encore, « toutes choses égales par ailleurs », les électeurs palestiniens, « chauffés à blanc » par les médias n’ont pas su voir que les positions intransigeantes du Hamas ne conduiraient pas, même à terme, au bien-être de la population.

Ceci dit, il ne faut pas devant le danger incontestable que constitue la légitimité issue des urnes, exagérer la « perte » que constituerait la défaite du Fatah, jusqu’alors au pouvoir.

Rappelons que la Charte de l’O.L.P, dont le Fatah est l’une des composantes, a longtemps contenu des dispositions comparables à celles de l’actuelle Charte du Hamas.

Et s’il est vrai qu’après avoir déclaré, à Paris, en mai 1989, que les dispositions appelant à la destruction d’Israël étaient « caduques » et avoir pris, solennellement l’engagement, dans la déclaration de principes du 13 septembre 1993, de les abroger, Arafat a mis quelques années pour le faire.

Et encore, on est en droit de s’interroger sur la validité de la décision prise, en avril 1996, par le Conseil national palestinien d’éliminer de la Charte tous les articles mettant en cause Israël.

La preuve en est que Farouk Kadoumi, l’un des chefs de l’O.L.P., a, souvent, déclaré que « la Charte n’avait jamais été modifiée ».

D’ailleurs, l’Autorité palestinienne n’a, à l’évidence, pas manifesté un quelconque empressement à prendre des mesures sinon préventives, du moins répressives contre les terroristes.

L’octroi de subventions officielles aux familles des « martyrs » n’était pas de nature à tarir les vocations.

Il est vrai, que de plus, les Brigades des martyrs d’Al-Aqsah, branche armée du Fatah, n’étaient pas parmi les moins actifs, dans le domaine des activités terroristes.

De telle sorte qu’entre le Fatah - que d’aucuns regrettent aujourd’hui - et le Hamas, il n’y a guère qu’une différence de degré, mais non de nature.

Et cela ne suffisait pas, à l’évidence, à garantir des progrès sensibles vers l’avènement de la paix.

Il est toujours difficile de choisir entre la peste et le choléra.



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