En cette fin d’année 2005, on voudra bien nous pardonner ce billet d’humeur, qui met en cause, une fois de plus, le Quai d’Orsay.
« Chassez le naturel, il revient au galop....
Lors de son point de presse du 30 décembre 2005, le porte-parole du Quai d’Orsay s’est ainsi exprimé, à propos d’ « Israël-Palestine » (sic) :
« La France condamne l’attentat suicide commis hier à Tulkarem. Elle adresse ses condoléances aux familles et aux proches des victimes. Ces actes alimentent le cycle de la violence, nuisent aux intérêts du peuple palestinien et menacent la paix dans la région.
Nous appelons l’Autorité palestinienne à agir avec tous les moyens dont elle dispose pour mettre fin à de tels agissements »
Mais direz-vous, il n’y a rien à redire à cette déclaration.
Or, à première vue, même la fin de cette déclaration, pourtant frappée au coin du bon sens, nous apparaît critiquable.
En effet, il appartient, certes, à l’Autorité (sic) palestinienne (AP) de mettre fin aux agissements des groupes terroristes.
Mais, à l’expérience, on est en droit de douter que les dirigeants palestiniens aient d’une part les moyens et d’autre part, et surtout, la volonté de mettre un terme aux actions terroristes.
De sorte que, sans vouloir jouer sur les mots, nous pensons qu’il eut été préférable d’inviter les dirigeants palestiniens à agir, purement et simplement, « par tous les moyens ».
A l’AP de se doter des moyens nécessaires et cesser de prétendre qu’elle ne dispose pas des moyens pour ce faire.
Même, et surtout, dans le domaine de la lutte contre le terrorisme il ne s’agit pas de se doter d’une politique adaptée aux moyens dont on dispose, mais, à l’inverse, de se doter des moyens pour réaliser une politique, qui se révèle indispensable.
Mais, c’est surtout le début de cette déclaration, qui, à la réflexion, nous a choqué, par la maladresse de sa rédaction.
Nous ne critiquerons, évidemment pas, les condoléances adressées aux familles et aux proches des victimes.
C’est le moins que le porte-parole du Quai d’Orsay pouvait faire.
Toutefois, la suite de la déclaration gâche incontestablement ce geste d’humanité.
Tout d’abord, immédiatement après, le porte-parole, évoquant l’aliment apporté au cycle de la violence a cru devoir ainsi, lancer une pique à l’égard des Israéliens qui risquent, en effet, de ne pas rester les « bras croisés » et de ne pas se contenter de la commisération de la France.
Ensuite et surtout, au risque de passer pour cynique, nous pensons qu’il est choquant d’évoquer la méconnaissance, dirons-nous, des « intérêts du peuple palestinien ».
Car, autrement dit, dans d’autres circonstances, du mal fait à des Israéliens pourrait n’avoir aucune incidence sur ces intérêts.
Mais, cette fois, du fait qu’il y a un risque de voir les Israéliens réagir, ces intérêts sont susceptibles d’être affectés.
Ainsi, une fois encore, le gouvernement français est soucieux de ne pas prendre seulement en considération le chagrin ressenti par les Israéliens en voyant, à nouveau, l’un des leurs touché à mort et d’autres grièvement blessés.
Il faut, tout de suite, rassurer l’autre partie que l’on ne perd pas de vue ses intérêts, d’où la mise en garde implicite contre la relance du cycle de la violence.
On sera tenté de regretter qu’à l’ENA on n’enseigne pas suffisamment aux futurs grands commis de l’Etat qu’il faut savoir faire preuve, parfois, de moins de « prudence » et de plus d’ « humanité ».