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2006 se met en forme pour être « l’Année où Parler peut être dangereux »
Par Diana West - Jewish World Review - Adaptation française de Simon Pilczer, volontaire de l’IHC
Article mis en ligne le 29 décembre 2005
dernière modification le 31 décembre 2005

Maintenant que l’enfant de la Nouvelle Année prend de nouveau le pas sur le Temps, le participant observateur peut remarquer quelque chose de nouveau. En plus du haut de forme traditionnel et d’une couche, à côté de la banderole 2006 de poitrine, la nouvelle année a quelque chose d’autre dans son kit : un bâillon. C’est pourquoi 2006 se met en forme pour être « l’Année où Parler peut être dangereux ».

Ce n’est pas pour suggérer que 2005 était une année bannière pour la liberté d’expression. Mais la réaction, au mieux tiède, à des dossiers scandaleux, significatifs de répression de la liberté d’expression l’an passé, du Bengladesh à Paris, démontre une seule chose : 2006 sera pire.

Prenez par exemple notre vieil ami qui a fait sa troisième apparition dans ces colonnes, Ali Mohaqeq Nasab, le rédacteur afghan condamné en octobre à deux ans de travaux forcés. Son crime, vous vous en souvenez, était le « blasphème » - c.a.d. la publication d’articles critiquant la loi islamique. Le magazine qu’il éditait mettait en question la peine de mort pour apostasie de l’Islam ; l’amputation et les coups de fouet pour certains crimes ; et la relégation des femmes dans un statut légal d’infériorité.

Etant donné que de telles opinions sont promises à faire de la réforme de l’Islam un sujet de débats dans l’Afghanistan postérieur aux Talibans, l’incarcération de M. Nasab aurait dû provoquer l’un des ces incidents internationaux que vous lisez ou au moins qu’une source journalistique rend célèbre.

Mais non, dans un silence virtuel mondial - ce qui n’est pas une atmosphère saine pour la liberté de paroles - M. Nasab a été délaissé à la merci impitoyable d’un procureur de Kaboul demandant la peine de mort pour ces articles « non islamiques ».

Et maintenant ? Voici une mise à jour du Washington Post : « après avoir refusé pendant trois mois de rétracter ses déclarations, Nasab a déclaré devant une cour d’appel cette semaine qu’il était désolé d’avoir imprimé des papiers affirmant que les femmes devraient recevoir un statut égal au hommes en cour de justice, il a mis en question l’utilisation des punitions physiques pour des crimes, et suggéré que les apostats de l’Islam ne devraient pas subir l’exécution ».

En d’autres termes, il était désolé d’avoir appelé à l’égalité des sexes. Il était désolé d’avoir appelé à une conception plus humaine de la punition. Il était désolé d’avoir appelé à la liberté de conscience. Je suis désolée qu’il fût désolé. Mais s’étant excusé devant une cour de justice à Kaboul, M. Nasab est aujourd’hui un homme libre. Ou plutôt aussi libre qu’un homme puisse être « sous la surveillance du gouvernement » - comme le premier juge dans ce cas l’a déclaré à Reuters - « pour être sûr qu’il ne répète ce qu’il avait écrit ».

C’est une manière de baillonner un journaliste, pour ne rien dire de ses pairs. Déjà, un partisan des droits de l’homme afghan a déclaré au Post : des journalistes disent « qu’ils doivent être très, très prudents dans leur façon de s’exprimer ». Ce qui n’est probablement en rien ce pour quoi nos troupes en Afghanistan pensaient se battre. Mais personne en Occident ne semble trop effondré à ce sujet. De nouveau, personne peut-être ne se soucie vraiment de ce que la liberté d’expression soit un attribut de la civilisation au 21ème siècle après tout. Le côté pile de l’affaire Nasab - côté face du monde, en tout cas - rend cela clair.

La dernière fois que nous avons vérifié dans « Jyllands-Posten », le journal danois qui publia 12 caricatures plutôt timides de Mohammed pour prouver qu’une injonction religieuse islamique contre la représentation islamique du prophète ne s’appliquait pas à une nation occidentale souveraine, cela a soulevé des protestations de la rue islamique et des menaces de bombes, d’attaque diplomatique, et une enquête probable d’une commission des droits de l’homme de l’ONU. Et il en fut ainsi du Danemark. Des Danois ont été dissuadés de se rendre au Pakistan, où les têtes des dessinateurs ont été mises à prix ; Le Cachemire a été la scène d’émeutes anti-danoises ; et le Premier Ministre Anders Fogh Rasmussen a été soumis à une intense pression pour présenter les excuses, et/ou s’immiscer dans la liberté d’expression de la presse danoise.. Etonnamment - bien inspirés - dans cette ère de volte-face, ni le journal, ni le Premier Ministre ne se sont excusés pour soutenir la liberté d’expression.

Maintenant, les caricatures ont mis le feu à la fois au conseil de l’Europe et dans l’Union Européenne. La commission des droits de l’ONU a réellement exigé « une explication officielle » auprès du gouvernement danois pour répondre à la question :« les caricatures insultent-elles ou discréditent-elles ? » (ceci, franchement, laisse au Danemark un maigre choix). De même, 22 anciens diplomates danois ont reproché au Premier Ministre de n’avoir pas rencontré des diplomates musulmans qui exigeaient de discuter au sujet des caricatures. Un porte-parole du Premier Ministre a expliqué : « Aucun objectif ne mérite d’entamer un dialogue pour arrêter le processus démocratique ».

Bien dit, Danemark, et merci de garder la flamme de la lumière de la liberté. Ce dont on a besoin est le dialogue pour démarrer le processus démocratique, en particulier quand on en vient, eh bien, au dialogue, aux idées, à l’analyse, et même aux caricatures. La question est, qui, en 2006, interviendra pour la liberté de parole ?


http://www.jewishworldreview.com/1205/west123005.php3



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