Bandeau
DESINFOS.COM
Slogan du site

Depuis Septembre 2000, DESINFOS.com est libre d’accès et gratuit
pour vous donner une véritable information indépendante sur Israël

Les derniers mots de Jebrane Tuieni avant son assassinat : « (...) Le Liban n’a jamais fait partie et ne fera jamais partie de la Syrie (...) »
MEMRI
Article mis en ligne le 16 décembre 2005

Voici des extraits de la dernière chronique hebdomadaire du journaliste Jebrane Tuieni, parue le 8 décembre 2005 dans le quotidien libanais An-Nahar, où il était également président-directeur général du conseil d’administration.

Son article attaque vivement le régime syrien, et plus particulièrement le ministre syrien des Affaires étrangères Farouq Al-Shar. Quatre jours plus tard, le 12 décembre 2005, Tuieni était assassiné.

Le régime syrien ne veut pas reconnaître que le Liban ne fait pas partie de la Syrie.

Evoquant les fermes de Sheba, Tuieni a écrit : "J’aimerais que le ministre syrien des Affaires étrangères nous explique pourquoi il n’est pas intéressé à envoyer un document syrien officiel au gouvernement libanais reconnaissant les fermes de Sheba comme territoire libanais (...) Pourquoi le ministre Al-Shar insiste-t-il pour lier la question des fermes de Sheba à la libération des Hauteurs du Golan ? Le Golan est un territoire syrien, tandis que les fermes de Sheba sont libanaises. Pourquoi le régime syrien insiste-t-il, par le biais de son ministre des Affaires étrangères et de son Premier ministre, pour ne pas envoyer un tel document ? (...) Le ministre Al-Shar ne se rend-il pas compte que cela sert la politique israélienne qui essaie, de diverses façons, de demeurer sur tous les territoires occupés pendant la guerre de 1967 ?

Monsieur le ministre [Al-Shar], contrairement à ce que vous pensez, le Liban estime que l’envoi de ce document pourrait aider à la libération des fermes de Sheba - à moins que vous et votre régime ne soyez pas intéressés à ce que ces fermes soient libérées et rendues aux Libanais. Cela expliquerait pourquoi vous liez le problème des fermes à la libération des Hauteurs du Golan : ainsi [le problème des fermes de Sheba] demeure irrésolu, tout comme celui de la délimitation des frontières [avec la Syrie]. En effet, le régime syrien ne souhaite pas admettre que le Liban a des frontières nettes, reconnues internationalement, ni que le Liban n’a jamais fait, et ne fera jamais partie de la Syrie (...)"

La Syrie craint que la vérité ne soit révélée au grand jour par une enquête internationale

Evoquant l’enquête sur l’assassinat de l’ancien Premier ministre libanais Rafiq Al-Hariri, Tuieni a aussi écrit : "De quelle objectivité parle le ministre Al-Shar, quand on sait qu’au moment même où [le témoin syrien] Hussam Hussam a franchi la frontière syrienne, le ministre syrien de l’Information s’est saisi de lui pour s’en servir comme d’une arme vide, obsolète, contre l’enquête internationale et contre le Liban ?

Où est la coopération entre la Syrie et la commission d’enquête internationale ? A quel point le comité d’enquête syrien, qui jusqu’à ce jour n’a pas écouté Hussam Hussam, est-il sérieux ? (...) La Syrie ne sera satisfaite de l’enquête internationale que si le juge Deltev Mehlis conclut qu’Al-Hariri s’est ’suicidé’, tout comme Basil Fleihan et ses associés, en plus de Samir Kassir et de George Hawi, de Ghazi Kanaan, ainsi que de Marwan Hamada et May Shidiaq, qui auraient [eux aussi] tenté de se ’suicider’ sans succès. (1)

Depuis la création de la commission d’enquête internationale, le régime syrien manifeste son peu d’intérêt pour une enquête. Il a surtout peur que la vérité ne soit révélée au grand jour, amenant la honte sur lui (...)"

Le régime syrien est responsable des charniers découverts au Liban

Au sujet des charniers découverts à proximité des quartiers généraux des services de renseignement syriens à Anjar, Tuieni a écrit le commentaire suivant : "(...) c’est un problème à part, distinct de ce qui est connu sous le nom de ’guerre civile au Liban’. Le problème est directement lié au fonctionnement de l’armée et des services de renseignement en [Syrie], qui prétendent ne pas prendre part [à la guerre civile] mais protéger [le Liban], alors qu’en vérité, ce sont des assassins sans scrupules.

Le régime syrien est seul responsable des charniers d’Anjar. C’est un crime contre l’humanité, qui nécessite une intervention internationale immédiate, une enquête approfondie, un tribunal et un procès internationaux, sans rapport avec l’assassinat d’Al-Hariri, qui a [déjà] été qualifié d’acte terroriste par la communauté internationale.

Le régime syrien doit savoir (...) que les régimes tyranniques et malveillants qui ont perpétré des massacres contre l’humanité ont été poursuivis en justice et renversés ! Le meurtre, le massacre et l’entassement [de cadavres] dans des charniers ne sont pas des actes légitimes, même pendant les pires guerres et sous [le règne] les tyrans (...) [tels qu’] Adolf Hitler, Ceausescu, Milosevic, Saddam Hussein et les chefs des tribus du Rwanda.« Nous choisissons la loyauté au Liban »Tuieni conclut : "Désolé, Monsieur le ministre Al-Shar, mais entre la loyauté à la Syrie et au Liban, nous choisissons le Liban (...)

S’agissant des [questions] arabes, nous avons toujours défendu les causes arabes justes, et en particulier la cause palestinienne et la libération des hauteurs du Golan. Quant à ceux qui, au Liban, préfèrent être loyaux à la Syrie qu’au Liban, nous considérons qu’ils ne sont ni pour le Liban, ni pour la Syrie, et donc qu’ils sont au service de l’ennemi du Liban et de la Syrie : Israël (...)"


(1) Basil Fleihan était député libanais et ancien ministre des Finances ; il a également été tué dans l’explosion qui a causé la mort de Rafiq Al-Hariri le 14 février 2005. Samir Kassir était un journaliste libanais anti-syrien et chroniqueur pour An-Nahar ; il a été tué le 2 juin 2005 dans un attentat à la voiture piégée. George Hawi, ancien secrétaire général du parti communiste libanais, a été tué en juin 2005 dans un attentat à la voiture piégée. Ghazi Kan’an, ministre syrien de l’Intérieur, a été trouvé mort dans son bureau en octobre 2005 ; on a dit qu’il s’était suicidé. Après sa mort, certains ont affirmé qu’il ne s’était pas volontairement suicidé, mais avait été contraint ; par le régime syrien, de se donner la mort. Marwan Hamada, député libanais et ancien ministre, a échappé à une tentative d’assassinat en octobre 2004. May Shidiaq, journaliste libanais ayant travaillé pour LBC TV et élevé le ton contre une intervention syrienne au Liban, a échappé à une tentative d’assassinat le 25 septembre 2005, mais a été grièvement blessé.



Haut de page
Réalisé sous SPIP
Habillage ESCAL 4.5.87
Hébergeur : OVH