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« Vivons ensemble », ceux qui n’ont pas signé cet appel à la cohésion nationale, et des lectures divergentes d’un rapport de la CHCDH
Hélène Keller-Lind
Article mis en ligne le 7 avril 2014

L’appel lancé par « des leaders religieux de premier plan, la plupart des partis politiques, deux syndicats et le CRIF », faisant clairement référence à « la manifestation « Jour de colère » et la parution du très préoccupant rapport du CNCDH sur le racisme en France » entend apporter « une réponse à la fois contre le climat malsain, l’insécurité, le racisme, l’antisémitisme, l’homophobie et la xénophobie qui s’installent en France ». L’AFP y voit une réaction non dite à la poussée du FN aux municipales. Il convient pourtant de noter quels responsables ne l’ont pas signé à ce jour ou de lire aussi une analyse divergente du rapport cité par la démographe Michèle Tribalat...

Une France malade de l’antisémitisme, soutiens et absences...

Force est de constater que la situation qui prévaut dans la société française de 2014 a de quoi préoccuper...Le 4 mars dernier le « mal profond de l’antisémitisme » était d’ailleurs au menu du 29ème dîner annuel du CRIF et le rappel des chiffres du dernier rapport du SPCJ – Service de Protection de la Communauté Juive- dressé avec le ministère de l’Intérieur et ce constat : « 40 % d’actes racistes sont à caractère antisémite pour une population de 1 % de citoyens juifs en France ». Constat que ne démentait pas et condamnait le Président de la République évoquant des pistes pour tenter de contrer le phénomène->http://www.desinfos.com/spip.php?ar...].

Le 19 mars un « grand rassemblement républicain » était organisé à Paris par le CRIF, d’autres en province également, « contre l’antisémitisme » et pour « la fraternité républicaine ». Près de dix mille personnes s’étaient rassemblées à Paris pour entendre, lit-on sur le site du CRIF, « les interventions dans l’ordre de Bertrand Delanoë, Maire de Paris, Meyer Habib, député des Français établis hors de France 8e circonscription, l’Imam de Drancy Hassan Chalgoumi, Jérôme Guedj, Député de l’Essonne, Harlem Désir, Secrétaire général du PS, du Préfet Alain Boyer, représente le Pasteur Clavairoly, du réalisateur Alexandre Arcady, du philosophe Bernard-Henri Levy, du Président du CRIF, Roger Cukierman et du Ministre de l’Intérieur, Manuel Valls ». Cette phrase de celui qui est aujourd’hui Premier ministre étant plus particulièrement relevée : « Juifs de France, sans vous, la France n’est plus la France ».->http://www.crif.org/fr/lecrifenacti...].

Un rassemblement républicain suivi peu après d’une agression particulièrement violente

En creux on pouvait déjà noter trop d’absences de personnalités de premier plan ne s’étant pas manifestées publiquement pour dénoncer la gravité du phénomène...Quelques jours plus tard, le 20 mars, un enseignant juif portant kippa était violemment agressé dans le XIXème arrondissement de Paris par trois jeunes gens qui l’insultèrent en arabe. Agression rapportée aussitôt par le BNVCA qui précisait : « constater une recrudescence des violences anti juives depuis que les affaires « dieudonnistes » ont été révélées et notamment depuis la grande manifestation antisémite « jour de colère » du 26 janvier 2014. En dépit des mesures de sécurité prises par les autorités, les violences antisémites persistent et tendent à s’aggraver La situation devient intolérable ».. Une agression largement condamnée mais, là encore, pas par tous les « responsables » qui auraient dû s’exprimer.

« Vivons ensemble », appel contre un climat malsain, l’insécurité, le racisme, l’antisémitisme, l’homophobie et la xénophobie

Aujourd’hui un nouvel appel, « Vivons ensemble » est lancé. Par des leaders religieux de premier plan, l’archevêque de Paris, Mgr André Vingt-Trois, le président du Conseil français du culte musulman, Dalil Boubakeur, le président de la Fédération protestante, François Clavairoly, le grand rabbin par interim, Michel Gugenheim, et la présidente de l’Union bouddhiste, Marie-Stella Boussemart. Côté politique par le Premier secrétaire du Parti socialise, Harlem Désir, le président de l’UMP, Jean-François Copé, la vice-présidente de l’UDI, Rama Yade, le président du MoDem, François Bayrou, et le patron des sénateurs écologistes, Jean-Vincent Placé.Par deux syndicats, la CFDT et la CFTC, et par le CRIF. Il est fait clairement référence à « la manifestation « Jour de colère » et ...la parution du très préoccupant rapport du CNCDH sur le racisme en France » dans cet appel qui entend apporter « une réponse à la fois contre le climat malsain, l’insécurité, le racisme, l’antisémitisme, l’homophobie et la xénophobie qui s’installent en France ». Toutes ces questions étant donc liées.]

La plupart des partis politiques mais...pas tous : ni le FN, ni le PCF, ni le Front de gauche, ni le Parti Radical de Gauche, ni le Parti EELV

Si « la plupart des partis politiques » sont partie prenante, tous le le sont pas. Pas à ce jour. Ont-ils tous été sollicités ? On l’ignore. Il n’en reste pas moins que ni le FN, ni le Parti communiste français, ni le Front de Gauche, hors PCF, ni le Parti radical de Gauche ne figurent dans la liste.

Et si Jean-Vincent Placé, patron des sénateurs écologistes, est parmi les signataires, ce n’est pas le cas d’Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d’Europe-Ecologie-Les Verts. Qui n’en dit mot sur son site officiel, lançant, en revanche, un appel pour un avenir écologique et expliquant son refus d’entrer au gouvernement de Manuel Valls.

Une charge de EELV contre Israël

Emmanuelle Cosse manifestant, par ailleurs, une « forte convergence dans l’analyse de la situation » - ndlr en Israël et les Territoires palestiniens - et « une grande confiance » envers l’association France-Palestine rencontrée le 7 avril. Témoignant enfin d’une très grande hostilité envers Israël accusé de bien des maux. On lit, en effet, ce passage en fin de communiqué : « L’AFPS comme EELV entendent conjuguer leurs efforts pour la libé¬ration de Marwan Bar¬ghouthi et de tous les pri¬son¬niers poli¬tiques pales¬ti¬niens actuel¬lement détenus en Israël en violation des Conventions de Genève. Elles condamnent le chantage permanent utilisé par Israël et ses reniements successifs pour ne pas libérer les pri¬son¬niers palestiniens.
Nos orga¬ni¬sa¬tions conju¬gueront leurs efforts pour populariser et porter ces exigences politiques de justice et de paix qui ren¬contrent d’ores et déjà un large soutien dans l’opinion française.

Blanchiment des terroristes...

Les termes « prisonnier », surtout « prisonnier politique », avec pour exemple Marwan Barghouti, devant être précisés...Car ces prisonniers ont été jugés et condamnés dans le respect des lois pour actes terroristes. Il s’agit donc de terroristes condamnés à de la prison. Ce qu’apparemment ce parti ignore. Ou nie. Comme le faisait, notamment, le chef de file du PCF à Paris, Ian Brossat, aujourd’hui Conseiller municipal auprès d’Anne Hidalgo, à propos du petit terroriste Salah Hamouri, membre du FPLP, ami, justement de ce Marwan Barghouti ou de cet autre terroriste Samir Kuntar. Un Salah Hamouri reçu en héros par nombre de municipalités de gauche, le Maire de Paris ou le Président du Sénat, avant les présidentielles et qui avait parcouru la France pour vilipender Israël....

On se souvient, par ailleurs, qu’un autre petit terroriste, Mohamed Merah, a assassiné, y compris des enfants, en France, au nom des enfants palestiniens...Exemple flagrant de l’efficacité de ce nouvel enseignement de la haine...

Ces partis qui se sont abstenus, quand ils ne vilipendent pas Israël, ne jouent-ils pas un rôle funeste ? Le font-ils sciemment ? Et si tel est le cas dans quel but ?

Un appel contre toutes les formes d’exclusion

Mais certains « responsables » politiques semblent n’en avoir cure. Et se démarquent de cet appel qui, pourtant, est lancé contre toutes les exclusions.Car cet appel n’est pas lancé contre le seul phénomène antisémite mais « contre le climat malsain, l’insécurité, le racisme, l’antisémitisme, l’homophobie et la xénophobie qui s’installent en France, quelques mois après la manifestation « Jour de colère » et quelques jours après la parution du très préoccupant rapport du CNCDH sur le racisme en France ».

Dans sa dépêche concernant l’appel l’AFP ne souligne pas ces absences de signatures mais précise : « L’appel est lancé une semaine après le second tour des municipales, marqué par la victoire du Front national dans plus d’une dizaine de villes, mais le texte ne fait pas référence à cette percée ».

Le rapport de la CNCHD et les réserves de Michèle Tribalat

Dans un tout autre ordre d’idée, concernant ce rapport de la CNCHD, il est intéressant de noter les réserves exprimées par la démographe Michèle Tribalat, publiées par Le Figaro. Elle note avoir « à plusieurs reprises, vivement critiqué la série de sondages sur lesquels s’appuie la CNCDH. Celle-ci s’attend à ce que les individus montrent de bonnes dispositions, en toute circonstance, quelle que soit la situation réelle ». Et estime que « les Français sont de plus en plus sceptiques sur la question de l’immigration. Nous sommes dans une situation économique désastreuse sans que cela n’ait eu de conséquence sur la politique migratoire. Je rappelle que lors de la crise de 1973, Giscard d’Estaing a essayé d’arrêter toute immigration. L’idée de réduire l’immigration en période de grave crise économique n’est pas forcément la preuve d’une intolérance coupable. Prendre conscience les difficultés d’intégration non plus ».
Par ailleurs, dit-elle, se référant aux « trente entretiens semi-directifs… », « on a tendance à faire un usage exagéré du terme « racisme » pour désigner toute forme d’intolérance, de comportement hostile ou désapprobateur envers une liste sans fin d’objets. On confond la haine, la peur, la désapprobation… » Ajoutant : « En 2013, 15 % des enquêtés déclarent, dans leurs liste de victimes, des catégories qui n’ont rien à voir avec une origine ou une couleur particulière : homosexuels, pauvres, jeunes, handicapés, personnes âgées…, sans compter ceux qui désignent une religion. Et 10 % déclarent que l’on est tous victimes du racisme ! L’extension de l’usage du terme « racisme » a produit une extension du « domaine de la lutte » qui oppose désormais une poignée de vertueux à une masse grandissante de pécheurs ».

En réponse à ce qui y est écrit à propos du terme « islamophobie » qui « vient mettre en lumière un racisme latent, qui se veut imperceptible, caché sous les dehors acceptables de la liberté d’expression » elle note que « l’emploi du terme « islamophobie » est une arme qui vise très directement la liberté d’expression et la réintroduction de la condamnation du blasphème, à défaut d’avoir réussi à en faire un délit. L’OCI ( Organisation de la coopération islamique) milite activement auprès des Nations unies pour que la blasphème soit reconnu et vienne limiter la liberté d’expression....L’OCI se vante d’ailleurs des bons résultats qu’elle commence à obtenir auprès des dirigeants occidentaux auprès desquels elle fait miroiter les avantages en termes de paix civile qu’il y aurait à limiter la liberté d’expression lorsqu’elle offense les musulmans ». Elle condamne par ailleurs les « crimes et délits commis contre des musulmans parce que musulmans », les qualifiant « d’odieux et condamnables ».
Enfin, à une question sur la nouvelle judéophobie et une hausse significative de l’alyah cette année Michèle Tribalat répond : « Les juifs sont très sensibles au climat détestable qui sévit en France depuis les années 2000 avec des crimes extrêmement graves : il y a eu la lente torture à mort du jeune Ilian Halimi, puis l’attentat dans l’école juive de Toulouse par Mohamed Merah. Ajoutons à cela une manière partisane en France de rendre compte du conflit israélo-palestinien qui donne systématiquement un blanc-seing aux Palestiniens, victimes héroïsées par les jeunes d’origine arabe, tout en accusant systématiquement Israël. Enfin, n’oublions pas l’affaire Mohammed al-Dura qui est l’équivalent moderne d’une affaire Dreyfus. On comprend aisément que les juifs soient inquiets et songent à aller vivre en Israël. Ne sous-estimons pas non plus les effets de la crise qui suscite de nombreux départs de jeunes Français. Pourquoi pas à destination d’Israël où la croissance est de l’ordre de 3 à 3,5 % ? »

On se demandera, dès lors, s’il était opportun de lier, comme cela a été fait, « l’insécurité, le racisme, l’antisémitisme, l’homophobie et la xénophobie ». Mais, en l’état actuel des choses, comment faire autrement pour avoir l’aval du plus grand nombre ?



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