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Israël toujours en situation particulière sur la scène internationale
David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international
Article mis en ligne le 10 décembre 2005

Il n’est pas question de regretter la décision prise, il y a quelques jours, par la majorité des Etats signataires des conventions humanitaires de Genève, malgré l’opposition d’un certain nombre de pays arabes, dont la Syrie, d’adopter un emblème officiel additionnel : le « cristal rouge » (de fait un carré rouge, sur fond blanc, posé sur une pointe).

Cette décision qui devra être entérinée par une modification des statuts du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, en 2006, va, en effet, permettre au Magen David Adom israélien de rejoindre ces deux emblèmes, jusqu’alors seuls reconnus.

Il faut savoir que dès l’origine des conventions humanitaires, en 1864, l’emblème officiel, protecteur des équipes sanitaires, au cours de combats, fut la « croix-rouge » (sur fond blanc).

Cet emblème correspondait, de fait, à l’emblème suisse, mais aux couleurs inversées, afin de rendre hommage à l’initiative prise par des citoyens suisses, dont Henri Dunant, pour promouvoir un mouvement humanitaire, au plan international.

Bien que cet emblème officiel n’ait aucune connotation religieuse, l’Empire ottoman refusa de le faire sien et adopta, en 1876, le « croissant-rouge », qui fut, officiellement reconnu, en 1929.

A cette époque, l’Iran, manifesta, également, des réticences à adopter un emblème auquel on attribuait, à tort, une signification religieuse (alors qu’en tout état de cause, la « croix-rouge » n’avait pas la même forme que la croix chrétienne).

Et c’est ainsi que fut, également, reconnu le « lion-et-soleil rouges », signe auquel les ayatollahs renoncèrent, au début des années 80, lorsqu’ils établirent la République islamique d’Iran.

Mais, entre-temps, les Etats arabes s’opposèrent, dès la création de l’Etat d’Israël, à la reconnaissance du « Magen David Adom », emblème que les Israéliens avaient choisi, ne voulant pas, eux non plus, adopter la « croix-rouge ».

Ce qui était bon pour les musulmans aurait dû l’être aussi pour les juifs, mais pour des raisons politiques, pour ne pas dire antisémites, les Etats arabes réussirent à imposer, en quelque sorte, un boycott du Magen David Adom.

Il fallut que les Etats-Unis agitent, depuis quelques années, la menace d’un blocage de leurs contributions au Mouvement international pour qu’un emblème additionnel soit adopté, après de longues discussions.

Mais pourquoi un emblème additionnel, dans lequel les Israéliens pourront faire figurer un Magen David, tandis que d’autres pays pourront y faire figurer tel ou tel signe ?

Il eut été normal soit d’admettre la « Magen David » au même titre que la « croix rouge » et le croissant rouge » au même titre, qu’autrefois, le « lion-et-soleil », soit d’adopter purement et simplement le « cristal », dans lequel les Etats auraient été libres d’inclure une croix, un croissant ou tout autre signe....

C’est donc une demi-mesure - mais c’est mieux que rien - qui a été adoptée.

Mais, pourquoi les musulmans ont-ils une place privilégiée ?

Le nombre ne fait pas loi.....

De plus, il n’y a pas qu’au sein du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (et sans doute ajoutera-t-on, bientôt, le « Cristal-Rouge ») qu’Israël a « droit » à un statut particulier.

Il en est de même à l’ONU.

Nous en voulons pour preuve la façon dont le Conseil de sécurité, pourtant, enclin à adopter, souvent, des « résolutions » mettant en cause Israël, vient de condamner la dernière déclaration révisionniste, pour ne pas dire antisémite, du président iranien.

Aussi bien après la première déclaration, en octobre dernier, appelant à « rayer Israël de la carte », que, le 9 décembre, la condamnation n’a pas fait l’objet d’une « résolution », mais seulement d’une « déclaration » à la presse du président en exercice du Conseil de sécurité (en octobre, l’ambassadeur de Roumanie et cette fois-ci, l’ambassadeur britannique).

Quel courage d’avoir soutenu « totalement la déclaration » faite par le Secrétaire général, alors qu’il eut été normal de le faire par la voie d’une résolution formelle.

C’est sans doute pour « ménager » l’Algérie, qui termine ce mois-ci, son mandat de deux ans au Conseil, que cette formule a été adoptée.

Déjà, au début de la semaine, le Conseil de sécurité avait renoncé, sous la pression de ce même pays, à adopter une résolution condamnant l’odieux attentat de Netanya.

Contrairement à ce que certaines agences de presse ont soutenu, l’unanimité des membres du Conseil n’était nullement nécessaire (elle ne l’est d’ailleurs jamais...) pour adopter une résolution.

La majorité des membres du Conseil (9 voix suffisaient) aurait dû placer l’Algérie face à ses responsabilités : oser nier le génocide juif.

Ce n’est pas l’absence du président Bouteflika, retenu, pour des raisons médicales, à Paris, capitale d’un Etat dont il n’a pourtant pas manqué de dénoncer le colonialisme, qui explique cette solution.

Mais, il est tellement plus « courageux » de ne pas s’opposer tout bas à un texte plutôt que d’avoir à le faire expressément et publiquement.

Ces palinodies n’honorent pas l’Organisation mondiale.



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