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Grosse pression sur les Sycomores
Par Jean Tsadik v© Metula News Agency
Article mis en ligne le 19 novembre 2005

Rira bien qui rira le dernier...

Mise à jour

 

Suite aux innombrables irrégularités décrites par Sami El Soudi dans son article d'hier Premières primaires chaotiques au sein du Fatah, [lire], le Fatah a décidé d'interrompre sine die le processus de son scrutin primaire interne en vue d'établir la liste de ses candidats aux élections générales de cet hiver.

 

Le Fatah a brièvement informé qu'il "n'était pas préparé à conduire cette consultation", invoquant "la dissidence interne ainsi que les tentatives d'extorsions (de voix) conduites par des éléments violents".

 

Le parti du président Abbas n'a pas exclu le principe de la tenue de ces primaires dans ses 16 districts de vote mais a annoncé que s'il s'avérait impossible de conduire cette consultation jusqu'au 25 novembre, ce serait les responsables du parti qui choisiraient ses candidats

 

Week-end de choix décisif pour Ariel Sharon

 

Comme Stéphane Juffa l'avait envisagé dès le lendemain de l'élection d'Amir Peretz à la tête du parti travailliste [lire], ce succès a effectivement placé le premier ministre Sharon devant l'urgente nécessité de décider s'il entend demeurer au Likoud ou s'en éloigner afin de créer sa propre formation politique.

 

L'urgence vient de la sortie, ordonnée et complète, des ministres du Maarakh de l'actuel gouvernement d'union nationale et de l'accord qui s'en est suivi entre Sharon et Peretz pour la tenue d'élections générales anticipées en février ou en mars prochain.

 

Dans ces conditions, et au vu des gains considérables enregistrés dans les sondages par le parti travailliste sous la direction de son nouveau chef de file, les observateurs politiques s'accordent à prédire qu'Ariel Sharon fera part de sa décision demain ou lundi.

 

A la ferme des Sycomores, la résidence privée du président du conseil, les consultations d'experts, de personnalités politiques et de conseillers se poursuivent à un rythme soutenu depuis jeudi dernier.

 

Les sondages concernant les intentions de vote des Israéliens, avant le coup d'envoi de la campagne électorale, occupent cette fin de semaine la première place des nouvelles dans tous les media de l'Etat hébreu. Si on en fait la synthèse, ceux-ci prévoient les résultats suivants, prenant en compte les variantes de Sharon à la tête du Likoud et celle du premier ministre conduisant un nouveau parti :

 

D'abord, et dans les deux cas de figures, le Parti du Travail, avec son nouveau leader syndicaliste-socialiste, est crédité de 28 à 31 sièges sur les 121 que comptera la nouvelle Knesset. Il s'agit d'un bond en avant de plus d'une dizaine de députés.

 

Ensuite, si c'est Sharon qui emmène le Likoud à la bataille, ce parti maintiendrait sa représentation actuelle, obtenant entre 38 et 40 mandats parmi les intentions des sondés.

 

Dans l'hypothèse où Sharon ferait sécession et se présenterait à la tête d'un nouveau parti de centre droit, il obtiendrait sensiblement le même nombre de députés que les travaillistes. En revanche, le Likoud, sous la houlette de Benjamin Netannyahou, ne ferait que 18 à 22 sièges, soit une perte sèche de 22 à 26 députés relativement à son standing actuel.

 

Autre fait marquant dans les résultats des sondages publiés en cette fin de semaine, le sujet finances-social constituerait, pour 37% des personnes sondées, le thème d'intérêt principal des élections à venir, contre seulement 30% pour la préoccupation politique-sécurité. Cet élément, plus que tout autre, illustre l'impact indéniable de l'irruption d'Amir Peretz à l'échelon le plus élevé du débat politique national.

 

Par souci d'information, mentionnons également que 12% des sondés ont désigné la lutte contre la corruption comme étant le sujet qui les interpelle le plus, tandis que 7% d'entre eux se sont prononcés sur le problème des relations entre l'Etat et la religion.

 

Au-delà de ces chiffres, Ariel Sharon doit prendre en compte d'autres paramètres critiques dans son analyse. Ainsi en va-t-il du fait que c'est le parti et non le premier ministre qui établit, au Likoud, le choix des candidats et leur rang sur la liste électorale. Lors, s'il ne fait aucun doute, en considération des résultats des sondages, que le Likoud, surmontant momentanément ses dissensions, assurerait à l'actuel premier ministre la primeur sur sa liste, en faisant du même coup le candidat à sa propre succession, ses amis politiques sont loin d'être assurés d'occuper le haut de ladite liste. Certaines figures de proue de l'équipe Sharon, c'est le cas de l'impopulaire vice-premier ministre, ministre de l'Industrie, du Commerce et du Travail et ministre des Finances Ehoud Olmert, se trouveraient même reléguées à des rangs de liste qui ne leur garantiraient pas leur réélection.

 

C'est le résultat du schisme profond qui divise le Likoud et qui n'est qu'anesthésié par la nécessité subite de faire face à Peretz. Parmi les proches de Sharon, personne ne doute qu'une minute seulement après la possible victoire de l'homme des Sycomores aux élections, les rebelles reprendront contre lui leur travail de sape. Et Sharon n'a oublié ni leur fronde lorsque le tandem Netannyahou-Landau a fait passer une motion au comité central destinée à obliger le premier ministre à organiser un référendum national sur la question du désengagement de Gaza, ni leur opposition, il y quelques semaines, à entériner au parlement la nomination de nouveaux ministres qu'il avait proposés.

 

De fait, les quarante sièges que pourrait remporter le Likoud ont une signification trompeuse. Ils pourraient supporter les postérieurs de trente adversaires de Sharon pour dix de ses amis. Il s'agit d'une cocasserie fort désagréable, qui pourrait empêcher le prochain premier ministre de former un gouvernement, ce, même s'il remportait les élections haut la main. Pire encore, Sharon pourrait se trouver obligé de nommer des rebelles aux ministères clés s'il entend demeurer chef du gouvernement. En tout état de cause, il se verrait dicter la ligne politique des rebelles et empêché de conduire la sienne.

 

C'est là l'effet qui, à notre avis, fera annoncer à Sharon, la semaine prochaine, sa sécession du Likoud et la création de son nouveau parti, en dépit de tous les risques qu'une telle aventure comporte. Car nous sommes certains, à Métula, que l'objectif principal du numéro un israélien, à l'issue des prochaines élections, consiste en la poursuite de la dynamique du désengagement de Gaza et son extension en direction de la Cisjordanie ; nous savons aussi que l'objectif des rebelles procède de la volonté de ne pas le laisser faire et que cette opposition interne n'est pas acceptable pour Ariel Sharon. Qu'elle surpasse chez lui toutes les autres préoccupations.

 

L'équation sur laquelle on se penche actuellement aux Sycomores se présente donc réellement sous la forme de : 38-40 députés du Likoud dont 10 prêts à soutenir l'action du premier ministre, ou 28-30, acquis à sa politique, dans un nouveau parti.

 

C'est pour cette raison que nous sommes ici persuadés que Sharon va quitter le Likoud. Il va peut-être tenter, lundi, lors d'une réunion capitale des chefs de ce parti, de proposer une solution en forme d'ultimatum, genre : "laissez-moi nommer 35 des 45 premiers candidats à paraître sur la liste !" Mais si c'est le cas et si cette proposition était rejetée, nous assisterions sans doute la semaine prochaine à la naissance d'un nouveau grand parti de centre-droit, sorte de parti républicain à la sauce israélienne.

 

Il resterait ensuite à se confronter à Amir Peretz, ce qui ne sera pas une mince affaire. Surtout que Sharon perdrait le financement automatique garanti aux partis politiques existants ; qu'il perdrait de nombreuses minutes de télévision, pour des raisons similaires, en vue de sa campagne. Mais il conserverait son âme, et la sympathie d'une large portion du public. Et puis, ce n'est pas pour avoir accepté des compromis humiliants qu'il a acquis le surnom de bulldozer...

 

 



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