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Terroriste ou résistant, le Hezbollah sera éliminé en interne, comme bientôt le Fatah et le Hamas
Bertrand Ramas-Muhlbach
Article mis en ligne le 29 juillet 2013

Le 22 juillet 2013, l’Union Européenne a décidé de placer l’aile militaire du Hezbollah sur la liste noire des organisations terroristes. La Charte du mouvement chiite libanais annonçait en 1985, « notre lutte prendra fin lorsque l’entité israélienne sera éliminée ». Elle s’est toutefois adaptée à l’environnement politique à la suite du retrait israélien du Sud Liban, lorsque le Hezbollah est devenu un parti politique.

Il n’en reste pas moins vrai que le Hezbollah est resté le pendant chiite libanais de l’Olp (dont la Charte vise à l’élimination d’Israël sur un fondement laïc) ou encore du Hamas (pour qui l’éradication de l’entité juive est une injonction religieuse). Les Etats Unis, le Royaume Uni, les Pays bas, l’Australie …l’ont, de longues dates, reconnu comme une organisation terroriste, ce qui n’était pas le cas de l’Union Européenne.

La décision n’était pas pour autant acquise : l’Irlande et Malte sont restées neutres, l’Autriche y était hostile (redoutant des représailles sur les forces de l’ONU positionnées au Liban dans la partie contrôlée par le Hezbollah), et Marisa Matias, députée portugaise et vice-présidente des relations avec les pays du Mashrek (Liban, Syrie, Jordanie, Egypte), considérait qu’il s’agissait d’une erreur politique et qu’il importait « de sauvegarder l’intégrité politique et institutionnelle de ce pays » (sic). Naturellement, le Liban a critiqué la décision européenne dans la mesure où l’organisation constitue une « composante essentielle de la société » libanaise (sic).

Pour l’Union Européenne, la nature terroriste du Hezbollah ne dépend pas des objectifs du Hezbollah exprimés dans sa Charte, mais simplement de son éventuelle implication dans un acte terroriste survenu sur le territoire européen, en l’occurrence l’attentat commis à Burgas en Bulgarie le 18 juillet 2012 (qui n’est d’ailleurs toujours pas officiellement prouvé). La légèreté du critère retenu confère ainsi, au concept de terrorisme, un caractère fluctuant, comme s’il s’agissait d’une notion relative, susceptible d’évoluer dans le temps. A titre de comparaison, les Etats-Unis et le Royaume-Uni considéraient le Congrès National Africain (ANC) de Nelson Mandela comme étant une organisation terroriste, avant que son fondateur ne soit unanimement reconnu comme le libérateur de l’Afrique du Sud …

De même, c’est un peu comme si l’on assimilait le Hamas et le PKK en considération de objet qu’ils se sont fixés, en l’occurrence une lutte contre ce qu’ils qualifient être « une occupation étrangère », sans tenir compte de la réalité objective de la situation, ni des moyens mis en œuvre. Aussi, pour échapper à la qualification de terroriste, il suffit d’avancer qu’un territoire est « occupé », de se donner le droit de combattre l’organisation politique qui y est établie (qualifiée d’agresseur), et ainsi de se faire reconnaître une légitimité. Au cas particulier, le Hezbollah n’est pas considéré par l’Union Européenne comme une entité terroriste parce qu’elle recourt à la terreur pour faire tomber Israël, mais uniquement parce que deux de ses membres seraient impliqués dans l’assassinat d’israéliens survenus sur le sol européen…

Cette déliquescence du concept de terrorisme fait oublier à l’UE, le mépris du Hezbollah pour la nature humaine, qui se traduit par l’encouragement au martyr dans l’éducation des jeunes générations. L’idéal du martyr, dans le chiisme, est inspiré de l’Imam Hussein à l’occasion de la bataille de Kerbala en 680. Aussi, pour le Hezbollah, c’est un honneur et un privilège suprême de se sacrifier pour l’amour d’Allah, afin d’atteindre le bonheur éternel dans la vie de l’au-delà alors que les satisfactions dans la vie « d’ici bas » sont tout à fait insignifiantes.

La qualification de terroriste, pour l’UE, était d’autant plus difficile à retenir que le Hezbollah s’est acheté une virginité en prétendant jouer les règles du jeu démocratique dans les institutions libanaises (alors qu’il a toujours méprisé ce mode d’organisation sociale). Le Hezbollah sait parfaitement qu’en Islam, la démocratie n’est pas compatible avec le mode de structuration de la pensée de l’individu qui fonctionne selon un rapport de force, de soumission, de violence. Aussi, l’outil démocratique n’est qu’un moyen de conquérir le pouvoir pour le garder, non de le transférer au peuple.

Dans les années 80, le Hezbollah envisageait d’établir une République Islamique au Liban mais à la suite du départ d’Israël du Sud Liban (qu’il continue de contester), il s’est présenté comme un parti politique pour asseoir son influence. L’organisation chiite a donc séduit, promis, cultivé un dialogue démagogique, grâce à la Syrie et à l’Iran qui ont financé sa chaîne de télévision, (Al manar), ses deux organes de presse, dont la radio Al Nour, ou encore son réseau d’institutions sanitaires et éducatives (hôpitaux, écoles, orphelinat). Rassembleur, le Hezbollah a même présenté des candidats sunnites et chrétiens aux côtés des candidats chiites.

D’un côté, membre de la société multiculturelle libanaise, d’un autre méprisant la règle démocratique, le Hezbollah contrôle les institutions judiciaires dans son quartier général du Faubourg de Haret Hreik au sud de Beyrouth et ignore la résolution 1559 appelant à la dissolution et au désarmement de toutes les milices libanaises. Il a donc conservé sa milice privée (et son armement propre), extérieure aux forces armées officielles gouvernementales, qui fonctionne de manière autonome.

Les musulmans (littéralement soumis à Allah) devraient toutefois se sortir du joug de l’Islam, acquérir une maturité politique et prendre en main leur destin en rejetant l’islamisme, ce mode d’organisation sociale tout à fait inadapté : en Egypte, le peuple s’entretue un an après les élections. En Tunisie, le pouvoir islamiste élimine physiquement les opposants politiques. En Iran, le peuple se lasse de l’artifice de démocratie qui permet aux gardiens de la révolution de conserver le pouvoir. En Turquie, les influences occidentales réveillent les consciences.

Etrangement, c’est peut-être de la bande de Gaza qu’arrivera le salut. L’élimination des Frères Musulmans en Egypte a provoqué un réveil fulgurant de la population palestinienne locale. Le 1er juillet 2013, un mouvement palestinien appelé Tamarod (rébellion) a vu le jour dans la bande de Gaza qui comprend déjà plusieurs milliers de personnes (grâce aux réseaux sociaux d’Internet). Ce parti, indépendant de tout mouvement faction ou autorité, entend participer à la vie politique. Dans son programme, pacifique, il appelle le peuple palestinien à gagner la liberté, la dignité et la justice sociale. Aussi, et pour une fois, la révolte n’est pas dirigée contre les juifs mais contre ceux qui les oppressent et entravent les élections…c’est-à-dire le Fatah et le Hamas. Aussi, rappellent-ils qu’aucun d’eux n’est légitimes compte tenu de l’expiration de leur mandat respectif. Le Hamas s’abstient pour l’instant de tout commentaire sur ce mouvement, à l’exception du Premier Ministre Ismail Haniyeh qui élude la question et indique que « la crise qui affecte l’Egypte n’aura pas d’impact sur la cause palestinienne, qui représente une revendication essentielle pour la nation arabo-islamique »…(Il refuse de comprendre que c’est bientôt fini pour lui).

Le printemps palestinien, à l’inverse des autres pays musulmans, devrait conduire à une élimination des mouvements que sont le Fatah et le Hamas, pour organiser une véritable concertation avec Israël. C’est également ce qui se passera au Liban, lorsque le peuple libanais se libèrera de l’instrumentalisation idéologique dont il fait l’objet depuis ces dernières années de la part du Hezbollah. Patience.



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