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Plaidoyer pour des frontières défendables
Ruthie Blum - Jerusalem Post
Article mis en ligne le 21 août 2005
dernière modification le 22 août 2005

Interview en Anglais de Dore Gold - Article aimablement signalé par Pierre Cain, d’INFO’SION

Adaptation française de Simon Pilczer

« Quand le Premier Ministre Sharon a présenté le plan de désengagement au Président Bush, déclare l’ancien ambassadeur d’Israël à l’ONU Dore Gold, il était parfaitement clair qu’il ne pensait pas qu’il pourrait y avoir un qui pro quo de la part des Palestiniens. Il pensait, cependant, qu’il pourrait y en avoir un des Etats-Unis ».

Ce que Sharon pensait pouvoir obtenir, selon Gold, était l’affirmation concrète des besoins de sécurité d’Israël. Ce que sont ces besoins de sécurité, dit Gold, doit être formulé clairement et répété comme un mantra.

Alors que nous discutions dans les bureaux spacieux et climatisés du « Centre de Jérusalem pour les Affaires Publiques » [JCPA] organisme d’analyse politique et stratégique que Dore Gold dirige, les forces de Défense et de police d’Israël transpirent à grosses gouttes à Gaza, exécutant finalement l’opération pour laquelle ils ont été entraînés depuis des mois : l’évacuation des implantations du Gush Katif et du nord de la Samarie.

« Pendant qu’Israël est dévoré par la question du désengagement, dit-il, dans un style diplomatique, le reste du monde ne se tient pas tranquille ; il songe déjà à la période suivant le désengagement. Et avec le temps, si nous n’exprimons pas ce que sont nos objectifs à long terme, les impressions des autres sur l’aspect qu’auront les pourparlers sur le statut final commencent à coaguler et à durcir ».
C’est pour cette raison, explique-t-il, que lui-même et l’analyste politique expert du JCPA Dan Diker, qui est aussi correspondant pour les affaires de la Knesset, et analyste pour Channel 1, ont travaillé derrière la scène dans le monde des idées pour se préparer à la suite du retrait.

Gold critique « les développements serinés à court terme d’Israël - avec un cycle d’informations toutes les six heures », à l’origine de la difficulté à créer et transmettre un message global.

Passant régulièrement à la télévision étrangère comme porte-parole informel du pays, Gold a l’habitude d’avoir à placer des contre-feux tactiques immédiats pour éviter de frapper le foyer sur un plus large point stratégique.

Que voulez-vous dire par ’exprimer nos objectifs à long terme ? Quels sont-ils ?

Depuis 10 ans, si vous demandez à la majorité des Palestiniens ce qu’ils veulent tirer du processus de paix, ils répondront uniformément, « un Etat palestinien avec Jérusalem comme capitale ». Un objectif spécifique bien défini. Au cours des mêmes dix années, si vous demandez à la majorité des Israéliens ce qu’ils attendent du processus de paix, ils disent « hum... la paix ».

Quand un participant a un but défini, et l’autre a un but abstrait, l’avantage est au parti ayant le but défini
N’est-ce pas parce que les Palestiniens essaient d’obtenir quelque chose de concret - un territoire - alors qu’Israël doit maintenir sa légitimité ? Sur quel objectif potentiel autre que la paix Israël devrait se concentrer ?

J’ai participé à de nombreuses négociations avec les Etats Unis dans la présentation des objectifs ultimes d’Israël. Pendant les négociations d’Hébron en 1997, l’équipe américaine a demandé notre avis sur le type d’assurances que nous aimerions obtenir du Secrétaire d’Etat Warren Christopher. Nous avons reçu une lettre d’assurances déclarant qu’Israël avait le droit à la sécurité et à des frontières défendables. Notre idée était qu’une frontière défendable était celle qu’Israël pouvait défendre par lui-même, non pas par une simple garantie de l’OTAN, ou un traité de défense USA - Israël, avec un déclencheur provoquant l’intervention américaine.

Plus tard cette année là, le Premier Ministre Netanyhou me demanda de l’accompagner à la Maison Blanche, où nous avons présenté des cartes donnant une idée approximative de nos objectifs ultimes en termes territoriaux.

J’ai aussi accompagné Ariel Sharon lors de son premier voyage à la Maison Blanche en 2001, et l’ai aidé à préparer la présentation au Président Bush qui s’intéressa aussi à certains de ces points concernant les besoins de défense d’Israël en termes territoriaux.

Quand vous parlez de ’définir nos besoins territoriaux’, signifiez-vous de nouveaux retraits ? A l’opposé des Palestiniens, qui peuvent désirer quelque chose qu’ils n’ont pas, Israël déclare : " nous voulons nous retirer de X, Y et Z. Quoi que nous mettions en avant comme objectif territorial, c’est moins que ce que nous avons maintenant. Correct ?

C’est vrai. C’est moins que ce que nous avons aujourd’hui.

Alors, pouvez-vous encore appeler cela un objectif ?

A moins que nous n’exprimions que nous avons des droits territoriaux sur la rive occidentale pour des frontières défendables, tôt ou tard nous nous retrouverons à lutter sur les frontières de 1967. C’est ce que je veux éviter.

Quand la plupart des gens parlent des liens entre un état palestinien et Israël, ils ont certains points de référence. Par exemple, ils utilisent le terme « Etat palestinien viable ». Ils proclament que les " frontières de 1967 sont absolument nécessaires pour un tel état, parce que toute diminution ne serait pas considérée comme légitime par le peuple palestinien.

De plus, beaucoup d’analystes considèrent la question globale de la rive occidentale et de l’Etat palestinien, et demandent ce que sont ses limitations. La réponse, ce sont les implantations israéliennes. Alors la méthodologie procède ainsi : Comment dessiner une frontière sur la rive occidentale pour rassembler le nombre maximum d’Israéliens sur la quantité minimum de territoire ? Lorsque cette ligne est tracée, ils évaluent qu’une solution est à portée de main.

J’ai été approché il y a deux ans par des membres du congrès, qui disaient : « Quand vous dites ’un Etat palestinien’, la plupart des gens pensent aux frontières de 1967. Personne n’entend le moindre contrepoint à cela ».

Quand le Premier Ministre Sharon a présenté le plan de désengagement au Président Bush le 14 avril 2004, il était parfaitement clair - puisque Arafat était encore vivant - qu’il ne pensait pas qu’il pourrait y avoir un qui pro quo de la part des Palestiniens. Il pensait, cependant, qu’il pourrait y en avoir un de la part des Etats-Unis. Ce qu’il obtint, ce fut une lettre du Président qui parlait du besoin réaliste d’Israël de conserver des blocs d’implantations sur la rive occidentale. Elle utilisait aussi l’expression « frontières défendables ».
J’ai repris cette expression, et bâti une conférence sur ce thème à la Knesset six mois plus tard, en association avec le député Youval Steinitz.

A la conférence, j’ai parlé de la politique des USA - au sujet de la résolution 242, et des « frontières défendables » entre autres - et l’ai utilisée pour une brochure facile d’accès en anglais, avec des extraits de citations et des cartes attractives.

Chacun oublie que la résolution 242 n’a jamais exigé le retrait d’Israël de tous les territoires qu’il a conquis dans la guerre de 1967. En fait, la lutte sur l’expression de la résolution - que ce soit « retrait de territoires », « retrait des territoires », ou « retrait de tous les territoires » - n’était pas du niveau d’une équipe pinailleuse de brouillon à New York.

Une autre raison pour laquelle nous avons choisi le terme « frontières défendables » comme notre mantra a quelque chose à voir avec Itsh’ak Rabin. Un mois avant son assassinat, il présenta l’accord intérimaire de ratification devant la Knesset. Etonnamment, pendant ce discours, il posa les futures frontières d’Israël ! Il parla de la vallée du Jourdain dans le sens le plus large du terme. Il parla des blocs d’implantation. Il parla de Jérusalem unifiée.

Pourquoi est-il important qu’il ait posé les futures frontières ? S’il avait vécu, quelle garantie y a-t-il qu’il aurait respecté son discours ?

Il n’y a pas de garantie. Mais souvenez-vous, ce discours a été prononcé deux ans après le lancement du processus d’Oslo. Si vous reprenez un discours de Rabin de 1976, vous direz, « Et alors » ? Mais il se situe déjà deux ans après Oslo. Ce qui est arrivé, c’est que les successeurs de Rabin ont oublié ce que cet héritage était vraiment. Beaucoup ont pris l’héritage de Rabin, et sont partis avec vers l’extrême gauche. Mais le véritable héritage de Rabin est ce que cet homme a déclaré un mois avant d’être tué.
Aussi, notre initiative repose beaucoup sur son héritage. Et elle a été très bien reçue à Washington.

Qu’est-ce qui est bien reçu en raison des connotations que le nom de Rabin évoque ?

Je crois que c’est parce qu’il y a une soif de compréhension de ce qu’est la ligne non négociable d’Israël. C’est la raison principale pour laquelle nous n’avons pas inclus de carte des futures frontières d’Israël dans notre livret, mais plutôt une description de la carte. Nous avons perçu que si il y avait une carte, les gens retireraient la carte, et jetteraient le reste de l’étude.

Un point important que nous soulignons, c’est l’importance vitale de la vallée du Jourdain. Rabin a parlé de la vallée du Jourdain dans le sens le plus large du terme : pas le lit du fleuve, mais après les pentes orientales de la crête de la colline de la rive occidentale, en partant de la route Allon jusqu’au fleuve Jourdain.

Classiquement, la question du fleuve Jourdain était une réponse à la menace d’une force expéditionnaire irakienne qui pouvait se joindre au front de la coalition à l’est contre Israël, et traverser le royaume hachémite de Jordanie en 36 heures. Aussi vous pourriez dire : « Attendez, la guerre d’Irak a écarté la menace, aussi peut-être Israël n’a plus besoin de la vallée du Jourdain ».

Notre réponse - qui provient de l’ancien chef adjoint du renseignement militaire et actuel directeur de l’école nationale de guerre - est : quelqu’un sait-il ce qui va se produire en Irak dans 5, 10, 15 ans ? La plupart des gens ne savent pas ce qui va se produire dans cinq mois. Alors Israël peut-il développer une stratégie nationale sur la base d’un instantané photographique de la réalité en 2003 ? Où doit-il prendre en compte des possibilités à long terme ?

Deuxièmement, la plupart des gens disent : "Attendez. Vous êtes en paix avec la Jordanie. Pourquoi êtes vous préoccupés avec quelques développements futurs en Irak ou en Iran ?

Bien encore, Je pense que chaque Israélien espère que le royaume hachémite demeurera en place pour toujours avec la monarchie hachémite à sa tête. Mais quelqu’un est-il certain que dans 10 ou 15 ans, le royaume hachémite sera dans sa forme actuelle ?

Mais le fait est que beaucoup d’universitaires et de politiciens israéliens ont déclaré que nous n’avons plus besoin de la vallée du Jourdain. Et les USA voudraient sûrement fonder la stratégie d’Israël sur la « photographie » de la guerre d’Irak. Beaucoup d’universitaires et de politiciens américains déclarent que la menace contre Israël depuis sa frontière à l’est a été écartée.

Je pense que c’est fondamentalement faux. Les Etats-Unis ont besoin de conserver une force militaire pour tous les types de scénarios dans le futur - si la Russie redevient hostile, et que la guerre froide reprend, par exemple, ou si la Chine devient une grande puissance dans 10 ou 15 ans, et défie la suprématie américaine dans le Pacifique. Avec les marges de sécurité étroites d’Israël, Israël n’a-t-il pas droit à ce mode de penser aussi ?

A un niveau plus tactique, parce que j’ai écrit un livre sur l’Arabie saoudite et la montée d’al Qaïda, je suis très sensibilisé aux développements du jihad mondial. Aujourd’hui, il existe une présence régionale d’al Qaïda se développant en Irak, qui s’étend depuis la Syrie vers l’Ouest de l’Irak et le nord de l’Arabie saoudite, et elle est active dans tous ces pays.

Maintenant, je vous promets que si Israël abandonne la vallée du Jourdain, la présence à la fois d’un arsenal de pointe et d’insurgés pourrait faire la liaison avec des organisations palestiniennes comme le Hamas et le jihad islamique sur la rive occidentale, et poser une menace mortelle à Israël.

Les gens demandent : « Où sont les armes de destruction de masse en Irak ? »
Je réponds toujours : « Où sont les missiles expédiés par lance-roquettes portables à l’épaule, les SA7 qui appartiennent à l’armée irakienne. Où est l’arsenal ? Il est parti. Il est entre les mains des organisations terroristes ».

Imaginez un SA7 traversant la vallée du Jourdain vers les collines de la rive occidentale, dirigé vers l’aéroport Ben Gourion !
Voilà pourquoi nous devons conserver la vallée du Jourdain comme Rabin la suggéré dans son dernier discours

Pourquoi la vallée du Jourdain est-elle différente de Gaza ? L’abandon du contrôle de l’axe Philadelphi à l’Egypte ne va-t-il pas laisser la zone ouverte à la présence d’al Qaïda aussi ?

Nous avons décidé dans le groupe de ne pas discuter de Gaza à l’étranger. Gaza est un point d’énorme conflit en Israël. Et nous n’avons pas voulu porter notre débat intérieur aux Etats-Unis. Différentes personnes de notre groupe des « frontières défendables » ont des vues différentes sur la question de Gaza. J’ai mes propres opinions très fortes, mais je ne veux pas en parler maintenant. Je suis concentré sur la prochaine phase. Débattre de Gaza, je l’ai senti à cette étape, était stérile. J’ai senti que si quelqu’un voulait débattre de Gaza, ou parler de ce dont Israël aurait eu besoin à Gaza, cela aurait dû avoir lieu il y a six ans. Aujourd’hui, il faut regarder devant.
Pourtant, beaucoup de questions qui n’étaient pas à l’ordinaire des « points de conflit » en Israël, le sont devenus, même Jérusalem n’échappe pas au débat.

Je dis fermement que Jérusalem ne doit jamais, au grand jamais, être divisé. Les propositions faites à camp David par le Premier Ministre Barak, et ensuite reprises par le Président Clinton, doivent être simplement - ont été - formellement retirées de la table de négociation, et ne doivent jamais y revenir. L’ancien chef du Shin Bet Avi Dichter a dit que la seule manière d’aller aux paramètres Clinton seraient si Ahmed Tibi [député arabe israélien à la Knesset, ndt] devait devenir Premier Ministre d’Israël et Dehamshe ministre de la défense.

Pourquoi votre mantra « frontières défendables », n’inclut-il pas la phrase « avec Jérusalem comme capitale indivisible » ?

Un politicien peut décider de faire cela, mais nous sommes concentrés ici sur une discussion strictement de sécurité. Et puisque des « frontières défendables » sont venues du lexique du Président Bush, et ont été le langage diplomatique américain depuis plus d’une décennie, nous avons perçu que c’était la question convenable sur laquelle nous centrer, à la fois lors de notre premier séminaire à la Knesset, et dans nos présentations à l’étranger.

Des « frontières défendables » ne prêtent-elles pas à une large interprétation ?

Je crois que tous ceux qui sont concernés par la sécurité d’Israël peuvent se placer sous la tente de « frontières défendables », qu’ils soutiennent qu’Israël conserve 20 % ou 50 % de la rive occidentale.

De même, j’ai trouvé qu’à Washington il y a toujours le danger que le dernier ensemble de propositions qui ont été mises sur la table de négociation peut revenir vous hanter. Ainsi, alors que le Président Clinton lui-même a déclaré que les paramètres Clinton sont hors de la table - et le Président Bush a dit qu’ils sont hors de la table - cependant, le fantôme de ces propositions est toujours voletant au-dessus du discours sur les futures frontières d’Israël. Et nous devions agir contre cela.

Ce fantôme hante-t-il la carte routière ?

La carte routière [ou ’feuille de route’, ndt] ne dit rien sur la question des frontières. Mais beaucoup d’anciens officiels de l’administration pourraient dire que la carte routière est en accord avec les propositions Clinton.

Ce que j’essaie de faire ici, c’est de briser l’emprise de ceux qui verrouillent notre futur pour un retrait proche des frontières de 1967.
L’argument mis en avant serait que si Israël se retirait sur les frontières de1967, les Palestiniens ne seraient plus hostiles, et ainsi ces frontières seraient défendables.

Ce qu’Israël à trouvé en 10 ans de négociations et d’exécution des accords d’Oslo, ça a été que le côté palestinien a constamment violé ses responsabilités en matière de sécurité envers Israël. Et il n’y a pas d’excuse pour justifier le soutien aux attaques terroristes contre des civils israéliens parce que des négociations ont ralenti, ou parce qu’il y avait un fossé infranchissable sur un point spécifique. Ce que Israël a appris, c’est que dans tout accord avec nos voisins, nous devons avoir un réseau de sécurité dans l’hypothèse où l’autre partie échoue à respecter ses responsabilités de sécurité.

Je crois qu’il est juste de dire que tout accord que Israël négociera avec les Palestiniens dans l’avenir doit prendre en compte le non respect par les Palestiniens. S’il déclare que vous ne pouvez pas envoyer des missiles tirés à l’épaule, on fera une contrebande de missiles tirés à l’épaule. Et si Israël croit que les Palestiniens respecteront à la lettre tout accord futur, c’est vivre dans un monde rêve.

Diriez-vous que rien de ce qui est sur la table à Washington, Ramallah ou Jérusalem ne concerne vraiment le territoire ?

Cela concerne le territoire, parce que la communauté internationale, à travers la résolution 242, a créé la formule pour une paix acceptable : c’est Israël qui échange une part du territoire conquis pendant la Guerre des Six Jours contre un traité de paix totale avec ses voisins, de façon à ce que toute partie arabe qui veut contribuer au processus de paix dans le futur doive se tenir aux paramètres de la 242.

Nous savons qu’il existe des indices d’intentions résiduelles à l’extérieur, qui pourraient être hostiles et doivent être prises en compte. Par exemple, dans les deux dernières années, le tracé de la barrière de sécurité de 2005, approuvé par le cabinet, a été rapproché de la ligne verte. Cela signifie que des zones d’où un missile SA7 pourrait être lancé sur le trafic aérien de l’aéroport Ben Gourion sont désormais en deçà de la barrière de sécurité.

Comment Israël remédie à cela ? En patrouillant dans la zone. Mais cela montre clairement que la barrière de sécurité ne peut devenir la frontière. La barrière de sécurité aujourd’hui, avec son nouveau positionnement - et après des changements répétés de politique du gouvernement - répond à une menace et une seule : l’infiltration par des démocides à la bombe. Mais si les Palestiniens veulent utiliser des mortiers, comme ils l’ont fait très efficacement à Gaza, ou s’ils veulent utiliser des roquettes Kassam, ou des missiles tirés à l’épaule pour abattre un avion, elle ne répond pas à ces menaces.

Aussi, je dirais que si nous parlons de frontières défendables dans le futur, nous devons fournir une sécurité adéquate pour la partie la plus importante de l’infrastructure nationale d’Israël. Cela inclut la route 443, la deuxième autoroute Jérusalem - Tel Aviv, qui est aussi au-delà de la barrière de sécurité à présent.

Sharon a-t-il vu votre livret ?
Sharon a reçu deux exemplaires lors de son voyage en amérique.

Binyamin Netanyhou l’a-t-il vu ?
Bibi en reçu des copies aussi.

Lequel d’entre eux d’après vous sera le plus réceptif aux frontières que vous soulignez ?

Le « Jerusalem Center » [JCPA] et son initiative des « frontières défendables » n’entre pas dans la politique de l’Etat d’Israël sur le plan des personnes. Nous participons au combat des idées. Et aujourd’hui, ceux d’entre nous qui sont derrière cette initiative ont eu pour souci les droits légaux d’Israël de modifier les lignes d’armistice de1949, de façon à obtenir des frontières défendables - ces droits légaux ont été perdus pour beaucoup de gens. A partir de là, nous sommes confrontés à une très réelle perspective de nous trouver sous une pression internationale, ou des initiatives internationales dans le futur, pour essayer de nous faire rouler tout près des frontières de 1967. Nous avons vu la tragédie liée au déplacement de 8.000 personnes hors de la bande Gaza. Nous parlons ici de plus de 200.000 personnes sur la rive occidentale.

En tant que personne centrée sur les idées, diriez-vous que le désengagement se moque, ou va à l’encontre de la doctrine Bush ?

Il s’agit d’une question à part parce qu’elle interroge la question « la démocratie est-elle un élément de sécurité ? ». Dans cette étude, nous n’avons même pas approché ce sujet. La démocratie, franchement, peut prendre de nombreuses années à se développer. Nous voyons que nous ne pouvons construire la démocratie en une nuit en Irak. Et chez les Palestiniens, vous pouvez toujours avoir la tenue formelle d’élections, mais cela ne signifie pas que vous réussissez le test du « jardin public » de Sharansky. Cela peut prendre 5, 10, 15 ans. Dans le même temps, Israël a de très réelles menaces et a besoin de très réelles mesures de sécurité pour s’en défendre.

Décrivez votre carte d’Israël dans le futur.

J’insiste sur la vallée du Jourdain ; j’insiste sur les zones proches de l’infrastructure israélienne vitale, comme l’aéroport ; j’insiste sur le périmètre défensif de Jérusalem, qui bien sûr, intègre une Jérusalem unifiée, mais inclut un élargissement à la fois dans les parties nord et sud du corridor de Jérusalem, et venant au-delà de Ma’aleh Adoumim à l’est. Nous mentionnons cependant, que ce sont là des considérations de sécurité. Nous ne parlons pas de Hébron, parce ce n’est pas une question de sécurité. C’est une question nationale, religieuse, sentimentale, mais pas une liée à la sécurité.

Je vais vous donner deux scénarios : après le désengagement, des membres du Quartette viennent à Washington et disent : « Regardez, nous avons un très sérieux problème avant les élections de janvier pour l’Autorité Palestinienne. Abu Mazen est trop faible, le Hamas gagne de la force ; la façon de le renforcer est de lui donner ’un horizon politique’. Il ne suffit pas qu’il obtienne un Etat palestinien. Il doit aussi savoir quel aspect va avoir cet état - quels sont ses contours territoriaux ». Alors il pourrait être proposé que le quartette prenne une position unifiée pour que l’Etat palestinien soit fondé sur les frontières de 1967. Quoique les mots « fondés sur » laissent à Arik Sharon une très faible marge pour se tortiller.

Selon moi, les Etats Unis devraient rejeter un tel effort pour quantité de raisons, mais pour une en particulier, parce c’est contraire à la lettre de bush à Sharon.

Deuxième scénario : nous sommes en 2008. Israël et les Palestiniens sont à Camp David III. Les Palestiniens et Israël sont dans une impasse sur les questions territoriales. Les Palestiniens se tournent vers les USA dans l’espoir que les USA imposeront un retrait sur les lignes d e1967. Du fait de la lettre de Bush, les USA déclareront : « Si vous nous le demandez, la position américaine est qu’Israël a le droit à des frontières défendables et il est réaliste qu’il conserve des blocs d’implantations ».

Qu’en sera-t-il si Hillary Clinton devient Présidente ? La lettre de Bush sera-t-elle respectée ?

Il existe une continuité des garanties présidentielles. De tels engagements ont été démontrés historiquement capables de survivre si vous y insistez. Si vous les laissez tomber, allez dans un musée, et ramassez de la poussière, alors c’est ce qui leur arrivera.
Ainsi, vous faites renaître l’héritage de Rabin, que vous déclarez avoir été mal compris ?

Après son assassinat, toutes sortes de gens ont revendiqué l’héritage de Rabin. Son héritage est fondé sur le plan Allon - une version modifiée de celui-ci. Donc, ce dont nous parlons est de la renaissance d’un nouveau consensus israélien qui peut faire la liaison entre la Droite et la Gauche, et peut servir de base pour préserver ce qui a toujours été nos intérêts vitaux en Judée et Samarie.

Aussi bien la Gauche et la Droite comprennent qu’il y a des installations de sécurité vitales pour Israël sur la rive occidentale. Mais la Gauche déclare qu’elle peut installer des stations d’alerte et des brigades sur le sol de l’Etat palestinien. La Droite a déclaré que nous devons conserver la souveraineté sur ces territoires. Au pire, et cette thèse a été testée à Camp David en 2000 - c’est là que Barak rompit le plan Rabin - Dahlan rejeta complètement l’idée d’un déploiement militaire israélien sur le sol d’un Etat palestinien souverain.

C’est une autre raison pour laquelle nous devons revenir à l’idée de frontières défendables. Il est simplement intenable de protéger les intérêts d’Israël sur un territoire palestinien souverain.

De même, notre histoire a montré que ces arrangements s’usent facilement avec le temps. Les Palestiniens ne l’accepteront pas ; à Hébron, cela a aussi été essayé ; ça n’a pas marché. Certains diront : « Hé, attendez. N’avons-nous pas eu des forces américaines en Allemagne pendant la guerre froide ? » Mais dans le cas de l’Allemagne et des USA, vous aviez la menace mutuelle de l’Union soviétique, et il n’y a rien de comparable aux divisions du Pacte de Varsovie pour concentrer votre attention. Les Palestiniens ne voient pas Israël comme un partenaire stratégique contre une menace commune. Ils considèrent Israël comme un Etat dont ils veulent se débarrasser de l’existence.



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