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Plus de Premier ministre palestinien : après quelques voltes-faces, la démission de Rami Hamdallah est finalement acceptée
Hélène Keller-Lind
Article mis en ligne le 24 juin 2013

Cette fois, ça y est : la démission présentée au bout de quatorze jours par le nouveau Premier ministre palestinien, Rami Hamdallah, a été acceptée par Mahmoud Abbas. Après beaucoup de palabres et alors qu’on annonçait son retour. Il aura donc perdu, semble-t-il, la bataille qui l’opposait à ses deux vice-Premier ministres qui voyaient en lui une simple marionnette et voulaient s’accaparer le pouvoir. Saura-t-on, toutefois ce qui s’est réellement joué ? Peut-être ce Recteur d’université a-t-il pris conscience de l’étendue de la corruption au cœur de l’Autorité palestinienne, que vient de dévoiler un rapport, et de ses blocages, ce qui rendait sa mission impossible. Dahlan dénonce les blocages palestiniens...

L’affaire en quelques dates : démission de Salam Fayyad, nomination de Rami Hamdallah, geste politique à Jérusalem, départ, tergiversations, départ définitif

Le 13 avril 2013 la démission de Salam Fayyad qui voulait quitter son poste de Premier ministre palestinien était acceptée par Mahmoud Abbas, chef de l’Autorité palestinienne bien que son mandat, qui s’achevait en 2009 n’ait pas été reconduit par un vote remis sine die. L’économiste donnait les raisons de sa décision notamment dans une interview au New York Times. En gros, il lui avait été impossible de redresser une situation à la fois cacophonique et catastrophique qu’il avait constatée dans les semaines ayant suivi sa prise de fonction. Situation due à une gestion et un processus de prises de décision calamiteux sous le règne de Mahmoud Abbas. Dans ce qui n’a rien d’une ébauche d’un État moderne en devenir, comme on l’entend pourtant souvent dire, mais relève d’une société tribale.

Le 3 juin le Recteur de l’Université Al-Najab de Naplouse était nommé au poste vacant. Sous sa gestion et dans un premier temps l’Université s’était distinguée comme étant une pépinière de terroristes, elle avait organisé un spectacle hideux et gore glorifiant les attentats-suicide, notamment celui de la Pizzeria Sbarro à Jérusalem. Plus récemment lors des élections estudiantines le Hamas semblait être en perte de vitesse quoi que toujours très présent et y représentant plus d’un tiers des étudiants

Le 6 juin, lors de sa prise de fonction, le nouveau Premier ministre palestinien s’engageait à « suivre la politique de Mahmoud Abbas », dont on le disait d’ailleurs proche. Le Hamas déclarait sa nomination « illégale », confirmant ainsi qu’un accord entre frères palestiniens ennemis n’était pas prêt d’être conclu.

Le 16 juin Rami Hamdallah se rendait à la mosquée Al-Aksa sur le Mont du Temple à Jérusalem ainsi que dans un hôpital islamique caritatif, « accompagné, entre autres responsables, du gouverneur de Jérusalem, Adnan al-Husseini, du Grand mufti de Jérusalem, Mohammed Husseini – connu pour sas diatribes antisémites-, du ministre de la Santé ». Et il déclarait que « Jérusalem et ses lieux saints sont une priorité essentielle pour le cabinet ministériel de l’Autorité palestinienne » . Il s’inscrivait dans le droit fil de l’instrumentalisation palestinienne de Jérusalem qui tente ainsi de rameuter le monde arabo-musulman contre l’État hébreu

Le 20 juin on apprenait qu’il avait quitté son bureau de Premier ministre en claquant la porte, laissant là sa voiture de fonction et qu’il présentait sa démission

S’en est suivi un ballet de délégations envoyées par Mahmoud Abbas pour le faire revenir sur sa décision ainsi que deux rencontres avec le Président lui-même. Et le 22 juin plusieurs sources affirmaient que le Premier ministre démissionnaire avait renoncé à sa démission qui aurait été provoquée par les ambitions des deux vice-Premiers ministres. Il semblait que Rami Hamdallah s’était laissé convaincre, avait eu des assurances quant à ses domaines de compétence. Annonce relayée dans les colonnes de desinfos avec un bémol puisque ce revirement était qualifié de « pour l’heure », la prudence étant de mise dans ce climat volatile..

Et, effectivement, le 23 juin on apprenait officiellement que la démission du Premier ministre avait finalement été acceptée. L’agence officielle palestinienne Wafa News l’annonçant de manière laconique. Préisant que Rami Hamdallah va assurer l’intérim en attendant la nomination de son successeur...

Quant aux véritables raisons de cette démission, si, effectivement plusieurs sources confirment que les deux vice-Premiers ministres ont pu estimer que Rami Hamdallah n’était qu’un homme de paille, le réel pouvoir leur revenant, on peut supposer qu’il y a eu aussi d’autres raisons à ce départ si précipité. Sans doute, cet universitaire s’est-il rendu compte en quelques jours de la profondeur de l’abîme creusé par l’Autorité palestinienne dont la mauvaise gestion, la corruption, avaient poussé Salam Fayyad à la démission.

Pour Mohamed Dahlan, il faut mettre fin au monopole de la présidence qui sert ses propres intérêts

D’ailleurs, à l’annonce de la démission de Rami Hamdallah, Mohamed Dahlan, ancien homme fort du Fatah dans la Bande de Gaza, membre du Conseil Législatif palestinien, s’est exprimé dans ce sens, la qualifiant de : « résultat naturel de l’insistance de la part du leadership palestinien de reproduire les mêmes erreurs...tout gouvernement actuel ou à venir échouera si toutes les tâches centrales restent le monopole de la présidence et sont vouées à servir ses intérêts ». L’agence de presse Maan News, qui rapporte ses propos, ajoute que selon lui les intérêts du peuple palestinien ne devraient pas être gérés « par des outils égocentriques ne donnant pas la priorité à l’intérêt public ». Le problème n’étant pas, selon lui, de savoir qui a été ou sera Premier ministre, car dit-il, même si tous les experts dans le monde travaillaient ensemble ils ne parviendraient pas à remédier à la situation. Il estime donc que les Palestiniens devraient avoir le courage « de revoir certaines bases de l’Autorité palestinienne qui sont devenues inadaptées ».
Mohamed Dahlan concluant que l’Autorité palestinienne doit être renforcée en construisant des institutions « plutôt que de dépendre d’individus », ce qui est la seule manière de contrer pressions extérieures et crises interne

Les chances d’une relance des négociations de paix voulue par John Kerry s’éloignent de plus en plus

On peut ajouter à ces critiques le refus de l’Autorité palestinienne d’engager de véritables négociations avec Israël, une incitation perpétuelle et systématique à la haine et la violence anti-israéliennes bien peu propices à toute idée de paix. Et donc de prospérité pour les Palestiniens condamnés, pour l’heure et pour la plupart, à des conditions de vie peu satisfaisantes alors que leurs dirigeants vivent dans l’aisance...

C’est sur cette trame que John Kerry doit revenir une nouvelle fois dans la région pour tenter de relancer des négociations de paix, quatre milliards de dollars ayant été promis pour quatre millions de Palestiniens pour ce faire ...



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