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L’ancien ambassadeur tunisien Mezri Haddad veut faire du procès que lui intente une vedette d’Al-Jazeera à Paris le 19 juin « celui de l’antisémitisme islamiste »
Hélène Keller-Lind
Article mis en ligne le 16 juin 2013

Le 5 février 2013 au cours de l’émission de France 3 « Ce soir ou Jamais » consacrée au Qatar, l’ancien ambassadeur de Tunisie auprès de l’UNESCO, Mezri Haddad, dénonçait ce qui semblait bien être une prise de position pro-hitlérienne, mâtinée d’antisémitisme de la star de la chaîne qatarie Al-Jazeera, Khadija Benguenna. Plusieurs articles y avaient été consacrés et une de ses consœurs algérienne la félicitait de « dire tout haut ce que pensent tout bas les musulmans ». Mais, invoquant l’usurpation de son nom pour une page Facebook pourtant toujours ouverte, la star a traîné l’ancien ambassadeur devant la 17ème chambre à Paris, l’accusant de diffamation.

Une photo de soldats musulmans accompagnée d’un commentaire à la gloire d’Hitler, antisémite et révisionniste

L’affaire débute en janvier dernier quand une photo d’archive datant de la seconde guerre mondiale, accompagnée d’un commentaire qualifié de « communiqué de presse, première partie » étaient postés sur la page Facebook de l’avocate tunisienne Raja Haj Mansour. Elle précisait qu’ils venaient de la Page Facebook de la star de la chaîne qatarie Al-Jazeera, Khadija Benguenna – nom qui s’orthographie de plusieurs manières -, en approuvait la teneur et en donnait le lien. Après vérification, cette photo se trouvait bien sur une page Facebook portant ce nom, avec, par ailleurs, une quantité de photos de celle-ci. Page toujours ouverte, d’ailleurs, même si photo et commentaires incriminés en ont disparu.

Sur la photo en noir et blanc, des soldats en prière, « des musulmans bosniaques et des djihadistes de Tchétchénie qui ont vécu sous l’oppression du régime communiste et de la laïcité aussi bien en Yougoslavie qu’en Union soviétique de l’époque » et qui « avaient alors été privés du droit de prier...leurs mosquées avaient été détruites », était-il précisé. Quant au communiqué, il faisait l’éloge d’Hitler pour avoir été « très tolérant envers les musulmans et » avoir eu « des oulémas [sages] musulmans parmi ses conseillers ». (Parmi eux le Grand Mufti de Jérusalem, Husseini, un fervent d’Hitler qui encouragea le massacre des Juifs. ). Éloge aussi de « la victoire des Allemands » qui « a été l’occasion pour eux de s’allier avec ceux-ci parce qu’ils ont retrouvé la liberté d’exercer leur foi islamique ».

Cet éloge d’Hitler avait de quoi choquer...mais l’ode à la liberté d’exercer sa foi islamique n’étonnait guère venant, semblait-il, d’une journaliste algérienne qui a choisi le Qatar et la chaîne Al-Jazeera, fondée par l’émir du Qatar, membre des Frères musulmans, et a troqué une tenue moderne pour un voile et des robes de sirènes très couvrants, même si elle prend soin de toujours les choisir des plus seyants.

Mais le commentaire allait plus loin, se faisant accusateur : « mais, étant donné que les médias sont entre les mains des Juifs, ces derniers ont occulté cette vérité et ils ont concentré leurs efforts sur l’Holocauste en exagérant beaucoup sur le sujet. » On avait donc là à la fois antisémitisme et révisionnisme dans une seule phrase.

Des articles en réaction, un démenti de l’intéressée, un éloge d’une consœur algérienne

Il y eut plusieurs réactions. Avec un article de Souhail Ftouh publié par Dreuz.info qui suscita de très nombreux commentaires. Un article publié sur desinfos.com où d’autres éléments postés sur cette page étaient également signalés, comme l’appel au jihad contre Israël. L’information se répandit alors sur Internet...

Le 31 janvier le site Echoroukonline rapportait un démenti de l’intéressée assorti d’accusations : « La journaliste algérienne d’Al Jazeera a rejeté en bloc ces propos rapportés par de nombreux sites électroniques en affirmant que la personne qui a glorifié Hitler et son humanisme en s’appuyant sur une photo de soldats en train d’accomplir la prière est un « usurpateur » et qu’elle n’a plus jamais publié ce genre de photos ou de propos sur son propre compte. Benguenna a écrit en revanche sur son compte facebook : « Que la paix soit sur vous… Je vous prie de ne plus croire à ses propos qui ne sont pas les miens. Je vous informe que j’ai demandé de la direction facebook de supprimer le compte de 15 personnes qui ont usurpé mon identité » .

On notera toutefois qu’elle ne condamnait pas cette apologie du nazisme, ni l’antisémitisme ou le révisionnisme contenus dans le commentaire...Par ailleurs, la page Facebook citée dans l’article de desinfos.com est toujours d’actualité alors que la journaliste affirme avoir fait fermer les pages usurpant son nom...et on y trouve toujours des photos particulièrement gore remarquées lors de la visite de la Page faite en janvier dernier...

Le 28 janvier, le site l’Expression, publiait un article d’une consœur algérienne de la vedette d’Al-Jazeera, Amira Soltane. Ne doutant pas de la provenance de la photo et du commentaire, celle-ci soulignait que Khadija Benguenna « est avant tout musulmane et anti-sioniste », estimant que «  : « son crime de lèse-majesté a été d’exprimer tout haut ce que tous les musulmans pensent tout bas »... »->http://www.desinfos.com/spip.php?pa...]

Une animosité envers Israël et les pro-Israël bien connue

L’animosité de la vedette vis-à-vis d’Israël ou des sionistes est connue. Pour preuve cet échange publié dans le cadre de l’émission « Rendez-vous avec la parole » : « Interrogée sur son sentiment quand elle interviewe des personnalités politiques israéliennes ou pro-Israël, elle a avoué que “au départ, je refusais de le faire, mais avec le temps, j’ai compris que ce comportement n’était pas professionnel et que ce n’est pas cela qui changera mes convictions politiques.”

Quant à Sara Daniel – connue pour avoir accusé mensongèrement les soldats israéliens de violer des Palestiniennes dans un article plagiat pour les faire exécuter ensuite par leurs famille.... -, elle cite Khadija Benguenna interrogée à propos d’Al-Jazeera. Réponse de celle-ci : « j’ai un point de vue plus modéré que certains de mes collègues concernant les mouvements islamistes...Mais eux se réfèrent aux Frères musulmans, un mouvement structuré, encadré par des oulémas, tandis que chez nous [ ndlr en Algérie ] les islamistes n’ont aucune culture ». Pour savoir que penser des Frères musulmans il faut voir le documentaire que leur a consacré Michael Prazan qui a été programmé sur France 3..

Et Sara Daniel poursuit : « elle s’entend bien avec la majorité de ses collaborateurs du JT. « Il faut dire que sur l’essentiel nous pensons tous la même chose. » L’essentiel ? Le martyre du peuple palestinien. Qu’ils soient nationalistes ou islamistes, beaucoup de journalistes acceptent avec difficulté la politique « normalisatrice » d’Al-Jazeera, qui donne la parole aux dirigeants israéliens. Pour eux, voir le nom d’Israël écrit sur les cartes de la région diffusées à l’antenne, c’est déjà le signe d’une capitulation ». Voilà qui est à la fois clair et révélateur...

L’ancien ambassadeur Mezri Haddad dénonce ces propos et veut que « ce procès soit celui de l’antisémitisme islamiste »

L’affaire prit une toute autre tournure lorsque l’ancien ambassadeur de Tunisie auprès de l’UNESCO, Mezri Haddad, dénonça les propos de la vedette de cette chaîne qatarie au cours d’une émission de France 3, « Ce soir ou jamais » ayant pour thème « Le Qatar, ami ou ennemi No 1 ? »
Cet homme de lettres, Docteur en philosophie politique (Sorbonne), licencié en histoire et sociologie, a été journaliste, universitaire et enfin ambassadeur de son pays auprès de l’UNESCO, poste dont il a eu le courage de démissionner avant la chute de Ben Ali le 14 janvier 2011. Au sein de cette organisation onusienne, il se distinguait par son franc-parler et la qualité hautement intellectuelle de ses interventions. Son sujet de prédilection, le dialogue des religions et des civilisations, non guère celui qui est basé sur une hypocrisie réciproque et la « tolérance », mais celui qui est fondé sur la connaissance, « la connaissance de l’autre dans ce que l’autre pense de lui-même ; la connaissance du judaïsme et du christianisme dans leurs propres corpus fondateurs et non point selon la vision coranique ».

Ce philosophe devenu ambassadeur a écrit de nombreux essais et articles. Il se distingue également par sa culture, son sens de l’a propos, une grande honnêteté intellectuelle et ses combats. L’un étant pour la Tunisie, un pays qu’il ne veut pas voir ruiné par les islamistes, un autre étant celui qu’il mène contre l’antisémitisme. A ce propos il dit : « j’ai baigné dans cette culture qui enracine en vous la haine du juif. J’en avais été victime moi-même jusqu’au jour où le vaccin du père a réagi. En effet, ce n’est pas à la Sorbonne que je dois ce combat contre l’antisémitisme, mais à mon vieux père qui était d’un grand humanisme. En Tunisie, il n’a eu qu’un vrai ami toute sa vie : Jacques Berrebi, le médecin juif qui soignait gratuitement les musulmans pauvres ». L’un des meilleurs articles écrits par Mezri Haddad sur cette question qui reste taboue dans le monde musulman a été « La Shoah, second péché originel ou l’humanisme en question », publié dans le magazine tunisien Réalités, le 15 octobre 2005.

D’ailleurs, lors de l’attentat de Djerba il avait clairement dénoncé dès le départ le caractère antisémite de l’attaque menée contre la synagogue de Djerba. C’est Le Figaro qui avait publié son article « Les leçons d’un attentat » . Ce qui n’était pas alors politiquement correct du tout car cette attaque terroriste avait été présentée dans un premier temps par le gouvernement tunisien comme un accident ; et ce qui lui a valu, se souvient-il, « une grosse colère de Ben-Ali, que ses conseillers avaient remonté contre moi. A l’époque, j’étais chargé de mission auprès du président, un titre que j’ai perdu à cause de Djerba, pour devenir « chargé de mission auprès de la présidence ».. » ! La culpabilité des islamistes membres d’Al-Qaïda fut ensuite démontrée et reconnue en Tunisie, en France et en Allemagne.

Dès lors on imagine son courroux en découvrant les propos de la vedette d’Al-Jazeera, chaîne désormais honnie car perçue par la majorité comme ayant été un vecteur considérable d’instabilité, dans tous les pays où l’islam politique a échoué, dont la Tunisie, son pays. Propos qu’il dénonçait devant Frédéric Tadéi sur le plateau de « Ce soir ou Jamais »

La vedette d’Al-Jazeera a alors décidé de trainer Mezri Haddad devant la 17ème Chambre correctionnelle du Palais de Justice de Paris, spécialisée dans les affaires de droit de la presse, diffamation publique, liberté d’expression. Elle l’accuse de diffamation et calomnie. Le procès s’ouvrira le 19 juin 2013. Mezri Haddad déclare aujourd’hui : « Par-delà cette présentatrice voilée dans tous les sens du terme, je veux que ce procès soit celui de l’antisémitisme islamiste ». Et « il serait grand temps de le faire », conclue-t-il.



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