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La Tunisie, à l’ombre du Qatar, dit non au Hezbollah local mais oui au Hezb Ettahir en mal de Califat
Hélène Keller-Lind
Article mis en ligne le 31 mai 2013

La Tunisie vient de refuser d’autoriser la création sur son territoire d’une filiale tunisienne du Hezbollah, mouvement terroriste chiite libanais. Qui est également très mal vu par le Qatar, fief des Frères musulmans sunnites, l’un des bailleurs de fonds du pays du jasmin, d’autant qu’ils s’affrontent actuellement par combattants interposés en Syrie. Pourtant des mouvements tels que le Hezb Ettahir – parti de la libération-, mouvement salafiste qui veut instaurer un Califat mondial, interdit sous l’ex-président Ben Ali, a droit de cité. Il prépare actuellement un Congrès pour le 22 juin à Tunis.

Pas d’existence officielle pour le « Hezbollah Tunisie »

Le « Hezbollah Tunisie », filiale du parti de Dieu libanais chiite, organisation terroriste reconnue comme telle par nombre de démocraties telles que les États-Unis ou le Canada mais pas encore par l’Union européenne, s’est vu refuser l’autorisation d’exister officiellement en Tunisie. On l’apprend de diverses sources, dont Kapitalus qui précise que « Selon Seifeddine Laâjili [ son fondateur ], il y aura quelques transformations dans le texte relatif à la fondation du parti, dont le nom sera remplacé par Hezb Al-Oumma (Parti de la Nation [musulmane]). Une 2e demande sera déposée dans les jours qui viennent. ». Il sera intéressant de voir comment sera reçue cette demande hypocrite.

Ce qui est reproché à ce parti serait que « Hezbollah Tunisie représente le Hezbollah libanais, parti chiite et armé ». On notera que le terme terroriste n’est pas utilisé, mais peut-on demander à des journalistes tunisiens de faire mieux que l’Union européenne ? Autres raisons invoquées : « le Hezbollah Tunisie se donne pour objectif l’instauration du califat et il ne respecte les fondements de l’Etat tunisien ». Ce que sont aujourd’hui les fondements de l’État tunisien n’est pas très clair en l’état actuel des choses, le pays n’ayant pas encore déposé sa nouvelle constitution attendue pour l’été. On ignore d’ailleurs si elle incluera la crimininalisation des relations avec Israëlcomme cela avait été prévu.

Le Hezb Etthair salafiste qui veut instaurer un Califat prépare son Congrès pour juin

En revanche, en ce qui concerne « l’instauration du califat » on s’étonne que cela puisse être une raison de refuser une autorisation au Hezbollah étant donné qu’un autre parti tunisien prépare actuellement à coup de meetings divers un Congrès sur ce thème pour le 22 juin à Tunis. Il s’agit de Hezb Etthair, un parti salafiste sunnite mondial, d’origine pakistanaise, qui se décrit en ces termes : « son idéologie est l’islam...et il veut restaurer le Califat. La pensée islamique est l’âme de son corps, située en son cœur et le secret de sa vie ». Quant à son but il est, dit-il, « de restaurer la Oumma islamique tombée dans un déclin grave et la libérer des pensées, systèmes et lois du Kufr – infidèle, connotation péjorative - ainsi que de la domination et de l’influence des États Kufr. Il a aussi pour but de restaurer le Califat islamique pour que revienne la gouvernance de ce qu’a révélé Allah ».On notera que le sigle de ce parti représente le monde où est planté le drapeau salafiste noir et blanc, portant la profession de foi musulmane.

Parmi les meetings préparatoires ils auront pour thème, par exemple, « Califat et errance » ou « la sécurité du pays et des habitants ». Quant à la conférence que donnera le chef du parti Ridha Belhaj, samedi 1erjuin à Djerba, - où vit une communauté juive de quelque 900 personnes – elle est intitulée :« Pour que l’Etat devienne islamiste ».

En 2012 le chef de ce parti déclarait « nous instaurerons le Califat et ferons la guerre à Israël »

Oui au Hezb Etthair, non au Hezbollah : cherchez le Qatar

La question qui se pose est de savoir pourquoi le « Hezbollah Tunisie » n’a pas reçu l’autorisation lui permettant d’exister légalement alors que le Hezb Etthair, lui, fonctionne tout à fait légalement depuis la révolution tunisenne. Et c’est là que l’ombre du Qatar se profile.Qatar qui subventionne largement le gouvernemnt islamiste dominé par le parti Ennahada, appartenant aux Frères musulmans, comme le Qatar. Dans l’excellent documentaire de Michaël Prazan on voyait d’ailleurs dans le quartier général de la Confrérie le chef de ce parti tunisien, Rached Gannuchi, figurer parmi la quinzaine de dirigeants de ce mouvement sunnite attaché à la Sharia. Il était en bonne place à côté d’un des chefs du Hamas, branche gazaouie de la Confrérie, reconnue comme organisation terroriste.

Or, le Qatar se bat actuellement en Syrie par combattants interposés avec le Hezbollah qui s’y bat pour soutenir Bashar al-Assad pour le compte de l’Iran. Le Président syrien estime d’ailleurs que le Qatar est « le banquier du terrorisme » dans une longue interview accordée le 30 mai à la chaîne de télévision de ce groupe. Par terroristes il veut dire les rebelles qui combattent son armée. Et dont une partie appartient à des groupes jihadistes. Le Hezbollah étant, selon lui, des résistants. L’ennemi véritable étant Israël, bien entendu Slogan qui réunira toujours les frères ennemis....

La Tunisie ne pouvait donc autoriser un mouvement chiite, inféodé à l’Iran, à fonctionner officiellement sur son territoire. D’ailleurs, de jeunes jihadistes tunisiens sont allés se battre par centaines contre l’armée syrienne. Certains accusant le parti Ennahda de les y avoir envoyés. Mais, pour l’heure, il ne semble toutefois pas être question d’interdire le parti de Dieu...



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