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Un des nouveaux mythes dans le monde arabe : un « complot américano-israélo-wahhabite »
Hélène Keller-Lind
Article mis en ligne le 18 mai 2013

La caricature antisémite publiée sur la page Facebook d’un groupe tunisien militant contre « l’expansion salafiste wahhabite » pourrait être qualifiée de « classique ». Mais sous les traits d’un rabbin maléfique aux airs de rongeur on découvre le prédicateur salafiste qatari Quaradawi. Celui-là même qui avait été interdit de territoire français lorsqu’il avait été invité par l’UOIF. C’est qu’un des thèmes apparus dans les bouleversements du monde arabe est l’existence de ce qui serait un « complot américano-israélo-wahhabite » fomenté contre les dirigeants laïques des pays arabes.

Militer contre le phénomène de l’expansion salafiste wahhabite takfiriste

Cette Page Facebook de l’extrême gauche laïque anti-islamiste tunisienne a près de 12.200 fans, un chiffre non négligeable. Le groupe d’extrême gauche laïque milite contre le phénomène de l’expansion salafiste wahhabite takfiriste, qui s’arroge le droit de juger qui est ou n’est pas musulman, que l’on voit s’étendre dans une grande partie des pays arabes sunnites. Sous l’impulsion des monarchies sunnites des pays du Golfe, à savoir l’Arabie saoudite et le Qatar.

Un soi-disant complot « américano-israélo-wahhabite » et le cas de la Syrie

Or cette Page colporte un mythe bien présent aujourd’hui dans les pays arabes qui voudrait que cette expansion salafiste soit mise en œuvre dans le cadre de ce qui serait un accord secret, ou complot, américano-israélo-wahhabite. Ayant pour but de mettre en place des régimes salafistes purs et durs dans les pays touchés par ce qui fut qualifié hâtivement de « printemps arabe » pour remplacer les dirigeants soit déjà déposées, comme en Égypte ou en Tunisie, soit mis en difficulté comme c’est aujourd’hui le cas en Syrie. Où s’affrontent dans des combats particulièrement sanglants le dirigeant en place, Bashar al-Assad et des groupes rebelles disparates dont une partie est affiliée au mouvement terroriste Al-Qaida.

Ces combattants rebelles sont soutenus par le Qatar et l’Arabie saoudite qui envoient armes et argent. Quant à la Coalition nationale des forces de l’opposition et de la révolution syrienne, représentant l’opposition officielle, née notamment à l’instigation des États-Unis et de la France, qui les soutiennent en « matériel non létal, humanitaire et médical », elle est soutenue par le Groupe des Amis de la Syrie, qui se réunissait dernièrement à Istanbul. Qatar et Arabie saoudite font partie de ce groupe de onze Amis. On y trouve également la Jordanie et les Émirats arabes unis, considérés comme modérés.

Du fait que États-Unis, Qatar et Arabie Saoudite œuvrent de concert à l’intérieur de ce groupe a contribué à donner naissance à un mythe selon lequel il y aurait un accord entre trois composantes : les États à dominante salafiste, soit Qatar et Arabie saoudite, États-Unis et Israël. Bien que l’État hébreu ne fasse pourtant pas partie de ce groupe.

Neutralité d’Israël qui voit avec inquiétude l’émergence en Syrie de forces rebelles affiliées à Al-Qaida

D’ailleurs un soutien quelconque à ceux qui combattent Bashar Al-Assad de la part d’Israël est démenti dans les faits. Même si, sous sa présidence, la Syrie a hébergé le quartier général du mouvement terroriste du Hamas – dont le but affiché est de détruire Israël - jusqu’à assez récemment, même si c’est par la Syrie qu’ont transité les milliers de missiles envoyés par l’Iran chiite au Hezbollah libanais qui menacent aujourd’hui les villes israéliennes. Un Hezbollah qui se bat aujourd’hui en Syrie pour défendre le président allaouite. Une composante majeure ignorée d’ailleurs par ceux qui invoquent ce soi-disant complot.

En effet, à propos de la Syrie, ainsi que des révolutions arabes en général le mot d’ordre israélien, et on le comprend, a été la prudence et la non ingérence. Dernièrement le Premier ministre israélien imposait d’ailleurs « le silence radio à ses ministres » sur le sujet Toutefois, il est évident que ce qui se trame en Syrie ne peut qu’affecter Israël, comme le rappelait il y a quelque temps Ehoud Barak, ministre de la Défense à l’époque

De plus, lors d’une visite effectuée en novembre dernier par ce ministre de la Défense d’alors et le Premier ministre, Benyamin Netanyahou déclarait : « Une nouvelle réalité affecte le gouvernement syrien : de nouvelles forces émergent des fissures du régime syrien et de ses forces et s'installent. Affiliées au Jihad Global elles sont plus hostiles encore à Israël. Nous nous préparons à y faire face » 

Une composante anti-sioniste et antisémite omni-présente

Cette composante anti-sioniste et antisémite se retrouve dans nombre de mouvements d’opposition arabes actuellement. Avec l’utilisation de caricatures violemment antisémites. Comme cela est le cas aujourd’hui dans cette Page Facebook d’une composante de l’opposition tunisienne qui met en ligne une caricature du prédicateur salafiste qatari Qaradawi représenté sous les traits d’un Juif religieux devenu rongeur aux canines proéminentes, portant à la boutonnière un drapeau d’Israël. Avec cette légende : « ce rat symbole de la guerre confessionnelle et mufti du diable qui gouverne à Doha ».

C’est ce même Qaradawi, basé au Qatar, prédicateur radical, très présent sur Al-Jazeera, prônant Jihad et attentats-suicide, notamment contre Israël, qui avait été interdit de territoire français en mars dernier alors qu’il avait été invité par l’UOIF pour son Congrès annuel ou qui, tout récemment « a boycotté la 8e conférence sur le dialogue interreligieux du Centre international de Doha dans la capitale du Qatar, en disant qu’il "ne s’assoirait pas à la même table aux côtés de Juifs » jusqu’à ce que la question palestinienne soit résolue ».

On voit d’ailleurs là toute l’absurdité des tenants de ce mythe prétendant qu’il y aurait collusion entre ce personnage violemment antisémite et le Qatar qu’il représente et Israël...Pourtant ce mythe est des plus répandus, tout comme le sont anti-sionisme et antisémitisme, à la fois parmi les nouveaux dirigeants arabes – Ennhada voulait intégrer dans sa constitution la criminalisation des liens avec Israël – et des partis d’opposition. Ce même groupe rend d’ailleurs hommage au dirigeant de gauche assassiné, Choukri Belaïd, qui militait activement au sein du Comité contre la normalisation avec Israël.



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