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Pourquoi jeter le manche après la cognée ?
Par David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international
Article mis en ligne le 20 avril 2013
dernière modification le 21 avril 2013

Dans le supplément de ce week-end Géo&politique du journal Le Monde , Gilles Paris, spécialiste du Proche-Orient, qui fut, il y a quelques années, correspondant du journal à Jérusalem, intitule son E-Billet « Israël-Palestine : l’option des deux Etats a vécu ».
Ce n’est, certes, pas la première fois, que le quotidien parisien du soir fait preuve d’un tel pessimisme.

Mais on aurait pu s’attendre, au moins, non pas à une affirmation, mais du moins à un point d’interrogation.

Certains internautes partagent, sans doute, ce pessimisme les uns parce qu’ils attribuent l’entière responsabilité de l’échec de cette solution à la partie israélienne, d’autres, tout aussi, radicaux, l’attribuent à la partie palestinienne.

Gilles Paris paraît, pour sa part, plus proche des premiers que des seconds.

On s’en serait douté, à en juger par de précédentes positions sur la question.

Pratiquement, le journaliste français n’adresse que des reproches aux Israéliens, en partant d’une constatation faite à partir d’une vidéo réalisée par le ministère israélien des affaires étrangères israélien à l’occasion du 65ème anniversaire de l’Etat d’Israël.

Il constate, en effet, un « tri mémoriel », du fait que cette vidéo n’évoque « nulle trace….. du voisin palestinien, si ce n’est la conquête de la vieille ville de Jérusalem » et relève qu’on n’y trouve « nul souvenir de la poignée de main historique entre Yasser Arafat et Itzhak Rabin, il y aura bientôt trente ans ».

Mais pourquoi, les Israéliens auraient-ils dû rappeler qu’ils avaient été trompés par le premier Président de l’Autorité (sic) palestinienne, qui s’empressa de dire et répéter le contraire de ce qu’il venait de signer ?

Il n’aurait servi à rien de mettre l’accent sur la duplicité de son successeur, qui dit tout et n’importe quoi sur sa conception des rapports avec Israël, tout en faisant d’ailleurs, régulièrement, l’éloge des terroristes, victimes de leurs actions meurtrières.

Et que dire d’une partie importante de la population palestinienne, qui soutient le Hamas, qui, lui, au moins, a le « mérite » de la franchise en se fixant pour objectif la destruction de l’Etat d’Israël.

Et d’ailleurs, le seul regret émis par Gilles Paris c’est de constater la « sujétion d’une partie du camp palestinien, contre les islamistes du Hamas, à des parrains occidentaux, américains et européens, qui assurent en retour son financement ».

Et pour lui, « loin de produire un modèle vertueux qui détacherait les Palestiniens d’un discours islamiste fantasmatique lorsqu’il s’agit d’Israël, cette relation de dépendance a abouti à l’implosion du courant historique du nationalisme palestinien ».

Autrement, dit le journaliste du Monde admet que les Palestiniens ont le droit de demander « le beurre, l’agent du beurre et le sourire de la crémière ».

Tandis que, bien évidemment, Israël se voit reprocher « la colonisation….de la Cisjordanie (qui) a produit un enchevêtrement qui rend progressivement impossible une division territoriale ».

Certes, nous n’avons jamais soutenu cette politique que, par certains aspects, même la nouvelle ministre de la justice israélienne, Tsipi Livni, juge « superflue ».

Mais on aurait quand même attendu de la part d’un « spécialiste du Proche-Orient », tenu à une certaine objectivité, caution de sa crédibilité, une mise en question – il est vrai que c’eut été une première – de la revendication totalement infondée (car inconnu en droit international) d’un « droit au retour » des « réfugiés » (sic) palestiniens.

On ne se lassera jamais de souligner que cette revendication, maintes fois répétée par Mahmoud Abbas, n’est qu’une condamnation à peine voilée de l’Etat d’Israël, à plus ou moins brève échéance.

On peut regretter que le gouvernement israélien n’ait pas maintenu au delà d’une période relativement courte de 10 mois, il y a quelques années, le gel des constructions dans les Territoires, mais il est vrai que les Palestiniens n’avaient mis, à l’époque, aucun empressement à répondre à un appel à la négociation.

Nous ne pensons pas – hélas – qu’une paix, qui ne peut se concevoir que sur la base de l’existence de deux Etats soit pour demain, mais nous estimons que de jeter « le manche après la cognée » n’est pas une vue constructive.

On aurait aimé que Gilles Paris souligne, également, la responsabilité de la partie palestinienne, qui, au delà de la condition préalable de l’arrêt des constructions, se cramponne à l’idée de ce « droit au retour », qui n’a jamais existé et qui n’a été forgé que pour les besoins de la cause palestinienne.

Quand se rappellera-t-on que le mandat confié en 1922 à la Grande Bretagne se référait à la déclaration Balfour, qui évoquait, un « Foyer national juif ».

Il est évident que c’est cette idée que l’on a retrouvée dans la résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies de 1947 recommandant la création d’un « Etat juif » (et d’un « Etat arabe »).

Après avoir rejeté cette résolution 181, les Palestiniens n’en revendiquent, aujourd’hui, que la partie relative à l’ « Etat arabe », puisqu’en réclamant le droit à l’invasion de millions de Palestiniens de l’Etat d’Israël, ils en contestent, pratiquement, le droit à l’existence.

Il est temps de lancer un appel à la raison au camp arabo-palestinien, qui, après le triple non de Khartoum, en 1967, est seul responsable de la situation.



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