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Edgar Morin ou le Pont aux ânes
anonymous
Article mis en ligne le 9 juillet 2005

Pour la plupart, la cause est entendue. Si les accords d’Oslo n’ont pas abouti, si les espoirs de paix n’ont pas conduit aux résultats escomptés, la faute en incombe exclusivement à l’Etat juif. Israël est a priori coupable.

Cette sentence, mille fois répétée, mille fois entendue, mille fois ressassée a pris la forme d’un préjugé, est devenue une sorte de vérité indiscutable, une évidence dont on ne cesse à longueur de colonnes de confirmer le bien fondé.

Il suffit de lire l’article publié dans « Le Monde » du 4 juin 2002 par Edgar Morin, Danielle Sallenave et Sami Naïr - article condamné par la Cour d’appel de Versailles pour « diffamation raciale » - pour prendre la mesure du glissement opéré. Cet article illustre la mutation « épistémologique » qui s’est produite dans le champ de la pensée dominante : on est passé de la critique rationnelle au délire idéologique. De l’analyse à l’anathème. Dans ce texte, on n’argumente plus, on suggère. On ne fait pas appel à la réflexion, mais à l’émotion, aux sentiments. Monsieur Morin, une relecture de Bachelard s’impose de toute urgence ! (NDA : Bachelard a étudié les caractéristiques des discours fondés sur l’imaginaire. Il montre comment l’imagination construit de pseudo connaissances). Les images utilisées, issues de la médecine, sont terrifiantes. On parle de « cancer ». On pensait les métaphores biologiques pour parler des Juifs, dépassées. Il n’en est rien, hélas !

Comment des intellectuels par ailleurs rigoureux dans leur discipline et dont l’honnêteté n’est sans doute pas discutable, en sont-ils arrivés à sombrer dans l’antisémitisme le plus vulgaire, à emprunter le Pont aux ânes du racisme ordinaire ? Comment Edgar Morin a-t-il pu co-signer cet article et surtout comment expliquer sa réaction et celle de ses amis lorsque le pot aux roses a été découvert et que la justice les a sanctionnés ?

L’intellectuel n’est pas à l’abri des passions et il peut, comme tout un chacun s’égarer. A la lumière de l’arrêt rendu par la Cour d’appel, Edgar Morin, aurait pu prendre la mesure de sa dérive. Or, il n’en est rien. Il se positionne comme la victime d’extrémistes juifs et ses amis organisent la riposte à partir d’une insulte anonyme reçue sur Internet (cf. la pétition parue dans « Libération » du 24.06.05 et l’e-mail reçu par Catherine Loridant). La manœuvre est dérisoire, mais elle illustre encore une fois la démarche habituellement suivie : de même que la diabolisation de Ariel Sharon permet de faire l’impasse sur les ambiguïtés, le discours et les actes de haine des autorités palestiniennes, de même en tenant pour réalité absolue ce qui est fortuit, en s’hypostasiant sur les délires d’un anonyme, on occulte le fond du débat qui est la banalisation de l’antisémitisme et ce qu’implique cette banalisation : la libération d’une parole antisémite qui refuse d’être qualifiée comme telle !

Aveuglés par cette vérité première - la culpabilité de l’Etat d’Israël et des Juifs- certains intellectuels ont franchi la ligne qui sépare l’analyse critique de la diffamation raciale et antisémite. Comme des enfants pris les doigts dans la confiture et qui nient, nos intellectuels ne supportent pas d’être pris sur le fait, en flagrant délit en quelque sorte. La condamnation du juge leur est d’autant plus intolérable que leur antisémitisme, pour être devenu banal, semblait être devenu parfaitement légal. Ils pensaient avoir acquis sinon le droit d’être antisémites du moins la possibilité de donner libre cours à leur militantisme agressif envers les Juifs sans encourir de sanction infâmante. En outre, ils plaident non coupables car ils estiment leur motivation bonne : la compassion à la souffrance des Palestiniens.(« Ce sont les souffrances continues de Palestiniens (...) qui m’animent », E. Morin, entretiens avec S. Cattori). Cette motivation première autoriserait l’usage de tous moyens et validerait tous les cris. Y compris ceux d’une haine qui ne veut pas être reconnue comme telle.

Mais, là encore, peut on accorder quelque crédit à la pureté de leur intention ? Sont-ils vraiment les amis des Palestiniens ? Etranges amis que ces amis dont l’indignation est extrêmement sélective : les Palestiniens ne sont de bonnes victimes que lorsque l’agresseur est juif. Seule la diabolisation du rapport du Juif au Palestinien intéresse nos modernes racistes. Lorsque les Palestiniens sont victimes de dirigeants corrompus, de fanatiques qui les élèvent dans la haine depuis leur plus tendre enfance, qui les maintiennent dans les fers de groupes dictatoriaux qui ne leur offrent comme issue que la haine du Juif et la mort, pas de condamnation indignée de leur part, mais des mots pour justifier, des raisons pour légitimer, des arguments pour poursuivre.

Le « deux poids-deux mesures » dont font preuve les « amis » des Palestiniens et des Arabes en général, commence à être dénoncé, y compris par des Musulmans. Dans un livre courageux et lucide, la député néerlandaise, Ayaan Hirsi Ali (« Insoumise », éd. Robert Laffont, Paris 2005) dénonce la monstrueuse alliance entre les « progressistes » occidentaux et les dictatures : « Un pacte démoniaque a été signé entre Occidentaux vivant de la défense des intérêts d’autrui, de l’aide aux plus démunis et de l’aide au développement et musulmans ayant intérêt à maintenir la cage -intérêt à court terme, étroit et égoïste » (p. 113).

L’histoire du XXe siècle montre que le recours à l’antisémitisme et au racisme est le procédé le plus couramment utilisé par les dictatures de tous bords pour conforter leur emprise sur les peuples qu’elles dominent.

Monsieur Morin et consorts, vos diffamations haineuses à l’égard du peuple juif et d’Israël - le seul état démocratique du Moyen-Orient- ne servent pas le peuple palestinien mais uniquement le système dictatorial et mafieux qui le maintient dans la misère et la haine et qui rend impossible la signature d’une véritable paix entre les deux peuples.



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