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Sans queue ni tête, 1ère partie
Par Viviane Miles © Metula News Agency
Article mis en ligne le 3 juillet 2005

(...) Du coup, l’avalanche s’annonçait, car le parti du soutien à Edgar Morin ne comprend pas que ces deux infréquentables, il est truffé de noms qu’on ne lit pas d’ordinaire sur les pages de Libé (...)

L'agonie en direct de l'appel à la solidarité avec Morin

 

Un appel à signer un acte de solidarité, c'est, en principe, un acte civique et démocratique, par lequel le public est invité à manifester sa sympathie avec un homme ou avec une idée. L'une des conditions à l'exercice d'une démarche de ce genre implique la transparence. Un appel public qui ne se voit pas, un appel public dont on ne peut pas consulter la liste des signataires, ou encore, un appel public dont les organisateurs choisissent les personnes qui ont le droit de figurer sur ladite liste et ceux qui en sont privés, et l'appel en question n'a plus de raison d'être ; il dévisse alors de ses bases publique, civique et démocratique et il perd sa vocation.

 

C'est pourtant à ce sabordement live qu'assistent les lecteurs et les journalistes du quotidien Libération, qui éveille en eux un sentiment d'incrédulité qui tourne maintenant à l'agacement. Pour les comprendre, il suffit de consulter l'appel "En témoignage de solidarité avec Edgar Morin" publié à la rubrique Rebonds de notre confrère. Cette invitation à répudier la décision de la justice française qui a récemment condamné le sociologue, ses co-auteurs d'un article paru en 2002 Naïr et Sallenave, ainsi que la société éditrice du Monde au motif gravissime de diffamation raciale est affichée depuis huit jours. Cependant, voici quatre jours déjà qu'elle a été amputée de sa partie essentielle : un lien permettant de consulter la liste des signataires. En lieu et place, on y trouve cette annonce sibylline : "Une liste des soutiens mise à jour sera bientôt disponible".

 

Ce bientôt se compte-t-il en semaines, en mois ou en années-lumière ? Les auteurs de l'appel, la rédaction de Libé, son personnel et ceux qui ont déjà signé réalisent toutefois que cette interruption prolongée, aux apparences d'origine technique, a d'ores et déjà corrompu l'exigence de transparence de l'appel. Une mise à jour, en termes informatiques, cela prend une demi-heure, mieux, cela se fait en ligne en ajoutant les nouveaux signataires à ceux qui figuraient préalablement sur la liste.

 

Un média généraliste, gestionnaire d'un acte militant contre une condamnation pour racisme

 

Il ne s'agit donc pas d'un problème technique mais d'une situation inextricable dans laquelle les confrères se sont enferrés. Avant d'expliquer la nature du piège qui les enserre, il nous faut encore constater que, contrairement aux apparences qu'elle a voulu donner en le publiant dans sa section réservée aux rédacteurs de passage, Libération n'a pas fait que répercuter l'appel au soutien de Morin contre la justice, elle en était l'organisatrice. Les mises à jour de l'appel que le journal publie en apportent la preuve indiscutable : plus de liste de signataires sur Libé, plus de liste nulle part ailleurs. Plus d'appel ! Forte de cette constatation, je m'interroge sur l'aspect éthique d'un tel acte de militantisme dans un organe de presse généraliste. Nous ne sommes d'ailleurs pas les seuls à être dérangés par cette entorse infligée à la déontologie de l'information, puisque deux journalistes parisiens du journal ont appelé notre rédacteur en chef en début de semaine afin de lui signifier leur désapprobation de l'engagement activiste de leur employeur dans cette affaire. Par la même occasion, ils ont pris leurs distances avec le contenu de l'appel et ont insisté pour nous le faire savoir. Il paraîtrait que "cela commence à brasser entre les clans de journalistes de Libération autour de cette histoire".

 

Inextricable...

 

Les choses ont commencé à mal tourner lorsque Michel Wieviorka, directeur d'études à l'EHESS, a demandé à Libération de retirer son nom de la liste, invoquant la présence de deux cosignataires sur le même document, Maria Poumier, du courant négationniste français et Alain de Benoist, idéologue de la nouvelle droite souverainiste.

 

Du coup, l'avalanche s'annonçait, car le parti du soutien à Edgar Morin ne comprend pas que ces deux infréquentables, il est truffé de noms qu'on ne lit pas d'ordinaire sur les pages de Libé. La Ména consacrera très probablement une étude séparée au sujet de ces personnes et de leurs activités. Mais à ce stade des observations, notre camarade Raphaël Lellouche a réclamé notre attention sur le fait que la solidarité avec Edgar Morin contre la décision de justice qui le frappe a consacré pour la première fois l'association rouges-bruns dans l'expression de la haine d'Israël. Association à laquelle il me semble falloir ajouter la fonction media au vu des noms de tous les responsables d'organes de presse qui parsèment la liste d'infamie. Elle se profile donc à mes yeux en tant que rouges-bruns-medias, ce qui rend cette rencontre et sa signification encore plus terrifiantes.   

 

C'est lorsque la liste des signataires menaça de s'autodétruire, les partants potentiels se faisant plus nombreux que les nouveaux arrivants, que le quotidien de Serge July décida de geler la situation. L'autre danger, plus ingérable encore que le recul du nombre des signataires, consistait à ne se retrouver bientôt plus qu'avec les infréquentables ; ceux-ci se sentent à leurs aises là où ils sont, trop contents d'apparaître sur le devant de la scène qui d'habitude leur est interdit.

 

La situation paraît donc inextricable pour les partisans du sociologue raciste et pour sa solidarité : soit Libé y admet tout le monde et les intellectuels progressistes la quitteront, soit elle en exclut les bruns et c'en est fait des dernières apparences d'un processus de soutien populaire, par principe ouvert à tous ceux qui le désirent.

 

On a les signataires que l'on interpelle !  

 

Le cul-de-sac dans lequel le journal s'est fourré ne doit cependant rien au hasard ; ça n'est en effet pas par un concours de circonstances que les bruns et les rouges se soient retrouvés à rebondir ensemble. C'est le thème qui veut cela, qui les rassemble : leur désir de voir autoriser toutes les stigmatisations publiques de la nation d'Israël, y compris et peut-être surtout celles construites sur des faits de guerre mensongers, y compris aussi les affectations de comportements qui seraient communs aux Juifs, autrement dit des stigmatisations à caractères raciste et antisémite.

 

En appelant à la solidarité avec Morin sur le thème du refus de la décision de justice le condamnant pour diffamation raciale, ses organisateurs renvoyaient naturellement aux textes du sociologue, et en particulier Israël-Palestine : le cancer, dans les arguments desquels se retrouvent les deux catégories d'intellectuels que j'ai mentionnées.

 

 

 

A suivre...



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