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La Hasbara : ou l’obligation pour Israël de justifier de son existence
Par Maître Bertrand Ramas-Mulhbach
Article mis en ligne le 6 janvier 2013

Le 30 décembre 2012, le quotidien Haaretz publiait un article concernant l’image d’Israël dans le monde. Reprenant les conclusions de l’organisme Molad (Centre pour le renouveau de la démocratie israélienne), il expliquait que l’image ternie d’Israël sur la scène internationale était la conséquence d’une politique inappropriée à l’égard des palestiniens et non d’une Hasbara imparfaite (hasbara est employé pour expliquer le bien fondé des actions et la politique israélienne dans le monde).

Pour le Premier ministre Benjamin Netannyahou, l’image d’Israël dans le monde dépend d’une Hasbara (explication en hébreu) c’est-à-dire d’une présentation pertinente des « arguments » en faveur d’Israël et d’un travail de sensibilisation accru permettant d’éviter l’isolement diplomatique et l’image négativée d’Israël dans le monde. En d’autres termes, c’est un peu comme si Israël était constamment obligé de mener un travail de pédagogie sur la scène internationale pour expliquer chaque mesure décidée ou chaque opération entreprise afin d’en justifier le bien fondé. C’est la Direction nationale de l’Information rattachée au cabinet du Premier Ministre qui s’est vu confier la mission. En dépendent, le Ministères des Affaires étrangères, de la Diplomatie publique, et des Affaires de la Diaspora, le bureau du Porte-parole de Tsahal, le ministère du Tourisme, l’Agence juive… Au sein de la Direction nationale de l’Information, le Forum national de l’Information coordonne les messages recueillis dans le monde et formule les initiatives à entreprendre pour fluidifier les communications. Le gouvernement travaille également à un travail de sensibilisation par l’intermédiaire de multiples acteurs israéliens et étrangers, des organisations sans but lucratif, des sympathisants non juifs pour diffuser une image valorisée d’Israël notamment aux États-Unis et dans l’Union européenne. Dans le cadre de ses attributions, la Direction nationale de l’information consulte également les médias et les experts en marketing du milieu universitaire et du secteur privé.

Il est également recouru aux grands médias et aux réseaux sociaux Internet comme Twitter, Facebook et YouTube. Aussi, le Ministère des Affaires Etrangères invite-t-il les diplomates israéliens (à l’étranger) à livrer quotidiennement les positions sur les réseaux sociaux et emploie une équipe qui se consacre à l’envoi des communications dans le monde dans les grands organes de presse. Israël consacre un budget considérable à cette entreprise. Pas moins de 100 millions de shekels sont engagés annuellement pour soigner l’image d’Israël dans les médias, ou encore les conférences et l’organisation d’évènements comme le défilé annuel Hommage à Israël, qui se déroule à New York, ou encore le festival du film israélien à Paris.

Le Molad, (groupe qui se dit de réflexion) est un réservoir d’idées qui livre ses positions à la gauche libérale israélienne en matière de politique étrangère, de sécurité, ou encore sur les questions socio économiques. Son bureau est présidé par l’ancien Président de la Knesset, Avraham Burg, c’est-à-dire un penseur de la gauche israélienne qui ne cesse de critiquer la politique du gouvernement de Benjamin Netannyahou, et qui trouve son approche de la question palestinienne belliqueuse. Pour lui, la Hasbara est un instrument de sensibilisation efficace qui est certainement le plus productifs dans le monde mais la mauvaise image d’Israël et son statut international trouverait exclusivement leur cause dans la politique inadaptée du gouvernement.

Il y a manifestement une extraordinaire mauvaise foi de sa part. le Molad compare dans son étude les communications des organisations anti israéliennes et celles de la Direction nationale de l’Information pour mesurer celles qui a le plus grand impact au niveau de l’opinion internationale. Il conclut son étude en expliquant que le déficit d’image ne doit pas trouver son explication dans les entreprises menées pour valoriser Israël mais bien dans la politique israélienne à l’égard des palestiniens.

Curieusement, le Molad ne s’interroge, à aucun moment, sur les raisons pour lesquelles Israël est sans cesse contraint d’expliquer ses actes et d’en faire une présentation objective comme si, en fin de compte, il était continuellement tenu de justifier de son droit à exister. Car en effet, la Hasbara n’est finalement qu’un instrument permettant à l’Etat juif de communiquer sur ses actions afin qu’elles ne soient pas travesties dans la presse ou exploitées dans les images qui font le tour du monde afin de salir Israël.

L’image assombrie d’Israël sur la scène internationale n’a bien évidemment rien à voir avec sa politique mais bien à l’entreprise de délégitimation dont il est victime. Les organisations anti-israéliennes et les personnes qui ont une affinité idéologique avec leurs objectifs (dans la gauche radicale en Occident et aussi les groupes de la Diaspora palestinienne) utilisent tous les supports médiatiques qu’il s’agisse d’Internet, des réseaux sociaux, des médias, de la télévision, des journaux ou des manifestations spécifiques pour dénigrer Israël.

La délégitimation d’Israël résulte de l’emploi d’un vocabulaire adapté comme « occupation » ou « colonisation » généralement accompagné d’adjectifs comme « brutale » ou d’expressions comme « expansion des colonies ». Il suffit de reprendre ces termes dans un reportage sur l’expulsion d’une famille de Sheikh Jarrah, de montrer des photos d’un manifestant palestinien blessé par une grenade lacrymogène tombée sur sa poitrine qui est décédé des suites de ses blessures, ou filmer le largage d’une bombe sur la bande de Gaza qui a détruit la maison d’une famille palestinienne, pour laisser entendre qu’Israël serait illégitime.

Parmi les entreprises de dénigrement d’Israël on peut citer les interventions de personnalités publiques comme Noam Chomsky ou Desmond Tutu qui profitent de leur statut international pour diffuser des messages anti israélien, ou encore les campagne BDS (boycotts, désinvestissement et sanctions) qui ont obtenu des vedettes de la chanson comme Stevie Wonder, Elvis Costello et les Pixies qu’ils annulent leur tournée en Israël en 2012. De nombreux universitaires israéliens subissent également des boycotts universitaires, lorsque ce ne sont pas des sociétés multinationales qui limitent leurs engagements commerciaux avec des entreprises israéliennes. Notons de même certaines manifestations comme la « semaine annuelle contre l’apartheid israélien » où les manifestations (conférences, présentations, films, événements multimédias, performances culturelles, manifestations et autre activités) se tiennent dans de nombreuses villes et campus universitaires dans le monde, dans la première semaine du mois de mars de chaque année. A cette occasion, Israël est présenté comme un Etat « colonisateur » qui ne respecte pas les droits de la population « colonisée » et qui poursuit sa politique de « colonisation » (terme choisi en raison de sa connotation négative).

Fort heureusement, avec l’obtention par la Palestine (le 29 novembre 2012) du statut d’Etat non membre de l’Onu, le travail de la hasbara devrait être sensiblement simplifié : avant cette date, la Palestine ne constituait pas un Etat et donc ne pouvait être colonisée. Par ailleurs, depuis cette date, si la Palestine existe en tant qu’Etat, aucun territoire ne lui a été officiellement et internationalement affecté. La Palestine n’est donc toujours pas « occupée » faute d’accord territorial entre les palestiniens et les israéliens. « Les explications » devraient enfin être plus faciles à donner.



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