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La démission d’Avigor Lieberman. Les dangers de l’affairisme. Et la mission des Juges
Raphaël Draï Radio J le 10 décembre 2012
Article mis en ligne le 17 décembre 2012

La nouvelle n’a pas vraiment surpris : à quelques semaines des élections à la Knesset , et sous le coup de l’équivalent en droit israélien d’une mise en examen , Avigdor Lieberman a cru indispensable de démissionner de son poste de ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement Nétanyaou . Il y a donc des gardiens de la Loi en Israël et d’une efficacité redoutable.

Comme Avigdor Lieberman, à l’instar d Ehoud Olmert, bénéficie de la présomption d’innocence, il lui appartiendra de se défendre devant ces mêmes juges et de faire la preuve de sa complète innocence. Sans préjuger de la procédure engagée , de tels accidents conduisent comme toujours à réfléchir aux questions de fond qu’ils mettent en lumière .L’une des plus urgentes et des plus graves concerne précisément le climat d’affairisme qui semble gagner bien des secteurs de la vie publique en Israël , mais pas seulement . Qu’est ce que l’affairisme ? L’exacte inverse de l’esprit d’entreprise.

Comme l’on démontré quelques uns parmi les plus grands économistes contemporains , et en particulier Schumpeter , un vrai chef d’entreprise est avant tout un créateur , soit dans l’invention de produits nouveaux , soit dans la manière de gérer des moyens à la fois humains , intellectuels et matériels . Que l’on songe, entre autres, à Steve Jobs.

Ce qui ne lui interdit pas la réussite financière, au contraire, mais dans ce cas elle constitue un aboutissement personnel et moral et non pas un but en soi .De manière moins étonnante qu’il n’y paraît c’est dans ce sens qu’un esprit de l’envergure de rabbi Nah’man de Bratslav affirme que les affaires sont bénéfiques au genre humain. Un affairiste se comporte de tout autre manière. Il n’invente rien. Il ne produit rien. Il achète de l’air et vend du vent tout en mettant la collectivité au service de son âpreté au gain par un véritable détournement des biens communs, une âpreté proportionnelle d’ailleurs à son absence de véritable créativité. Le pire est qu’il sait se parer du masque de l’intérêt général en abusant ceux et celles qui croient encore à l’éthique des conduites et au désintéressement.

A chacun d’y être vigilant. La création de l’ Etat d’ Israël s’est caractérisée par de très virulents engagements idéologiques mais, sauf erreur, par un très grand désintéressement personnel. C’était l’époque de la sortie du néant de l’exil, de la création d’un Etat pour un peuple en danger de mort, cela à partir du vide et du sable.

Que l’on songe à la naissance de Tel Aviv, aux dangers de l’émigration clandestine, au risque de pendaison dans les prisons de la puissance britannique. Sans idéalisme forcené , sans complet désintéressement , jamais l’ Etat d’ Israël n’aurait vu le jour .Cette création n’a pas été pour tel ou tel des dirigeants sionistes de ce temps l’occasion de faire des affaires , comme les fournisseurs aux armées en faisaient durant les deux conflits mondiaux et même durant l’Occupation , mais la Grande affaire du peuple juif , celle qui se jouait dans les geôles de Saint Jean d’Acre et sur tous les champs de batailles , depuis les sables du Sinaï jusqu’au fond des autobus civils où l’ Etat d’ Israël et sa population ont joué leur existence . C’était l’époque ou l’argent valait pour des causes qui valaient mieux que lui.

Depuis le début des années 90, l’Etat d’ Israël a réussi son entrée dans la mondialisation. Ses réussites économiques financières, technologiques ne se dénombrent plus. Pourquoi les assombrir par des désastres sociaux et moraux ? C’est pourquoi , il importe que des juges dignes de ce nom accomplissent leur mission , selon la loi , autrement dit à charge et à décharge , sans que quiconque soit encouragé dans l’exercice de cet affairisme destructeur par un sentiment d’impunité , et cela quels que puissent être les services éventuels rendus à la collectivité . Comme l’a écrit Antoine de Saint -Exupéry à quarante ans passés pilote de guerre contre la Luftwaffe : « L’essence du sacrifice, c’est qu’il ne donne aucun droit ». La leçon est toujours inscrite au tableau noir.



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