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L’antisémitisme est une maladie souvent mortelle
Par Guy Millière © Metula News Agency
Article mis en ligne le 22 juin 2005

En exergue d’un livre achevé depuis plusieurs mois et qui devait paraître en avril (la publication a été retardée parce que l’écrasante majorité des libraires français, qui ne sont pas antisémites, non, mais seulement « très antisionistes », ont refusé de voir figurer sur leurs étals un livre aussi favorable à Israël), j’ai choisi d’inscrire une phrase qui est, en fait, un vieux proverbe yiddish : « Un pays qui perd ses juifs ne peut survivre très longtemps ».

Dans un article frais publié « The Anti-Semitic Disease », sur le Commentary de juin 2005, le grand historien anglais Paul Johnson pose des pierres de taille à la construction de mon édifice et apporte une brillante confirmation à quelques unes de mes analyses en ce domaine.

Tous les pays qui, au cours des deux derniers millénaires, ont connu des vagues de persécution de leurs communautés juives, ont subi un net déclin, voire un cataclysme : l’antisémitisme, dit Johnson, peut, selon ce principe de base, être considéré non seulement comme une forme de racisme dirigé contre un groupe ethnique, ou comme une discrimination abjecte vis-à-vis d’une communauté humaine, mais également comme une pathologie qui ronge et détruit la société qui en devient la proie. L’expulsion des Juifs d’Espagne dans les années 1490 et la persécution des Juifs convertis au christianisme par l’Inquisition, ont conduit à la destruction des circuits commerciaux et financiers espagnols et contribué, malgré les immenses opportunités offertes a priori par l’implantation espagnole dans le Nouveau monde, au lent glissement de l’Espagne et de ses dépendances américaines vers le déclin et la banqueroute. L’un des bénéficiaires essentiels de l’antisémitisme espagnol a été les Pays-Bas, où les juifs réfugiés et acceptés, ont profondément contribué à créer les conditions d’un dynamisme et d’une prospérité durables. Un autre bénéficiaire a été l’Angleterre qui, note Johnson, « a cessé de pratiquer un antisémitisme institutionnel au milieu du 17ème siècle » et où les juifs à partir de ce moment ont pu concourir au dynamisme industriel et financier du pays, puis des colonies anglaises d’Amérique du Nord et des Etats-Unis eux-mêmes. Les analyses de Max Weber concernant le rôle du protestantisme dans l’essor du capitalisme anglo-saxon devraient, ajoute Johnson, être revues aux fins de prendre en compte cette dimension des choses, essentielle, et trop sous-estimée.

Après la guerre de 1870, l’occupation de l’Alsace-Lorraine par la Prusse a débouché sur un afflux de Juifs alsaciens vers Paris et sur la montée d’une vague brutale d’antisémitisme dans un pays « où la maladie existait déjà » : la culmination du processus a été l’affaire Dreyfus, une guerre civile froide qui a affaibli et divisé la France de manière durable et « a convaincu les Allemands que le pays serait une proie facile en 1914 ». Les effets latents de ce lamentable cours des choses, ajoute Johnson, se sont fait sentir jusqu’en 1940 et dans les pires abjections du régime de Vichy.

Un autre pays profondément affaibli par l’antisémitisme a été la Russie où, à partir de la fin du 18ème siècle, des lois anti-juives de plus en plus drastiques ont été promulguées, incitant par la persécution des Juifs à une vaste migration de ceux-ci vers l’Angleterre et les Etats-Unis, ainsi renforcés davantage encore. Les lois anti-juives russes ont contribué à la création d’un vaste appareil bureaucratique de contrôle, à une police secrète, à un étouffement du pays, à la quête d’une issue révolutionnaire et à la mise en place enfin d’un système soviétique qui n’a fait qu’ « élargir à l’ensemble de la population les systèmes de contrôle dirigés à l’origine contre les seuls juifs ».

Si l’Allemagne a, avec la complicité active ou passive d’une bonne part de l’Europe, commis le crime sans pareil qu’a été la Shoah, elle s’est aussi autodétruite sous l’effet de la morbidité antisémite qui l’a rongée. C’est son antisémitisme obsessionnel qui a conduit Hitler, non seulement à la Shoah, mais à déclarer la guerre à la Pologne, et, par un engrenage diabolique, à la France, à la Grande-Bretagne, à l’Union soviétique et aux Etats-Unis, se plaçant ainsi dans une position où il ne pouvait qu’être défait et aller au désastre.
 
La chute du nazisme et l’abomination qu’a été la Shoah n’ont malheureusement pas vacciné le monde contre la maladie antisémite. Auparavant déjà, dès les années 1920, le monde arabe était contaminé, et l’épidémie n’a cessé depuis de s’y propager. La Déclaration Balfour de 1917 prévoyait, on l’oublie là encore, dit Johnson, une coopération et une synergie entre les juifs sionistes venus revivifier ce qui est aujourd’hui l’Etat d’Israël, et les populations arabes de la région. Si le projet originel avait pu suivre son cours, le Proche-Orient, par l’apport des connaissances des scientifiques, des experts agricoles et des financiers juifs et l’utilisation optimale des ressources procurées au monde arabe par le pétrole, aurait rapidement pu devenir l’un des grands pôles de richesse et de développement sur la planète. Les dirigeants arabes qui ont peu à peu accédé au pouvoir en ont décidé autrement. Israël est aujourd’hui un pays développé, entouré de dictatures haineuses, d’hégémonies vaincues, non pas par Israël ou par quiconque de l’extérieur, mais par leurs propres pathologies, au cœur desquelles l’antisémitisme occupe une place centrale. Pas un seul grand Etat arabe n’est un pays développé, aucun d’eux n’est une démocratie ni un Etat de droit, nul n’a tenté de remédier vraiment à ces pathologies : pour cela, explique Johnson, il faudrait non pas des ajustements cosmétiques, mais une véritable opération chirurgicale pour extirper la tumeur antisémite.
 
De nos jours, l’antisémitisme regagne du terrain en Europe : sa réimportation depuis le monde arabo-musulman va de pair avec le retour de nostalgies national-socialistes et avec l’émergence d’un antisémitisme de gauche, drapé dans la pseudo vertu de l’antisionisme. Cet état de fait, et ce n’est pas un hasard, dit Johnson, est particulièrement net dans les pays les plus déclinants économiquement et socialement aujourd’hui : la France, l’Allemagne et la Belgique.

Dans ces pays, s’accole à l’antisémitisme-antisionisme un anti-américanisme qui n’est, aux yeux de Paul Johnson, que l’une des faces de l’antisémitisme : les Etats-Unis sont le premier pays juif du monde, la seule société authentiquement judéo-chrétienne depuis ses origines, et les motifs de haine vis-à-vis des Etats-Unis se révèlent étrangement proches de ceux utilisés depuis des siècles par les antisémites pour attaquer les juifs. Si la maladie antisémite devait poursuivre son cours au cœur de l’Europe, il est très vraisemblable qu’elle conduirait à nouveau vers leur perte les sociétés qu’elle touche. L’Allemagne semblait s’être reconstruite sur des bases plus saines dans les années 1950, malheureusement, elle est, dit Johnson, tombée toujours davantage sous l’ombre maléfique de l’obsession française de construire un super Etat européen hostile à l’Amérique. « Nous approchons », conclut Johnson, d’une nouvelle crise pathologique trans-nationale » créée par la maladie antisémite. « L’Amérique est le seul médecin à même de proposer un remède, et on peut seulement espérer qu’il n’est pas trop tard et que les malades peuvent encore être sauvés »



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