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Quand Le Monde récidive
Par David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international
Article mis en ligne le 4 octobre 2012

Dans le numéro daté du 5 octobre, Alain Frachon, directeur éditorial du journal et ancien directeur de la rédaction, accuse à nouveau Israël de l’impasse dans laquelle se trouve à l’heure actuelle, encore le conflit (v. son article dans le numéro daté du 16 novembre 2011 et la réponse de Gérard Huber.
Sous le titre – malheureusement trompeur – « Le conflit Israël-Palestine a disparu », le journaliste ne rend, il est vrai, cette fois, pas Israël seul responsable de ce qu’il a raison d’appeler une « impasse ».

Mais, c’est quand même Israël qu’il met en cause lorsqu’il considère que « la poursuite des implantations israéliennes en Cisjordanie et dans la partie orientale de Jérusalem affaiblit chaque jour un peu plus la solution préconisée par l’ONU ».

Or, cette année, comme l’année dernière, ainsi que le lui rappelait Gérard Huber, Alain Frachon omet la dimension chronologique du conflit à savoir que c’est, en quelque sorte, le peuple palestinien qui, avec l’appui des pays arabes voisins a déclaré la guerre à Israël au lendemain de l’adoption par l’ONU du plan de partage.

Et l’obstination de Mahmoud Abbas à réclamer le pseudo « droit de retour » des « réfugiés » (sic), qui n’ont jamais vécu en Palestine, camoufle mal son refus de reconnaître la légitimité de l’Etat d’Israël, en tant qu’Etat ayant vocation à être l’Etat des Juifs.

Dans ces conditions, on comprend – même si cela ne justifie pas pour autant les velléités de développer les constructions israéliennes dans les Territoires – que les dirigeants israéliens mettent en doute le désir de paix de l’autre Partie.

Pas un mot non plus sur l’hommage appuyé, rendu régulièrement, par les dirigeants palestiniens, aux terroristes (morts ou vivants), ni sur les campagnes haineuses des médias palestiniens officieux, sinon officiels.

Mais, Alain Frachon a eu raison de relever que lors de l’Assemblée générale de l’ONU, qui se déroule, en ce moment, on a à peine évoqué « la recherche de la paix entre Israéliens et Palestiniens ».

Toutefois, là où il a tort c’est de regretter qu’ « il y a quelques années encore, on parlait de la centralité du conflit isarélo-palestinien, que l’on présentait comme étant au cœur de la tourmente proche-orientale, la cause de toutes les pathologies régionales ».

C’était une vue erronée de la situation.

La preuve en est qu’il doit lui même reconnaître qu’ « au lendemain des printemps arabes, la grande ligne de fracture qui fait trembler le Proche-Orient et couler beaucoup de sang est ailleurs. C’est l’opposition entre la branche majoritaire de l’islam, le sunnisme, et sa branche minoritaire, le chiisme » ».

Toutefois cet antagonisme ne date pas d’hier, même s’il ne prenait pas nécessairement un tour violent.

Nous pensons, certes, qu’il faut déplorer cette « guerre de religion » , mais il nous paraît quelque peu simpliste d’imaginer comme le fait Alain Frachon que le règlement de la question palestinienne serait de nature à ramener le calme dans la région.

En effet, c’est faire preuve de beaucoup d’angélisme que d’imaginer que les tensions entre sunnites et chiites disparaîtraient – pour quelle raison, alors que la question palestinienne n’est effectivement, face au choc majeur des deux courants, qu’un « mal bénin ». – et permettraient alors au monde arabe d’adhérer à une « politique de pressions accrues sur l’Iran ».

Nous ne voyons aucun lien entre « une stratégie d’endiguement de la République islamique » et un règlement du conflit israélo-palestinien.

Ce règlement ne nous paraît certes pas comme un élément négligeable dans la stabilité de la région, mais nous estimons qu’il ne suffirait pas à ramener le calme dans la région, alors que les « printemps arabes » ont une fâcheuse propension à se transformer en « automnes islamistes », sans qu’Israël n’y ait une quelconque part de responsabilité.

Au risque d’être accusé de paranoïa, nous pensons que le journaliste du Monde a des difficultés à renoncer à prendre, suivant une habitude largement répandue, Israël comme le bouc émissaire de l’instabilité dans la région.

Face au danger que l’Iran fait courir, non seulement à Israël, mais également aux pays du Moyen-Orient, voire au monde entier, une politique de fermeté, marquée par des sanctions économiques de plus en plus contraignantes (déjà certains effets se font sentir) devrait être prônée.

Mais il est vrai que pour certains, qui se manifestaient encore récemment lors d’un point de presse du Quai d’Orsay, l’arme atomique aux mains d’Israël serait aussi dangereuse que celle que cherche à acquérir l’Iran.

Il est tellement facile d’occulter un élément essentiel du problème : Israël n’a jamais menacé ni appelé à détruire un quelconque pays, alors que depuis des années le Président iranien appelle à « éradiquer » Israël de la carte.

C’est l’histoire de l’ « arroseur arrosé » : non aux « deux poids, deux mesures ».

Il est inadmissible d’accepter les appels à la destruction d’Israël et de contester à cet Etat le droit de se doter d’une arme de dissuasion.

Notons d’ailleurs qu’indépendamment de ses rodomontades, l’Iran par son programme nucléaire viole bel et bien des engagements internationaux auxquels il a librement souscrit, alors qu’aucune règle de droit international n’interdit à Israël de se priver de l’arme atomique, même et surtout s’il ne compte pas s’en servir à titre préventif.



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