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Mesure et modération occidentales – débordements excessifs et passionnés en Islam
Bertrand Ramas Muhlbach
Article mis en ligne le 24 septembre 2012

Les caricatures de Mahomet publiées par Charlie Hebdo dans l’édition du 19 septembre 2012, ont déclenché une nouvelle vague de protestations dans le monde musulman. Les locaux du journal satirique ont été attaqués à coup de cocktails Molotov dans la nuit précédant la commercialisation du numéro et l’auteur des dessins satiriques a reçu des menaces de mort. Eu égard aux craintes de répercutions pour la France et pour les ressortissants dans le monde, des mesures drastiques ont été prises pour anticiper les débordements violents comme la fermeture de toutes les implantations françaises en Indonésie (ambassade, école,) et la recommandation faite au français de se tenir à l’écart de toute manifestation de rue.

En Tunisie, les écoles françaises et l’institut français ont été (préventivement) fermés toute la semaine, les français étant priés d’éviter les quartiers sensibles. Au Yémen l’ambassade a été fermée, en Egypte, l’institut français a différé les soirées culturelles et les conférences, au Pakistan, les français ont reçu des mises en garde par texto… Globalement, le Quai d’Orsay a incité les ressortissants français à la plus grande vigilance dans leurs déplacements dans de très nombreux pays tels le Togo, la Libye , l’Arabie Saoudite, le Yémen, la Tunisie , le Koweït, le Qatar, le Maroc, le Liban, la Jordanie , Israël et les territoires palestiniens, l’Irak, l’Egypte, les Emirats arabes unis, le Bahreïn, l’Algérie, la Gambie et Oman.

Certes, Charlie Hebdo n’y est pas allé de main morte dans son dernier numéro. Sa couverture montre Mahomet dans une chaise roulante poussé par un rabbin avec la mention « intouchables » en référence au troisième film (d’Olivier Nakache et Eric Tolédano) le plus vu en France. Or, ce film, tiré d’une histoire vraie, traite d’une personne devenue tétraplégique (à la suite d’un accident) et qui ne peut se mouvoir, vivre et exister que grâce à la personne qu’il a recruté dans les petites annonces. Les deux personnes que tout séparait, se lient alors dans une très belle amitié et complicité. Symboliquement, cela signifie que Mahomet, handicapé, incapable du moindre mouvement, ne peut accéder à la vie que grâce au rabbin qui veille sur lui. Cette image très forte et pleine d’humour n’a décidément pas plus aux musulmans. En réalité, il n’y avait rien de véritablement méchant dans l’édito intitulé « Apéro hallal » signé par Mahomet en rédacteur en chef, ni dans la promesse sur la couverture de recevoir « 100 coups de fouet si vous n’êtes pas morts de rire ! » ou encore dans le dessin du prophète apparaissant avec un nez de clown en dernière page du journal avec l’affirmation : « l’islam est compatible avec l’humour »…

Voir le pilier de leur foi, grabataire et dépendant d’un israélite religieux , a naturellement choqué (voire traumatisé) de nombreux musulmans, ce qui n’est pas surprenant. Dans le monde de l’Islam, il n’y a pas de séparation entre le profane et le sacré, ni de sphère civile séparée de l’espace privé religieux, comme c’est le cas dans les démocraties laïques. Allah est au cœur de la vie, de la pensée, des émotions dans une sorte de relation fusionnelle avec le musulman qui n’est d’ailleurs pas de type égalitaire, puisque Islam signifie « soumission » et musulman « soumis ». Il est donc radicalement interdit de plaisanter avec les symboles de la foi et les principes centraux de la pensée musulmane.

Pire, se moquer de Mahomet, personnage central de l’Islam, revient en quelque sorte à se moquer des musulmans eux-mêmes. Or, comme les musulmans intégristes n’ont aucun recul sur la vie, sur eux-mêmes, sur leurs convictions les plus profondes, et qu’ils font littéralement corps avec leur système de foi, ils se sont sentis insultés dans leur sensibilité, leur culture et leur façon de vivre. En outre, le choc des cultures est, pour les adeptes de la religions de Mahomet, un duel entre les modes de vies en société alors qu’ils considèrent que l’occident essaie de leur imposer le leur. A cette sensibilité exacerbée, se double un complexe, de nombreux musulmans se sentant stigmatisés compte tenu de leur refus de s’intégrer dans la société française. Dès lors, la caricature de Mahomet n’est autre qu’un acte islamophobe et l’image du Prophète dans une chaise roulante, un blasphème. Dans le meilleur des cas, les caricatures donnent une image déformée de l’Islam et de sa réalité.

La société française appréhende mal le concept de différence culturelle. Aussi, s’est elle bornée à anticiper la violence et la colère chez les musulmans et les islamistes. Intuitivement, la France admet que les références occidentales à l’Islam puissent être vécues comme des moqueries à l’origine d’exaltations particulières amenant les intégristes à brandir la foudre et à menacer de s’en prendre à cet occident qui les rejette. Or, comme elle est incapable de mettre en avant ses propres valeurs, elle finit par croire qu’elles présentent une nature relative, fonction de l’époque, de la culture, des individus, et en vient à s’excuser pour les fautes que leur imputent ceux qui la détestent.

Pour se convaincre de la justesse de son fonctionnement, il suffirait à la france d’analyser la demande présentée par Rached Ghannouchi, chef historique du mouvement Ennahda en Tunisie. Celui-ci souhaite que l’ONU promulgue « une loi incriminant l’atteinte au sacré au niveau international », ce qui permettrait d’interdire les critiques de la religion. Cette démarche est tout à fait singulière : l’Onu affirme la primauté des Droits de l’Homme et notamment la liberté de la presse, mais devrait se pencher sur une demande présentée par le représentant du groupe islamiste qui dénie aux femmes le principe d’égalité des sexes.

Cette démarche conduit en fait à un dévoiement du fonctionnement des institutions démocratiques avec une modification de la règle qui pourrait intervenir, non en fonction d’un principe transcendantal, mais de la capacité à exercer des pressions sur les décideurs. La France doit donc s’en tenir à ses principes historiques. En occident ; la culture, le mode de pensée et les dispositions d’esprit reposent sur les principes Bibliques de modération, de mesure, de bienveillance (Gn 24.18-20) et d’humilité (nb 12.3), de modestie et de respect.

Si donc des personnes se sentent offensées, elles n’ont qu’à s’adresser aux tribunaux pour obtenir la condamnation de Charlie Hebdo s’il a manqué aux règles relatives à l’interdiction de l’injure et de la diffamation. En aucun cas, elles ne sauraient s’en prendre à la France, aux intérêts français dans le monde ou aux français eux mêmes. La démocratie permet une libre expression et les tribunaux sont là pour sanctionner les excès dans l’usage de ce droit. En outre, dans les sociétés démocratiques, on ne se fait pas justice à soi même : « Tu institueras des juges et des magistrats dans toutes les villes que l’Éternel, ton Dieu, te donnera, dans chacune de tes tribus ; et ils devront juger le peuple selon la justice. Ne fais pas fléchir le droit, n’aie pas égard à la personne, et n’accepte point de présent corrupteur, car la corruption aveugle les yeux des sages et fausse la parole des justes (dt 16, 18-19).

Les débordements irraisonnés, insensés passionnés sont tempérés, en occident, dans une discipline de l’esprit et une maitrise de soi, pour éviter que l’irrationalité ne devienne source de violence dans un tumulte d’incompréhension. La France doit donc éduquer les ressortissants à ses reflexes comportementaux historiques et cesser de se prêter au jeu de l’intolérance islamique, instrumentalisée par les extrémistes. Le chantage, les pressions et les menaces ne s’inscrivent pas dans ses valeurs historiques et si la France rejette ses principes en condamnant les caricature de Charlie Hebdo, c’est elle disparaitra.



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