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Alléluia 
Par Ilan Tsadik © Metula News Agency
Article mis en ligne le 25 avril 2005
dernière modification le 24 avril 2005

S’exprimant cette semaine, à l’université Ben-Gourion, sur le sujet des relations entre les medias et les militaires, le chef d’état major de l’armée israélienne Moshé (Boogie) Ya’alon a notamment déclaré qu’il était à présent établi « à cent pour cent » que Mohammed A-Dura n’a pas été atteint par des tirs de Tsahal. Alléluia ! Cette révélation faisait partie d’un mea culpa global, dans lequel il avouait que l’armée israélienne avait violemment sous-évalué l’importance de la communication dans la guerre moderne, surtout au début de l’Intifada.

Au temps pour Mesdemoiselles Chabot et Schemla, qui soutiennent des thèses contraires ! Voilà encore plus distinctement définie la position de l’armée israélienne, ce qui a le mérite d’éclairer encore un peu plus le différend de Nétzarim. Mademoiselle Chabot emboîtait jusqu’à présent le pas de Charles Enderlin, en tentant de laisser croire que la position de l’armée israélienne dans la Controverse n’avait pas la limpidité du cristal. Arlette avait longuement digressé sur ce thème au micro de Radio J. Elle avait battu, à cette occasion, tous les records d’invectives infondées jamais proférées entre des confrères - contre nous - ; eh bien, Boogie Ya’alon vient de lui administrer une nouvelle preuve de ses inconsistances ! La fuite en avant de France 2 et du fan-club du « Pinocchio de Jérusalem » se trouve ainsi relancée.

Ya’alon, dans une autre observation, a - enfin ! - admis que « des considérations médiatiques pouvaient affecter des décisions opérationnelles ». C’est bien. On regrette presque que la seconde Intifada se soit terminée avant que Tsahal n’ait pu mettre ces enseignements en pratique. Quatre ans et demi pour affirmer une certitude sur le cas A-Dura, c’est quand même... un peu long. On ne lui demandait pas de citer les enquêtes de la Ména et de Shahaf, sur lesquelles reposent tous les aspects scientifiques de ce soudain réveil mais d’être un peu plus efficace. Sa reconnaissance, on peut s’en passer, puisque le physicien Nahum Shahaf, tant et si vilainement stigmatisé dans les medias français, a été invité par l’American Academy of Forensic Science (l’instance faisant autorité, au plan mondial, en matière des sciences de la criminologie) à faire la démonstration de la mise en scène de l’assassinat de Mohamed, à l’occasion de son congrès annuel. La présentation de l’ancien chef de la commission d’enquête de l’armée israélienne à la Nouvelle Orléans s’acheva par une ovation debout de la part des experts de toutes les polices du globe. Je me suis laissé dire que même les délégués français ont frappé discrètement dans leurs mains à la fin de l’exposé de Shahaf.

Déception toutefois, Boogie n’a pu s’empêcher de déclarer que « Mohamed avait apparemment été abattu par un officier de police palestinien ». Une aubaine pour ceux que Juffa appelle les « consensualistes » et pour les activistes anti-arabes. Ces deux catégories de personnes - la première afin de sauver l’honneur perdu, dans cette affaire, de la télévision publique tricolore, la seconde, pour montrer que les Arabes sont des monstres qui tuent leurs propres enfants aux fins de propagande - sont prêtes à s’accommoder d’une situation absurde : Mohamed serait mort mais ce seraient les Palestiniens qui l’auraient tué. Je ne vais revenir sur aucun des points que nous avons déjà développés - Ilan n’est jamais ringard ni répétitif ! - et qui démontrent que cette construction intellectuelle n’a pas lieu d’être. J’admets même que, dans des situations non symptomatiques (voir plus bas l’image de Reuters de miliciens palestiniens tirant sur des manifestants de leur bord), les adeptes des thèses d’Arafat sur l’arme médiatique n’auraient pas hésité à abattre Mohamed, surtout s’ils avaient pu deviner l’icône de guerre que ce jeune acteur allait incarner. Mais je préfère m’en tenir à une simple réflexion logique, qui me paraît difficilement contournable :

Entre la position palestinienne « Pita » et l’emplacement du baril en béton armé [1], derrière lequel se « protégeaient » Jamal et l’enfant, nous avons compté pas moins de 22 caméras de télévision. Le risque pour des officiers palestiniens d’être surpris par un caméraman, dans ces conditions, en train de tirer la balle fatidique sur Mohamed, était plus que considérable. Les images d’un tel meurtre auraient eu des conséquences dramatiques pour la propagande arafatienne, et, d’ailleurs, la balle de « Reuters » précitée avait été filmée par la seule caméra qui se trouvait au nord-ouest du « cratère » de Pita.

La balle saisie dans son vol sur la pellicule de Reuters

Les officiers palestiniens qui étaient en charge d’accompagner la mise en scène en donnant l’illusion d’un échange de tirs nourri avec les Israéliens n’étaient pas fous. D’ailleurs, les deux seuls projectiles qu’ils ont tirés lors de l’incident en direction de personnes sont effectivement répertoriés dans notre enquête. Ceux qui veulent encore laisser croire « qu’on ne peut pas savoir exactement ce qui s’est passé » et qu’« il s’agissait d’un remake du Train sifflera trois fois, lors duquel tout le monde tirait sans discernement sur tout le monde », n’ont aucune idée de ce qu’ils avancent. Les forces palestiniennes organisées n’ont tiré que deux balles, ce 30 septembre 2000, en direction d’êtres humains, tous palestiniens : l’une sur le groupe de manifestants qui se trouvait le long de l’entrepôt jouxtant la base israélienne de Magen 3 (voir la photo qui précède) et l’autre, que l’on distingue sur la Fiction A-Dura du film de Talal Abou-Rahma, parmi les autres fictions relevées par FR2, Leconte, Jeambar et Rosenzweig. Il s’agit d’une balle de Kalachnikov heurtant le mur à soixante et un centimètres, côté gauche pour les tireurs, et à 19 centimètres environ au-dessus de la tête du faux enfant-martyr.

Ne serait-ce que pour la raison que je viens d’évoquer, la thèse de la mort de l’enfant du film de France 2 ne tient pas debout et les « consensualistes » feraient bien d’y réfléchir sérieusement, plutôt que de reprendre en cœur l’accusation creuse et malhonnête de « conspirationnisme » contre notre agence. On peut accorder quelque crédit à l’armée israélienne et penser que si son commandant en chef déclare, quatre ans et demi après les faits, que Tsahal n’a pas tué Mohamed A-Dura, c’est, à la fois, qu’il sait pertinemment de quoi il parle et qu’il est toujours aussi important de mettre ces choses au point. Et si ce n’est pas l’armée israélienne qui a tué Mohammed, il reste deux hypothèses possibles : soit Mohamed (le Mohamed du film, tourné l’après-midi à partir de 15 heures, selon le commentaire d’Enderlin, pas celui arrivé avant midi à l’hôpital Shifa, selon le témoignage des médecins palestiniens ayant reçu ce corps, et qui a été présenté à la presse dans la morgue de l’établissement) a été tué par des Palestiniens, soit il était toujours vivant au soir du 30 septembre 2000.

Le cadavre A-Dura, arrivé à l’hôpital avant midi,
soit au moins 3h 45 avant le « décès » du Mohamed du film de FR2

Or, objectivement parlant, la thèse de la mort de l’enfant (du fait des Israéliens) ne repose que sur le témoignage du caméraman Talal Abou-Rahma. Rien ne permet de l’accréditer par les images du reportage de France 2, par les rushes tenus secrets par la chaîne publique - et qui étaient censés contenir la preuve de l’assassinat selon le témoignage judiciarisé de Rahma -, ainsi que par la scène de l’agonie de Mohamed, annoncée par Enderlin, et qui n’existe pas non plus. Si l’on veut rester absolument logique et factuel, on observera, au contraire, que la déposition d’Abou-Rahma constitue un faux avéré, confirmé par ceux qui ont vu les rushes et de l’aveu même d’Enderlin, et que le film tourné par Abou-Rahma contenait de nombreuses autres mises en scène, relevées par le trio de journalistes français et par Didier Epelbaum de FR2.

On le constate donc, la thèse de l’assassinat repose sur la parole de deux menteurs et sur l’intention des Enderlinards de faire passer leur solidarité corporatiste avant la recherche de la vérité. En outre, cette thèse ne tient pas compte des dizaines de preuves et d’indices recueillis par les enquêteurs de l’armée et de la Ména - dont je ne fais, je le rappelle une fois encore pour que ce soit clair, aucune mention dans cet article -, et de plus, comme on le voit, elle va à l’encontre de tous les éléments rendus publics.

Quant à la demi thèse des consensualistes et de Moshé Ya’alon, elle ajoute l’illogisme suicidaire des officiers palestiniens à cette série de non-sens. Parlant d’incohérence, il leur faut encore ajouter celle-ci à leur fourvoiement : il ne fait aucun doute que l’enfant filmé à la morgue de l’hôpital Shifa, réceptionné par les docteurs avant midi le 30 septembre 2000, était effectivement mort et que le carton d’identification qui apparaissait sur le cadavre, de même que le rôle des admissions de Shifa, mentionnaient le nom de A-Dura. Il est tout aussi certain que le reportage - chacun peut le réécouter - d’Enderlin-France 2 situe le début de l’échange de tirs entre Israéliens et Palestiniens à 15 heures et partant, suivant en cela le témoignage authentifié de Rahma, le décès présumé de l’enfant 45 minutes plus tard, soit à 15 heures 45.

On aurait donc eu deux Mohamed A-Dura tués durant la même journée, dans la même région et soignés dans le même établissement hospitalier ? Et de plus, personne n’aurait fait mention de cette tragique homonymie ? Personne n’aurait filmé Le Mohamed A-Dura « assassiné par les Israéliens », préférant s’attarder sur celui dont la cause de la mort est inconnue et d’ailleurs sans aucune importance pour la solution de la controverse. Come on... !

Et si Enderlin s’était tout simplement trompé dans son commentaire, remarqueront ceux pour lesquels tout ce qui passe à l’écran possède la valeur en véridicité d’une encyclique papale ? Si l’assassinat de l’enfant - par les Israéliens ou les Palestiniens, dans cette perspective, cela n’a pas d’importance - avait eu lieu le matin et pas l’après-midi et que Pinocchio s’était tout simplement trompé d’heure, en situant le début de la fusillade à 15 heures ?

Après tout, c’est perseverare qui est diabolicum, errrare, est humanum ! Si Enderlin s’était juste trompé d’heure, cela ne constituerait même pas une faute professionnelle grave ! Certes, certes, cela aurait pu jouer, si, dans une déclaration très sérieuse et très « enregistrée » de surcroît, Charlot n’avait pas affirmé avoir suivi l’« assassinat » de Mohamed de « minute en minute », communiquant par portable avec Abou-Rahma [1]. On ne peut pas - à moins d’être totalement branque - confondre le matin et l’après-midi lorsque l’on a passé 45 minutes à suivre au téléphone l’assassinat d’un gamin ; ça marque, le meurtre prémédité d’un enfant, et puis, en cas de doute sur l’heure, Pinocchio avait tout le temps de vérifier les choses avant d’en parler. Sur l’historique des appels de son portable. Auprès de la société de téléphonie mobile. Alors, si en quatre ans et demi, Enderlin n’a jamais remis en doute l’heure du « crime », eh bien, ma foi, nous sommes tous bien obligés de prendre son commentaire à la lettre...

Apostille

Une dernière chose pour aujourd’hui : que personne ne pense que la Ména n’a pas réagi à ce qui a été dit dans l’émission d’Elisabeth Lévy « Le Premier pouvoir », sur France Culture ! Lévy y avait laissé dire que notre agence considérait que France 2 avait participé à la construction de la mise en scène de Nétzarim. Cela colle bien avec l’accusation itérative de « conspirationnisme » que profère Leconte à notre encontre [2] et que je trouve personnellement ignoble. Ignoble et lâche, pour être tout à fait complet, puisque Daniel Leconte se sait à l’abri de toute confrontation publique avec un représentant de la Metula News Agency, protégé qu’il est par l’omerta que les médias français nous imposent.

Que les lecteurs sachent cependant que notre rédacteur en chef a écrit à Madame Lévy, la priant de rectifier l’erreur lors de sa prochaine émission. Personne ici ne pense, en effet, que FR2 ait participé à la confection de la mise en scène de la mort du petit palestinien.

La chaîne a simplement omis de procéder aux vérifications d’authenticité qui s’imposaient avant la diffusion d’un reportage présentant des risques aussi évidents pour la paix au Proche-Orient ainsi que pour la paix sociale en France [3]. Puis FR2 a sciemment dissimulé (et les dissimule toujours) des éléments en sa possession qui établissent l’inanité et l’irrecevabilité du témoignage du réalisateur de son reportage fauteur de guerre. Enfin, France 2 a chargé, en toute connaissance de cause, l’auteur dudit faux témoignage de réaliser, a posteriori de 4 ans, un document filmique censé étayer la thèse de l’assassinat et, ce faisant, tenter de relever la chaîne publique de ses responsabilités dans cette malversation. Mademoiselle Chabot a aussi rejeté le principe de l’examen des blessures - sur la base de quelle autorité, est-elle sa mère ou sa femme ? - de Jamal A-Dura par un médecin légiste neutre, tel que proposé par notre confrère Luc Rosenzweig. La directrice de l’information de FR2 entend ainsi faire en sorte que le public français fonde sa conviction sur l’origine des cicatrices de Jamal, sur la seule foi d’un bordereau filmique, réalisé par un caméraman directement accusé d’imposture criminelle dans le cadre de cette affaire. Il s’agit assurément d’une exigence fort singulière en pareilles circonstances.



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