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L’islamisme, un système politique démocratiquement choisi
Bertrand Ramas-Muhlbach
Article mis en ligne le 2 juillet 2012

Le 30 juin 2012, Mohamed Morsi, issu de la mouvance islamiste des Frères Musulmans, a pris ses fonctions en qualité de Président de la République Arabe d’Egypte. Aussi, la tendance constatée lors des élections législatives de novembre 2011 qui avaient donné aux partis islamistes égyptiens près de 70% des sièges, s’est bien confirmée.

De mauvaises langues viendront toujours colporter que les voix ont été obtenues en contrepartie d’aides financières allouées en dehors de toute transparence, que la moitié des électeurs ne s’est pas déplacée pour ce scrutin crucial pour le devenir du pays, et que la popularité des Frères Musulmans est la conséquence du lien social tissé entre la population et les organismes caritatifs gérés par eux, mais nul ne peut contester la légitimité du nouveau Président et le caractère démocratique de son élection.

Le résultat des élections est d’ailleurs en adéquation avec l’histoire du pays : l’Egypte est un pays musulman depuis plus de dix siècles et l’Islam y constitue le socle social. Rien de plus normal que le peuple se choisisse un Président et une assemblée conformes à son histoire et à ses valeurs nationales.

Dans son discours à la nation, Mohamed Morsi s’est néanmoins présenté sous un aspect consensuel affirmant : « Je suis le président de tous les Egyptiens sans exception », voire, « L’unité nationale est le seul moyen de sortir de ces temps difficiles ». Aussi, n’a t-il pas manqué de contester le mini coup d’état fomenté par l’armée le 15 juin 2012, qui a décidé de dissoudre l’assemblée prétextant une illégalité dans le mode d’élection et ce, au moyen d’une « Déclaration constitutionnelle complémentaire ». La réaction de Mohamed Morsi n’a donc pas tardé : « Le Conseil suprême des forces armées n’a pas le droit de modifier la Constitution et je rejette la déclaration constitutionnelle qui limite les prérogatives du président de la République ». Bien évidemment, l’armée n’allait pas abandonner si facilement le contrôle politique du pays avec son million d’hommes et le tiers du PIB du pays qu’elle génère en ce compris l’aide militaire américaine (plus de trois milliards de dollars par an). Les militaires détiennent en Egypte les rênes de l’administration territoriale, de l’immobilier, du tourisme de l’agriculture… Aussi, devraient-ils conserver la maîtrise des réformes jusqu’à l’élection d’une nouvelle Chambre des députés, un droit de regard sur la rédaction de la future Constitution, et conserver leurs prérogatives en terme de sécurité et de maintien de l’ordre. La question se pose toutefois de savoir si ce tour de passe-passe militaire suffira à freiner le courant d’islamisation de la société égyptienne, légitimée par l’élection démocratique. Rien n’est moins sur.

Bien évidemment, il est toujours possible de museler momentanément l’expression populaire, mais en bout de course, le peuple récupère ce dont il a été dépossédé, avec une force décuplée. En l’espèce, le peuple a choisi démocratiquement son camp et entend appliquer le programme islamiste c’est-à-dire placer la Shari ’a au sommet de l’Etat, substituer le Coran à la loi, et instaurer un Etat islamique à l’Etat de Droit. Une majorité d’égyptiens a ainsi décidé de mettre en œuvre une politique conforme à son histoire, à l’influence islamique (l’Islam est la religion d’Etat), et à l’information véhiculée de génération en génération, en l’occurrence, celle de la Vérité islamique. Les égyptiens ont opté pour la vision islamiste, à savoir, une société vertueuse avec application d’un Islam rigoriste et une finance conforme aux valeurs islamistes (l’absence d’intérêt lors des prêts accordés). Les militaires ne pourront pas indéfiniement les en empêcher.

En responsable politique habile, Mohammed Morsi s’est certes engagé à « préserver les traités et chartes internationaux » signés par l’Egypte, mais ne s’est pas privé d’annoncer à une agence de presse iranienne son souhait de « réviser les accords de paix avec Israël conclus en 1979 », « réviser les accords de Camp David » qui ont établi la paix avec Israël, et renforcer les relations avec l’Iran pour créer « un équilibre stratégique régional », sous entendu favoriser la thèse islamiste relative à l’éradication de l’entité sioniste.

Les islamistes ont donc placé la communauté internationale face à un véritable dilemme : soit, il est laissé aux égyptiens de vivre le régime politique choisi avec un risque de déséquilibre stratégique régional et une déstabilisation du monde, soit il est fait défense aux égyptiens d’aller au bout de leur choix politique démocratique en cultivant leur frustration qui sera un jour incontrôlable. Les islamistes ne semblent d’ailleurs pas pressés puisque leur régime fait de plus en plus d’émules : ce régime a déjà été choisi en Turquie, dans la bande de Gaza, en Tunisie, en Lybie... La République du Yemen s’est également fixée pour devise « Allah, la Patrie, la Révolution » et l’Islam y est la religion d’Etat. Aussi, n’est il pas nécessaire d’être grand limier pour deviner que la Syrie adoptera ce système politique dès la chute de Bacher Al Assad. Pour convaincre de leur thèse, les islamistes pourront d’ailleurs toujours se référer à l’exemple algérien où la population avait choisi démocratiquement la mise en place d’un système islamiste en 1992, avant d’en être privée par les militaires. Résultat un transfert du pouvoir s’opère progressivement entre les mains des chinois qui rachètent les entreprises, construisent des routes, les ensembles immobiliers, et créent une nouvelle race avec des mariages mixtes…

Pour les islamistes, l’Islamisation du monde est en marche. D’ailleurs, en Europe, sa progression est fulgurante puisque dans les capitales comme Bruxelles ou Londres, « Mohamed » est en tête des prénoms choisis dans les maternités. Ainsi, et d’ici une vingtaine d’années, l’inversion des rapports démographiques devrait s’opérer calmement dans certains pays avec cette chance qu’en Europe, outre la démocratie qui confère le pouvoir au nombre, la laïcité évolue vers l’athéisme, ce qui génère une frustration spirituelle au sein de la population. Les populations locales devraient pouvoir trouver un apaisement avec l’Islam, où il n’existe pas de séparation entre le sacré et le profane. Ainsi, et grâce au mécanisme démocratique, les islamistes devraient pouvoir imposer des institutions nationales qui leur permettent de vivre leur foi sereinement et de manière authentique (démocratie oblige). Ultérieurement, rien de devrait pouvoir s’opposer à une substitution démocratique de l’Islam, à la laïcité considérée comme un renoncement à la foi qui affaiblit la pratique religieuse des fidèles.

La naïveté de certains responsables politique est déconcertante comme l’illustre les propos du Président François Hollande qui a déjà annoncé que la France « soutiendra l’Egypte dans les instances européennes et internationales… Il importe aujourd’hui que la transition, commencée en février 2011, se poursuive afin, conformément aux engagements pris, que s’établisse en Egypte un système politique démocratique et pluraliste et un Etat de droit garantissant les libertés civiles et politiques de tous les citoyens comme des minorités »...

Nous observons par ailleurs que le contexte international contemporain ne donne pas tout à fait tort aux islamistes : l’Europe est en pleine déconfiture financière, morale et spirituelle. Les islamistes devraient donc sans trop de difficulté, expliquer que les droits et libertés de l’individu, l’égalité Homme femme, la suprématie de la loi et de la raison, et la liberté de conscience ne constituent pas un progrès de l’humanité mais une forme de perversion de l’humanité. Ils pourront alors proposer le modèle islamique où le Droit n’a pas de prise sur la foi qui lui est supérieure, le Coran étant lui même supérieur à la Constitution...

Mohamed Morsi sait très bien qu’en politique, seul le résultat compte. Aussi, n’a-t-il pas manqué d’affirmer « la révolution continue jusqu’à la réalisation de tous ses objectifs ». Cette révolution devrait d’ailleurs conduire les peuples dans le monde à opter pour ce mode régime politique, comme cela est d’ailleurs prophétisé dans le Coran.

Gageons seulement qu’Israël ne soit pas obligé de subir une nouvelle Shoah pour démontrer la fausseté du message coranique.



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