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Nucléaire : L’Iran choisit la confrontation
Par Jean Tsadik © Metula News Agency
Article mis en ligne le 8 mars 2005

Pendant que les yeux du monde sont tournés vers Damas et qu’il observe les tergiversations et les procédés à effet retardant de Béchar al-Assad, un autre drame se déroule entre l’Occident et une grande puissance musulmane.

Et l’urgence et la gravité des enjeux présents dans la tentative de l’Iran de se doter de l’arme nucléaire, surpassent assurément, sur le plan stratégique à tout le moins, les avatars liés à l’application de la résolution 1559. Le régime des ayatollahs ne se trouve, en effet, plus qu’à quelques encablures du point de non-retour sur le chemin aboutissant à devenir une puissance nucléaire.

Karel de Gucht, le Ministre belge des Affaires Etrangères, a beau résumer adéquatement ce que tout le monde sait, affirmant que « nous ne devons pas croire que les Iraniens veulent uniquement utiliser leur technologie à des fins civiles » et que ce « pays veut la bombe atomique », cette constatation n’a rien de rassurant. C’est que, Téhéran, usant avec un savoir-faire certain des tiraillements euro-américains, et surtout, des divergences de vues entre les présidents Bush et Poutine, continue à vouer toute son énergie à développer ses infrastructures atomiques. Les plus optimistes, ou les naïfs, avaient accordé quelque crédit à ce que l’on appelle désormais l’« Accord de Paris », et qui consistait en un engagement de la part de la république islamique à mettre un terme définitif à ses activités d’enrichissement d’uranium.

En contrepartie, les Européens, soucieux d’explorer jusqu’au bout la possibilité de s’entendre avec les ayatollahs, avaient fait pression sur les Etats-Unis afin que le dossier de la bombe iranienne ne soit pas transféré de l’AIEA (l’Agence Internationale pour l’Energie Atomique) au Conseil de sécurité des Nations Unies. Dans un même souci, l’Union Européenne demandait à Washington de surseoir à ses projets d’intervention militaire et de s’assurer que Jérusalem en ferait autant. L’engagement voulu par les Européens a été tenu, celui des Iraniens fut inexistant. Même le moratoire de cinq ans sur les activités d’enrichissement d’uranium, proposé par Muhammad al-Baradeï, le directeur de l’AIEA, a été rejeté par les dirigeants perses.

Ali Agha-Mohammadi, le directeur du Comité d’Information du Conseil Suprême de Sécurité Nationale (CSSN) de la république islamique, a dévoilé la stratégie iranienne, sans même se faire prier, relativement aux discussions avec les Européens : « dans les discussions avec l’Europe, nous conquérons une position après l’autre, le but final étant de conserver notre cycle de combustible ».

Qualifiant sa perception de l’Accord de Paris, Téhéran parle d’un engagement auprès de l’Union Européenne, qui était temporaire, spontané, et surtout, sans obligation de sa part. Un engagement qui se terminera de toutes façons dans dix jours... Afin de ne pas laisser subsister le moindre doute quant à leurs intentions, le chargé des négociations du côté iranien, Hassan Rowhani, a annoncé, le 13 janvier dernier, que son « pays ne laisserait aucun autre mettre fin à ses activités d’enrichissement d’uranium » et que l’Iran reprendrait lesdites activités dans un proche avenir. Lors de la dernière réunion du Conseil de l’AIEA, à Vienne, le 27 février, les Européens ont a nouveau exigé la cessation permanente des activités iraniennes d’enrichissement d’uranium ; le délégué de Téhéran, Sirus Nasseri, n’a guère attendu pour confirmer les propos de Rowhani, prenant la peine d’ajouter : « si les Européens n’acceptent pas un compromis, ils devront opter pour la confrontation que les USA semblent privilégier (...). »

Techniquement, ces déclarations signifient que l’Iran réfute l’exigence européenne et qu’il refuse également de s’engager à ne se fournir en combustible nucléaire qu’auprès des sources officielles européennes. L’Iran entend poursuivre la construction de ses deux réacteurs à eau lourde et espère ainsi pouvoir faire fonctionner un cycle indépendant de production de combustible nucléaire, qui lui permettra de fabriquer des bombes atomiques à sa guise.

De quel compromis parlent alors les émissaires iraniens ? - Hassan Rowhani est venu l’expliquer, en sa qualité de directeur du CSSN, de vive voix, à Paris, au Président Chirac, et à Berlin, à Joschka Fischer, le ministre allemand des Affaires Etrangères. Cela s’est passé il y a quelques jours, mais surtout, c’était juste quelques heures après le départ de George Bush du vieux continent, tandis que ce dernier pensait avoir trouvé une position commune avec les Européens à propos du problème iranien. Ce que l’Iran propose, c’est le modèle germano-japonais comme nouvelle base de négociation avec l’Union Européenne. A nous de mentionner que, suivant ce modèle et les fonctionnements technologiques qu’il autorise, l’Allemagne se trouve en situation de produire des armes nucléaires, en tous temps, dans un délai de trois à quatre mois.

Autre point d’inquiétude pour Washington et Jérusalem, la coopération grandissante de la Russie dans les programmes nucléaire et militaire de l’Iran. La Russie, qui vient de s’engager à terminer le réacteur de Boushère et à le rendre opérationnel avant la fin de l’année et qui s’est promise de fournir à Téhéran du carburant à partir d’avril prochain. Et si cela ne suffisait pas à relancer une mini guerre froide entre les USA et la Russie, on apprend que Vladimir Poutine a donné son accord pour avancer le lancement de deux satellites espions iraniens, qui était initialement prévu en août. Les deux satellites - Mesbah (Crépuscule) et Sinah (Sinaï) seront mis en orbite par une fusée de type Kosmos III. A en croire des experts israéliens, il est possible que Mesbah soit capable de transmettre à ses propriétaires des images utilisables des installations militaires de l’Etat hébreu. Plus préoccupant encore, il se pourrait que ce même satellite puisse communiquer des informations concernant des mouvements aériens, comme ceux illustrant, par exemple, la mise en place d’une attaque contre les usines du programme militaro-nucléaire de Téhéran.

La quantité de sable restant à s’écouler dans le sablier fatidique s’amenuise à vue d’œil. Mesbah pourrait être opérationnel en août ou en septembre prochain, hypothéquant ainsi la réussite d’un raid israélien au-delà de cette période. Une certitude : pas plus les Etats-Unis qu’Israël ne sont prêts à vivre sous la menace d’une industrie nucléaire de guerre aux mains du régime iranien, ni des missiles à longue portée que prépare Téhéran. Si les ayatollahs ont touché le ventre mou de l’Europe, à savoir son indécision, sa capacité à se faire manipuler sans fin et l’anti-Atlantisme des Français et des Allemands, et qu’ils font un usage maximal de cette découverte, ils vont se heurter de plein fouet à l’Administration Bush.

Dans le sillon des menaces et des contre menaces, on distingue que ce sont les islamistes en charge des affaires à Téhéran qui ont choisi la voie de la confrontation. Ils l’ont fait en refusant les compromis de bonne volonté proposés par les Européens et en mettant la planète au pied du mur de leurs intentions. Et au-delà, s’opposent deux conceptions, que Chirac et Schröder préfèrent ne pas voir : celle de l’Amérique qui veut démocratiser le monde et celle de Téhéran, qui veut l’islamiser. Deux conceptions si antithétiques, qui tiennent à la place de l’homme dans l’univers, que rien ne pourra jamais les rapprocher.

Pour Bush et Sharon, il est impensable que le patron du Hezbollah et du Hamas soit une puissance nucléaire, tandis que la France et l’Espagne s’escriment à faire sortir le Hamas de la liste des organisations terroristes de l’UE. C’est là la preuve que l’Europe ne possède pas la vision prospective des conséquences de se trouver, à cinq ans tout au plus, sous la menace des missiles nucléaires islamistes. Nous, nous pouvons vous dire que ce serait un enfer, et que les gens raisonnables vont tout faire, quitte à prendre des risques, afin que cet enfer-là ne règne pas sur la terre. 



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