Pourquoi François Hollande rechignerait à se glisser d’ores et déjà dans le costume de François II ? Les résultats du premier tour de la Présidentielle étaient encore à l’affinage qu’une nouvelle salve de sondages le donnait largement vainqueur au second tour, le 6 mai prochain. Il n’a pas tort de l’anticiper. Il est vrai que le résultat global du premier tour situe le corps électoral majoritairement à droite, surtout après le dégonflage, il faut l’avouer inattendu, du Front de Gauche.
Mais il est une différence majeure entre le « camp de gauche « et ce que l’on qualifie une peu vite de « bloc de droite ». C’est que justement la droite n’est pas un bloc , loin s’en faut , surtout si d’une manière ou d’une autre on y adjoint le ModeM de François Bayrou , lequel de toute façon devra attendre encore un peu avant d’être sacré François III .
Si François Hollande peut escompter – législatives oblige - un très bon report des voix qui se sont d’abord portées sur Jean -Luc Mélenchon et sur Eva Joly et même sur Nathalie Arthaud, Il n’en va pas de même à droite pour Nicolas Sarkozy. La réelle surprise de ce premier tour est bien le score réalisé par Marine le Pen, à prés de 18 0 /0 du corps électoral. La présidente du Front National n’a pas attendu longtemps non plus pour abattre son jeu. Pour elle ce résultat n’est qu’un début.
C’est pourquoi, et sauf coup de théâtre, elle n’a strictement aucun intérêt à la réélection de Nicolas Sarkozy, Sa stratégie l’incite plutôt à laisser la Gauche arriver de nouveau au pouvoir et à y causer les dégâts annoncés, ce qui, pense t-elle, élargira encore son électorat en le radicalisant. François Hollande l’a compris qui voudrait s’en servir comme d’un levier supplémentaire pour provoquer en sa faveur, au delà de la gauche, et comme l’avait fait en son temps François Ier, un réflexe républicain.
Nicolas Sarkozy ne se trompait pas beaucoup en affirmant à qui voulait l’entendre que le vote pour le Front National favoriserait en réalité François Hollande .Quand à François Bayrou, poursuivant, malgré le désaveu des électeurs et des électrices, sa propre stratégie, aussi obstinément personnelle que destructrice, il espère un jour tirer les marrons du feu par cette politique du pire. Aux militants et aux électeurs du Modem d’en décider.
Pour la communauté juive de France, l’horizon n’est donc pas très clair. Si à l’égard d’ Israël , la politique arabe de la France ne variera pas dans ses grandes lignes , on voit mal comment François Hollande résistera longtemps à l’antisionisme virulent d’une grande partie du PS et d’une non moins grande partie de son camp électoral .
Sans parler de son programme économique d’un flou préoccupant. Nicolas Sarkozy n’a donc pas tort là aussi de le contraindre à s’exprimer clairement à ce sujet mais l’actuel second selon les urnes roule sans doute trop des mécaniques en prétendant pulvériser son adversaire en trois combats télévisés. Outre que François Hollande est un excellent débatteur, il faudra surtout, et il faut y revenir, que Nicolas Sarkozy n’apparaisse pas comme l’otage du Front National.
La partie semble ainsi jouée sur le papier. Dans la réalité, tous les sportifs le savent, un match n’est jamais gagné ou perdu avant la dernière seconde de jeu. Et à plus forte raison lorsque ce n’est pas un jeu.