Privés de la présence exaltante de l’imam Karadawi , les organisateurs du Congrès de l’UOIF au Bourget, dimanche, ont sollicité l’un de leurs atouts maîtres : en l’occurrence Tarik Ramadan . Si l’on en croit les dépêches d’agence : ils ont été servis. Qu’en dire alors que se prépare cette semaine une manifestation de musulmans français décidés à clamer leur dégoût de l’antisémitisme et leur attachement au principe de laïcité ?

Le moins que l’on puisse souligner est que l’ UOIF, composante essentielle du CFCM , pratique , à l’instar de son invité vedette , le double langage. Car Tarik Ramadan illustre parfaitement la différence radicale qui sépare l’intellectuel qui mérite ce nom de l’idéologue patenté, autrement dit de l’individu qui met ses idées au service de ses passions , elles mêmes en phase avec les passions du plus grand nombre . Quel a été le discours de l’idéologue itinérant de l’islamisme à visage universitaire ?

Pas une seule fois il n’a incité les musulmans de France et d’Europe à se mettre en question et à réfléchir aux mobiles légitimes des décisions prises par le Président de la République et par le gouvernement après les tueries de Montauban et de Toulouse. Le leit motive au contraire à destination des quelques 40000 auditeurs et auditrices, d’ailleurs fermement séparés les uns des autres, a été celui de la résistance sinon contre la lettre de telles décisions , en tous cas contre leur esprit.

Tout cela étayé par de constantes références au Coran et aux exemples donnés par le Prophète en personne. Il n’est pas besoin d’être agrégé de philo ou de science politique pour suivre le fil double de ce discours aux termes duquel les musulmans doivent surtout et avant tout obéir aux principes de l’Islam tels qu’ils sont entendus et prescrits par Youssef Karadawi et tarik Ramadan. Le respect des lois de l’Etat où ils se trouvent ne sera que de pur et simple accommodement. Dés lors l’idéologie franchit un pas en arrière supplémentaire et se fait pure propagande. C’est à ce titre que Tarik Ramadan réprouvant l’antisémitisme par figure obligée compense aussitôt cette réprobation par la condamnation de la politique d’Israël et s’acquitte ainsi de la commande implicite des responsables de l’ UOIF qui n’en pensent pas moins .

C’est pourquoi la manifestation qui se prépare de musulmans républicains et démocrates doit être sans ambiguïté .L’islamisme oeuvre à ciel ouvert en Tunisie où les tenants de la chariâ tentent d’imposer leur règles et leurs normes aux tribunaux tunisiens. Il vient de prendre le pouvoir au nord du Mali en violation complète de la souveraineté de cet Etat et des règles élémentaires du droit international. Le Mali présente , entre autres , une longue frontière commune avec l’ Algérie qui a été payée durant la décennie 90 pour apprendre ce qu’islamiste veut dire .

Par suite, Alain Juppé a eu raison à propos du Mali de ne pas parler seulement de coup d’ Etat islamiste mais de coup d’ Etat djihadiste. Le mauvais vent qui souffle dans cette région de l’Afrique s’entendait ce dimanche jusqu’au Bourget. Nul doute non plus que les islamistes de France n’attendent les résultats de la présidentielle pour savoir s’il leur sera possible d’avancer leur pions encore un peu. En ce domaine, la lucidité requise également de nos dirigeants communautaires est plus qu’une nécessité : elle est un devoir qui engagera leur responsabilité pour les temps à venir.