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Une organisation médiatique égyptienne créée pour contrer MEMRI : « Nous allons publier un code déontologique à l’attention de la presse arabe »
Article mis en ligne le 11 février 2005

Cette semaine marque le septième anniversaire de MEMRI. Au sein du monde arabe, le travail de MEMRI fait l’objet d’une importante couverture médiatique. La semaine dernière, le quotidien Al-Sharq Al-Awsat, édité en arabe à Londres, a publié une interview d’une page du président de MEMRI, M. Yigal Carmon, sur les recherches du Middle East Media Research Institute (MEMRI).

Dans le monde arabe également, une organisation médiatique du nom d’Arabes contre la discrimination (ACD) , en association avec le premier quotidien égyptien, Al-Ahram , a dernièrement été créée pour faire face à MEMRI. Son directeur, M. Imad Gad , a déclaré qu’il convenait de mettre au point un code déontologique à l’usage des medias arabes.

L’hebdomadaire égyptien Akhbar Al-Adab a publié une interview de M. Gad, également associé au Centre d’études politiques et stratégiques de la maison d’édition Al-Ahram . Cette interview porte principalement sur la création d’ACD et sur le combat de l’organisation contre la loi américaine, dernièrement promulguée, de recensement des actes antisémites dans le monde (Global Antisemitism Review Act) . (1) Voici des extraits de ce dernier entretien (2) :
Au sujet d’ACD et de MEMRI

Akhbar Al-Adab : Quel est le rôle d’ACD, et dans quel contexte [cette organisation] a-t-elle vu le jour ?

Imad Gad : Dans le cadre de notre travail au Centre d’études politiques et stratégiques d’Al-Ahram, grâce auquel [nous avons réuni] une ’ sélection d’extraits israéliens’, nous suivions les activités des diverses organisations sionistes : leur façon de faire, d’être à l’affût. L’attaque [contre les médias arabes] a pris de l’ampleur avec la naissance de MEMRI, en 1998, et de ses branches dans diverses capitales de la planète, telles Washington, Berlin, Moscou et Tel-Aviv.

MEMRI est l’abréviation de ’Middle East Media Research Institute.’ C’est une appellation très générale. [L’Institut] s’occupe de parcourir la presse arabe, qu’il accuse d’antisémitisme et de [haine à l’encontre de] la culture occidentale. Il a un site en sept langues. Vu qu’il possède une branche à Washington, il est en mesure de communiquer ses informations aux membres du Congrès, ainsi que des enregistrements vidéo, qui incluent des déclarations de personnalités arabes.

Vu l’absence de réaction du côté arabe, MEMRI a franchi une étape supplémentaire en accusant [diverses] personnalité arabes d’antisémitisme. L’une [de ces accusations] était adressée à l’écrivain [et directeur d’Al-Ahram] Ibrahim Nafie. (3) Nous nous sommes demandés comment réagir. Devions-nous nous satisfaire de la réfutation du procès [des autorités françaises contre Nafie] ou considérer qu’il s’agissait là d’une offensive perpétuelle ? A l’issue de consultations avec un certain nombre de spécialistes du droit, nous avons décidé de créer ACD.

Notre préoccupation était de savoir comment fonctionnait cette organisation sioniste. En enquêtant sur le sujet, nous sommes tombés sur l’article d’un journaliste britannique intitulé « Selective MEMRI ». [Brian Whitaker] déclarait avoir reçu des emails de l’Institut contenant des extraits de presse arabes qualifiés d’antisémites. J’ai consulté les sources auxquelles il faisait référence, et ai constaté que les extraits étaient sortis de leur contexte et que les traductions étaient inexactes. En outre, [Whitaker] a découvert que cette organisation est composée d’officiers du Mossad et dirigée par le Colonel Yigal Carmon, conseiller pour les affaires terroristes d’ [Itzhak] Rabin, puis de [Benyamin] Netanyahou.

Cet article a eu un impact décisif, et [nous avons entrepris] de suivre les activités de cette organisation [MEMRI]. Le monde occidental était conscient du problème et surpris de l’absence de réaction arabe face à la déformation de nos écrits.

Akhbar El-Adab : C’est de là qu’est née l’idée de créer ACD sur le même principe que MEMRI ?
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Imad Gad : Il était prévu de créer ACD pour suivre toutes les activités des organisations qui recensent ce qu’elles appellent [les écrits de] ’haine antisémite arabe’ et de dénoncer toutes leurs inventions. En outre, ACD recensera les [écrits] racistes dont regorgent les médias israéliens, pas seulement contre les Arabes, mais également contre l’Occident, et pas seulement contre l’islam, mais aussi contre le christianisme, les travailleurs étrangers et les femmes.

Le site d’ACD propose 14 thèmes relatifs à la discrimination en Israël. Nous essayons ainsi de montrer qu’Israël n’est pas un pays démocratique, qu’il ne respecte pas les droits de l’Homme, qu’il enfreint les lois internationales et mène une politique de discrimination et de persécution.

Akhbar Al-Adab : A l’annonce de la création d’ACD, certains ont craint que ce ne soit là une organisation officielle.

Imad Gad : Ce n’est pas le cas. Nous sommes une organisation civile inscrite en France dans le but de mener des attaques en justice dans les tribunaux de la Communauté européenne. En outre, une branche [d’ACD] a été ouverte au Caire dans le cadre d’un accord avec le ministère égyptien des Affaires étrangères, et nous projetons d’ouvrir [une autre] branche d’ACD à Washington.

L’opposition d’ACD au Global Antisemitism Review Act

Akhbar Al-Adab : [Comptez-vous établir une branche d’ACD à Washington] afin d’agir contre la nouvelle loi américaine [pour le recensement des actes antisémites dans le monde] ?

Imad Gad : Nous avons entrepris une action en justice. Nous étudions la loi américaine et suivons le projet de loi français [contre l’antisémitisme]. Nous avons établi [un bureau] chargé des affaires judiciaires en prévision de la convention (5) et chargé d’étudier la loi [américaine pour le recensement des actes antisémites dans le monde] dans le contexte des lois internationales. En effet, aucun pays (…), quelque soit son poids sur la scène internationale, (…) ne peut promulguer une loi dans son parlement et l’appliquer partout dans le monde (…)

Nous nous efforçons également de soulever le sujet devant l’Assemblée générale de l’ONU, en coordination avec des éléments arabes et internationaux, dans le but de contrer la loi américaine qui représente un danger pour tous, pas que pour les Arabes. En Amérique, personne ne voit d’inconvénient à ce que vous maudissiez la religion chrétienne et l’Être divin et personne ne vous demandera de rendre des comptes pour cela. Mais si vous vous opposez à la politique de Sharon, vous êtes sévèrement puni.

Akhbar Al-Adab : A votre avis, cette loi sera-t-elle appliquée, ou n’est-elle qu’un moyen de pression auquel les Etats-Unis auront recours à chaque fois qu’ils le désirent ?

Imad Gad : Je pense qu’elle sera appliquée (…) Vu que le gouvernement américain sera encore sous contrôle de l’aile droite religieuse conservatrice pendant quatre ans, et vu les discussions incessantes sur la réforme, la démocratie, la modification du programme scolaire et du discours médiatique [arabe], je m’attends à ce que cette loi soit appliquée dans différents pays, qu ces pays soient ou non alliés des Etats-Unis. Elle pourrait être appliquée en Egypte ou en Arabie Saoudite si l’élite au pouvoir [aux Etats-Unis] décide d’agir conformément à cette loi, aux dépens de la liberté de pensée et d’expression.

Akhbar Al-Adab : Pensez-vous être en mesure de faire abroger cette loi ? Qu’est-ce qui peut être fait en ce sens ?

Imad Gad : Nous pourrions amener la suspension ou l’abrogation de la loi de plusieurs façons. Toutefois, nous, en tant que citoyens égyptiens, n’avons pas le droit d’agir ainsi. Tout ce que nous pouvons faire, c’est dénoncer cette loi et élargir le champ de la solidarité à plusieurs pays. Peut-être la prochaine étape sera-t-elle de nous tourner vers l’Assemblée générale des Nations unies.

Le problème de cette loi américaine est qu’elle répand la peur dans certains milieux arabes. Certains redoutent d’oeuvrer avec notre organisation, [de crainte] d’être taxés d’antisémites. Si les Arabes avaient la moindre intention de passer à l’action, nous pourrions élargir l’étendue de notre action judiciaire aux Etats-Unis, avec l’aide de spécialistes américains et non-américains. Ils pourraient soumettre des pétitions pour annuler cette loi, en vertu du fait qu’elle contredit la constitution, qui établit l’égalité pour tous les citoyens américains, sans considération de religion, de race et de couleur. La loi américaine trace une distinction entre les membres de la religion juive [d’une part] et les musulmans, les chrétiens, les bouddhistes, les Hindous et les autres [d’autre part], [violant] ainsi [le principe d’]égalité.

Akhbar Al-Adab : Que peut faire l’ACD, hormis la Convention [du Caire] ?
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Imad Gad : En principe, l’ACD veut agir pour contrer cette offensive. Nous sommes en mesure de fournir le matériel nécessaire et d’organiser la convention. L’essentiel est toutefois que cette idée se répande et que nous gagnions la solidarité, le soutien moral et politique des Arabes, plus encore que leur soutien économique.

Akhbar Al-Adab : Vous parlez de solidarité, mais ce n’est pas le langage du monde politique, qui raisonne toujours en termes d’intérêts et de pouvoir. Et cela est en particulier vrai de la France et de l’Allemagne, qui envisagent de promulguer une loi similaire à la loi américaine.

Imad Gad : Bien sûr. Mais [il faut bien] révéler les faits à l’opinion publique occidentale, qui reçoit des données médiatiques des institutions sionistes. Nous nous efforçons de changer les choses en faisant valoir les faits à l’opinion publique occidentale. De l’autre côté, les pays occidentaux sont démocratiques, en mesure d’exiger des comptes de leurs dirigeants au moyen des élections. Les Espagnols, par exemple, ont renversé [le Premier ministre espagnol] Aznar après que celui-ci eut décidé d’entrer en guerre contre l’Irak. Tel est l’intérêt de se tourner vers l’opinion publique mondiale. Les résultats ne se récoltent pas instantanément, mais à long terme (…)

Il ne sied pas de défendre les Palestiniens en diffamant la religion juive

Akhbar Al-Adab : Il y a un problème avec la presse arabe, qui a une approche émotionnelle du problème israélo-arabe, ce qui est contre-productif.

Imad Gad : Des préparatifs sont en cours pour une convention qui aura lieu dans l’un des pays arabes ; celle-ci publiera un code déontologique à l’attention de la presse arabe. Lors de cette convention, l’ACD présentera certains ouvrages que les organisations sionistes ont ’pourchassés’. [Nous voulons] souligner que de tels écrits [nous] causent du tort et qu’il ne sied pas de défendre les Palestiniens en maudissant la religion juive. Nous nous efforcerons de mettre au point un code déontologique à l’usage de la presse arabe, relatif à la nature et au traitement de tels thèmes afin d’assécher les puits qui abreuvent les organisations sionistes.

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(1) ACD publie depuis peu un rapport mensuel sur l’ « antisémitisme », qui comprend des exemples de parti pris contre les Arabes, pour protester contre la définition occidentale du terme « antisémitisme » qui s’applique exclusivement aux Juifs. Al-Ahram, Egypte, le 28 janvier 2005
(2) Akhbar Al-Adab (Egypte), le 19 décembre 2004
(3) Voir l’Enquête et analyse n° 107 de MEMRI
(4) Référence à l’article de Brian Whitaker, publié en 2002 dans The Guardian
(5) Cette convention devait avoir lieu les 16 et 17 janvier 2005. Elle n’a jamais eu lieu.

L’Institut de Recherche Médiatique du Moyen-Orient (MEMRI) est une organisation indépendante à but non lucratif qui traduit et analyse les médias du Moyen-Orient. Des copies des articles et autres documents cités, ainsi que toute information d’ordre général, sont disponibles sur simple demande.

The Middle East Media Research Institute (MEMRI),

Email : mailto:memri memri.org.uk
Site : www.memri.org/french

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