« Le Président Bush est très sérieux. Ecoutez-le ! », poursuit B. Caspit. « Il entend réaliser sa vision.

Lors de son prochain mandat, un Etat palestinien démocratique sera créé aux côtés d’Israël, et le Président américain fera tout son possible pour que l’Iran ne se procure pas de capacité nucléaire », tels sont les éléments essentiels des messages transmis dernièrement à Jérusalem par Washington, en prévision de la visite en Israël de C. Rice, note Caspit.

En Israël, on essaie à présent de procéder à une estimation de ce que sera la politique du Président américain ces quatre prochaines années ; une inquiétude commence à poindre sur ce qui attend Israël au plan diplomatique, et essentiellement sur le front palestinien.

Washington tient Abou Mazen en grande estime, poursuit Caspit. L’Administration américaine disait la semaine dernière aux Israéliens que le Président palestinien bénéficiera de tout le soutien nécessaire. Pour le moment, Abou Mazen est l’enfant chéri des Américains.

Il a passé avec succès la première épreuve, mais il faut savoir qu’à Washington, on n’a pas oublié que durant son premier mandat à la tête du gouvernement palestinien, Abou Mazen et Mohamed Dahlan ont menti et n’ont pas donné les résultats escomptés. Si cela se répète, il sera aux yeux des Américains un Arafat n°2. Le Président palestinien semble avoir conscience de la fragilité de cette situation, et fera tout son possible pour conserver la confiance de Washington, estime le chroniqueur.

La politique américaine se concentre sur l’application du désengagement selon son calendrier originel, en coordination avec les Palestiniens. Ensuite, Washington mettra l’accent sur l’instauration d’instances palestiniennes démocratiques, sur la réunification des services de sécurité et sur les réformes. Puis, et c’est cela que craignent les Israéliens, conjointement avec les Palestiniens, les Américains seront heureux de passer à la phase 2 de la Feuille de route.

Si après le désengagement Abou Mazen présente aux Américains un bilan positif (cessez-le-feu durable - même si les infrastructures terroristes sont restées intactes - fusion des services de sécurité, réformes institutionnelles, instances démocratiques et réforme économique importante orchestrée par S. Fayed), Israël redoute que les Américains acceptent de passer immédiatement à la création d’un Etat palestinien « dans des frontières provisoires ».

En Israël, certains estiment que G. Bush risque d’amener la création d’un Etat palestinien dans un laps de temps bien plus rapide que ne l’aurait fait un régime démocrate. Dans les milieux de la Défense, on estime que G. Bush deuxième mouture est un Président dangereux, au point de vue d’Israël : il s’agit d’un missionnaire empreint d’une forte conviction religieuse et persuadé d’être dans le vrai.

Autre élément inquiétant, note le Maariv : la coopération entre Américains et Européens, qui risque d’entraîner des difficultés pour Israël.

D’autre part, le Haaretz rapporte que le Premier ministre en second, Shimon Pérès, a proposé d’accorder une allocation de 100 dollars par mois à chaque Palestinien vivant en dessous du seuil de pauvreté. Cette proposition aurait été évoquée lors de la rencontre de Pérès avec le représentant du Secrétariat d’Etat américain, William Burns, la semaine dernière.