L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) établit pour la première fois que l’Iran développe des armes nucléaires. Le rapport publié hier à Vienne détaille de quelle manière l’Iran a, pendant des années, tenté de cacher les objectifs de son programme nucléaire militaire et un responsable diplomatique a qualifié le document de « rapport le plus incriminant jamais publié ».

Sur la base de dizaines de documents et d’informations fournies par les services de renseignement, le directeur général de l’AIEA, Yukiya Amano, présente des « preuves à charge » qui montrent comment l’Iran a suivi une voie qui ne peut être interprété autrement que par le développement d’armes nucléaires. Les services de renseignement de dix pays, que le rapport ne nomme pas, ont remis à l’AIEA des documents et des plans en farsi, semblables à ceux qui ont été retrouvés en Libye, au sein du réseau de contrebande d’Abdul Qadeer Khan, le père de la bombe nucléaire pakistanaise.

Les éléments les plus graves du rapport indiquent que l’Iran a obtenu des plans destinés à transformer l’uranium enrichi en la sphère métallique qui constitue le cœur de la bombe nucléaire. Les scientifiques iraniens ont également reçu les plans d’un modèle de bombe sphérique et ont entamé des recherches pratiques pour sa réalisation.

Le rapport affirme également que l’Iran a effectué des essais théoriques et pratiques de déclenchement synchronisé d’un grand nombre de détonateurs, afin de provoquer la réaction en chaîne à l’intérieur de la bombe et diriger avec précision l’onde de choc pour en augmenter l’effet dévastateur. Ces tests pratiques ont été effectués au sein d’un site hautement sécurisé à l’intérieur de la base militaire de Parchin, à une trentaine de kilomètres de Téhéran.

Ce rapport, le plus sévère jamais publié par l’AIEA, servira de base aux débats que tiendra en fin de semaine prochaine le conseil des gouverneurs de l’agence. Les Etats-Unis et les autres pays occidentaux espèrent pouvoir convaincre grâce à ce rapport la Russie et la Chine de durcir les sanctions contre l’Iran, mais rien n’indique pour l’heure que Moscou et Pékin y soient prêts.

Le ministre de la Défense, Ehud Barak, s’en est pris hier à « la campagne d’affolement démagogique » à laquelle on assiste, selon lui, ces dernières semaines quant à une possible attaque en Iran. « La guerre ce n’est pas une partie de plaisir mais, quel que soit le scénario, en aucun cas il n’y aura cinquante mille morts, ni cinq mille ni même cinq cents », a-t-il déclaré sur la radio Kol Israël. « Les représentations selon lesquelles nous serions, le Premier ministre et moi, assis seuls dans une salle à huis clos en train de planifier une offensive, sont absurdes ».