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Antisémitisme : Les vraies causes. Un premier soliste brise le concert du silence
Par Jean Tsadik © Metula News Agency
Article mis en ligne le 21 octobre 2004

Les rapports sur la progression inquiétante de l’épidémie d’actes antisémites dans la société française se suivent à un rythme inquiétant. D’habitude, ils donnaient lieu à des déclarations tonitruantes des milieux chiraquiens autour de la désormais fameuse tolérance zéro, applicable principalement dans les tribunaux, la police et dans les écoles. Même ces mesures, cependant, dirigées contre les effets du problème et ménageant ses causes, restaient lettres mortes.

Dans la justice, notamment, où les déclarations d’intention présidentielles n’empêchaient pas le verdict exemplaire du tribunal de grande instance de Nanterre, par lequel les juges ont donné leur feu vert à un philosophe (Edgar Nahum) et à un éditeur (Edwy Plenel, le Monde) pour accoler au peuple d’Israël des caractères dégénérés de type « méprisant » et « prenant du plaisir à humilier ». Hors les frontières françaises, cela ressemble à l’accréditation, voire l’encouragement par le système judiciaire, d’un principe raciste pouvant faire à la fois jurisprudence et anthologie. Dans le même domaine, nous avions à observer le traitement révoltant de la plainte diligentée par les victimes de Yasser Arafat par les services de monsieur Perben.

De toutes façons, la Ména était la seule voix à affirmer, au milieu d’un concert de silence, que, même si ces mesures avaient été correctement répercutées, elles n’auraient rien pu faire afin d’incliner vers le bas les courbes de progression du fléau. La diffusion de « Bab el Chams » sur une chaîne publique, grâce au financement de l’Etat, a, à elle seule, plus fait pour encourager l’antisémitisme en France que tous les discours de Chirac pour l’endiguer.

Pour dégoûter la bête, il fallait, il faut s’attaquer à la source du mal et la source du mal, c’est l’Israel Bashing dans les médias tricolores, surtout ceux contrôlés par l’Etat (ce sont eux qui donnent le ton et la licence) : La diabolisation des Israéliens, la dénaturation des péripéties de leur guerre et la recomposition de leur histoire à la sauce des théories de la décolonisation.

Il est temps pour moi d’enfiler deux couches de moufles, par mesure de précaution et de vous parler du rapport commandé par le Ministère de l’Intérieur à Jean-Christophe Ruffin. Ce monsieur, un écrivain et un médecin de professions, a présenté hier mardi les conclusions de son travail sur les causes de l’antisémitisme français et les remèdes qu’il suggérait afin de le réduire. De la belle et honnête ouvrage, dont les termes diffèrent, pour un fois, avec les slogans creux du Président et des ministres chiraquistes.

Ainsi, le concert de silence a été pour la première fois rompu au niveau officiel français, singulièrement par la condamnation de Ruffin des ’’comparaisons mortelles’’ dans les médias, telles ’’ Israël est un Etat raciste, nazi, pratiquant l’apartheid’’, comme fausses, pouvant ’’ justifier toutes les violences et faciliter le passage à l’acte antisémite. Il est des mots aux conséquences morales graves et dangereuses ’’.

Enfin, nous exclamons-nous ! Même si on en est qu’au stade théorique et que tout dépendra de l’application des mesures préconisées qu’en feront les ministères bleus blancs rouges, du moins, la cause aura été énoncée.

Elle s’accompagne d’un appel à une vigilance accrue s’agissant de l’audiovisuel, escortée de moyens supplémentaires dans ce domaine pour le CSA. Foulant des pelouses jusque là interdites, Jean-Christophe Ruffin énonce qu’il est également nécessaire - si l’on veut vraiment contenir l’antisémitisme, s’entend - de pénaliser les accusations de racisme portées contre Israël, ce en quoi, l’écrivain-médecin s’est immédiatement attiré la désapprobation du mouvement de la Ligue des Droits de l’Homme et du MRAP. LDH et Aounit prouvant ainsi, mais ça n’était plus nécessaire, qu’ils n’entendent rien aux causes du fléau, pas plus qu’aux proportions de dangerosité qu’il a atteintes.

L’auteur du rapport n’a pas manqué non plus de prôner des adaptations aux dispositions légales en matière de racisme et d’antisémitisme, qui seraient utiles dans l’évitement des verdicts scabreux, du genre de ceux récemment rendus par les tribunaux français.

Dominique de Villepin a annoncé que le gouvernement entendait tirer des « conclusions opérationnelles immédiates » du rapport en question. A Métula, on ne cache pas nos doutes, n’oubliant à aucun moment que le gouvernement ne peut pas se présenter comme la victime impuissante de l’épidémie de peste brun-rouge-verte et cathodique. C’est lui, ici on ne tombe pas facilement dans l’amnésie de circonstance et on se rappelle que l’AFP, musée des horreurs officielles dénoncées par Ruffin, est une création instrumentale de la politique gaullienne contemporaine, que les Ménargues, Labévière, sont des choix directs du Quai et que le bétonnage autour de l’imposture A-Dura et de ses auteurs est aussi de son œuvre.

Pourtant, interrogé par nos confrères Guysen sur le financement public de livres et de films antisémites ou incitant au terrorisme, dans une allusion on ne peut plus claire au financement et à la diffusion de « La porte du soleil », Dominique de Villepin a répondu : ’’ L’Etat ne doit pas participer à des opérations susceptibles de jeter l’opprobre ou d’encourager de tels actes. Il faut marquer les limites dece qui peut être accepté et ce qui doit être refusé« , a ajouté le ministre français de l’Intérieur, »c’est difficile car il s’agit de libertés d’expression et d’information, mais c’est le souci d’une démocratie d’éviter toute dérive et toute apologie [de crimes]. Il faut être vigilant et attirer l’attention ’’ [des responsables].

Et puis, on peut se demander si la « politique arabe de la France » n’est pas en elle-même une incitation à l’antisémitisme, vu qu’elle s’efforce d’entretenir les meilleures relations possibles avec des régimes autocratiques ayant placé l’éradication de l’Etat d’Israël au sommet permanent de leurs ambitions ? De toutes les façons, on va maintenant bien voir si le système chiraquien est capable et désireux d’effectuer des changements de cap douloureux, en porte-à-faux avec ses initiatives précédentes. Nous, ça ne nous dérangerait certainement pas ; nous en avons après les actes irresponsables et dangereux, pas après les personnes et je serais le plus heureux des analystes si on me fournissait des raisons de tirer mon chapeau à de Villepin et même au voisin alpestre de Luc Rosenzweig.

Jusqu’à preuve du contraire, je dois de croire que cette ébullition a plutôt des causes négatives : La peur d’être allé trop loin dans la fustigation d’Israël, de perdre le contrôle, d’avoir créé un monstre qui n’obéit plus à son maître, un bacille qu’on ne pourrait plus arrêter. La peur qu’on accuse la « clique à Chirac » de la responsabilité d’un prochain crime raciste, qui dépasserait les proportions des précédents. Peur que ne s’amplifie le très perceptible mouvement de ras le bol de nos exemplaires collègues de RFI, qui, comme des centaines de leurs confrères et des milliers de fonctionnaires, n’étant pas antisémites, en ont assez de servir sous les ordres de chefs qui le sont, laissant croire, s’ils restent silencieux, qu’ils partagent cette haine d’Israël qui n’est pas leur.



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