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Beaucoup de bruit pour rien
par le professeur David Ruzié *
Article mis en ligne le 18 octobre 2004

Le ministre français des affaires étrangères, Michel Barnier est donc, pour reprendre la formule diffusée par les médias français et repris par la Newsletter du CRIF, « le premier chef de la diplomatie française à effectuer une visite strictement bilatérale en Israël et à être reçu par Ariel Sharon depuis l’arrivée de ce dernier au pouvoir en 2001 » (souligné par nous).

La belle affaire….

C’est oublier, un peu vite, qu’initialement, cette visite aurait du se situer au printemps, en même temps que la visite à Yasser Arafat que le ministre français tenait à faire en même temps, non pas pour faire des économies sur le poste « déplacements » du Quai d’Orsay, mais pour bien souligner que pour la France le président de l’Autorité palestinienne restait bien l’interlocuteur légitime, représentant le peuple palestinien.

C’est à la suite du refus du gouvernement israélien de recevoir M. Barnier, après cette visite à Ramallah qu’il était convenu de remettre à l’automne ce voyage officiel.

Alors, peu importe ce qui s’est déjà dit, en public et en privé au cours de cette visite.

A partir du moment où le ministre français a fait l’honneur de rendre visite, tout d’abord, à Yasser Arafat et ensuite seulement au chef de l’Etat israélien, alors que l’ordre inverse aurait très bien pu être suivi, il n’y a pas lieu de pavoiser.

Au risque de choquer les Israéliens et une partie de la Communauté juive de France, il y a des événements, qui ont une incidence beaucoup plus négative qu’on veut bien le croire.

Nous voudrions, en effet, évoquer la visite que François Mitterrand fit à Jérusalem, en mars 1982.

La plupart des Juifs (en Israël et en Diaspora) se réjouirent, à l’époque, de cette première visite en Israël, faite par un président de la République française (voire par un chef d’Etat étranger, Sadate mis à part), depuis 1948.

Certes, ce fut un aspect positif de ce voyage, encore qu’aucun président français, pas même le Général de Gaulle, pourtant peu amène envers Israël, ne mit jamais en doute la légitimité de l’Etat d’Israël.

Mais, ce que l’on a, malheureusement, tendance à oublier, c’est l’autre aspect de ce voyage, l’aspect négatif que les adversaires d’Israël ne manquèrent pas d’utiliser à leur profit.

Il y a, en effet, lieu de se rappeler qu’à cette occasion, le président français, dans son discours à la Knesset, invita les Israéliens à accepter l’idée de la création d’un Etat palestinien.

A cette époque cette idée était loin d’apparaître à la majorité des Israéliens comme devant être une évidence et les adversaires (palestiniens et autres) ne manquèrent pas d’exploiter, à leur profit, cette déclaration.

« Vous voyez bien, même François Mitterrand, grand ami d’Israël, reconnaît qu’il faut créer un Etat palestinien » clamait-on de tous côtés.

Or, même si cette déclaration ne faisait que correspondre à ce que la logique imposait, déjà, ce n’en était pas moins une ingérence dans les affaires intérieures d’un Etat souverain.

De la même façon, aujourd’hui, donner de l’importance au voyage de Michel Barnier en relevant son (faux caractère) bilatéral, c’est oublier que la France constitue, pratiquement, l’un des derniers soutiens, parmi les Etats qui comptent, pour Arafat qui, depuis longtemps, a fait la preuve de son incapacité (voire de son absence de volonté) à respecter les engagements, pris à Oslo, de faire la paix.

  • David Ruzié est professeur émérite des universités, spéclialiste de droit international


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