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Israël face à un regain de tension
Par David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international
Article mis en ligne le 24 mars 2011

Après l’attentat de Jérusalem, qui a fait, déjà, au moins un mort et plusieurs dizaines de blessés, on peut se demander quelle peut être la réaction d’Israël. Avant de s’envoler finalement pour Moscou, le Premier ministre israélien a déclaré qu’Israël se défendra « avec une volonté de fer ».

Cet attentat vient après les quelques 25 tirs de roquettes et obus de mortier en provenance de la Bande de Gaza, depuis le week-end dernier, qui ont provoqué une réaction non moins vive de Tsipi Livni, qui s’est prononcée pour une « sérieuse offensive » contre le Hamas, tandis qu’une députée du Likoud, Miri Regev, une ancienne militaire de haut rang, allait même jusqu’à prôner une opération « Plomb durci 2 ».

Et on n’oublie pas non plus l’odieux attentat d’Itamar d’il y a près de deux semaines.

Mais tout cela ne signifie pas pour autant que la trêve est rompue et qu’une opération de grande envergure se justifie et soit même, politiquement, possible, au plan international.

Tout d’abord, même s’il est vrai qu’une fois encore il est difficile d’identifier non seulement les auteurs de ces incidents et même leurs commanditaires, il n’est pas sûr qu’il s’agisse d’actions coordonnées, voire même organisées.

Il faut, toutefois, mettre à part la recrudescence des tirs depuis la bande de Gaza, qui semblent liés à une « bavure » reconnue – et pour laquelle les autorités israéliennes ont présenté leurs excuses – s’agissant de la mort de plusieurs enfants palestiniens, « victimes collatérales » d’une opération dirigée contre des terroristes en train de préparer un coup non loin de la barrière de Gaza.

Les deux autres attentats, certainement encouragés par l’atmosphère anti-israélienne, alimentée tant par le Hamas que par l’Autorité palestinienne, ont dû – à en juger par leurs modalités et leurs résultats - être entrepris par des terroristes isolés.

Il n’en demeure pas moins qu’Israël a certainement eu raison de déposer une plainte auprès du Secrétaire général des Nations unies et du président du Conseil de sécurité contre l’attentat de Jérusalem et les tirs de roquettes et d’obus de mortier en provenance de Gaza. « Je vous écris afin de vous faire part de ma vive préoccupation face à une très sérieuse escalade des attaques terroristes palestiniennes à l’encontre de civils israéliens innocents. Des agressions qui menacent de saper la stabilité de notre région », a écrit l’ambassadeur d’Israël à l’ONU, Meron Reuben.

Malheureusement, cette « plainte contre X » en quelque sorte a fort peu de chances d’aboutir, surtout compte tenu du fait que tant l’opinion publique internationale que les instances des Nations Unies sont surtout préoccupées par la situation dans plusieurs pays du Moyen-Orient et, notamment, en Libye.

De plus, l’atmosphère aux Nations Unies n’est guère favorable, actuellement (ce qui n’est pas une nouveauté…..) à l’égard d’Israël.

Certes, mardi dernier, au cours de son exposé mensuel devant le Conseil de sécurité, le Sous-Secrétaire général aux affaires politiques, Oscar Fernandez-Taranco a fait état d’une « recrudescence des incidents violents » au cours du mois écoulé en évoquant, notamment, « l’assassinat choquant des membres d’une famille israélienne, dont trois enfants » et en relevant que « les forces israéliennes ont été déployées en Cisjordanie afin d’arrêter les meurtriers et d’empêcher les colons de lancer des représailles à l’encontre des Palestiniens ».

Malheureusement, il n’a pas manqué d’ajouter qu’ « en dépit de ces efforts, huit incidents se sont produits dans les jours qui ont suivi, journées au cours desquelles des Palestiniens ont été blessés. D’une manière générale, une soixantaine d’incidents ont été enregistrés au cours de la période à l’examen. Au cours de ces incidents, 24 Palestiniens de Cisjordanie ont été blessés…… » et il a relevé qu’ « en outre 320 raids et opérations de recherche ont été menés par les forces israéliennes, au cours desquels 111 Palestiniens ont été blessés et 217 autres arrêtés ».

Il est évident que c’est au prix de ces « opérations » qu’Israël est en mesure d’assurer, tant bien que mal (mais heureusement plus en bien qu’en mal depuis plusieurs années) la sécurité de sa populations.

Mais, il n’en demeure pas moins que cela contribue à mettre au devant de la scène la situation des Palestiniens.

Au cours de son exposé, M. Fernandez-Taranco a également évoqué « la poursuite de l’expansion des colonies de peuplement en Cisjordanie, où le Gouvernement israélien a approuvé la construction de 400 nouveaux logements en représailles aux meurtres commis à Itamar ».

Il a aussi déclaré que « si les Nations Unies saluent la décision de Tel-Aviv de démolir tous les avant-postes coloniaux illégaux construits sur des propriétés privées palestiniennes….. il n’en reste pas moins que cette annonce ne résout pas le problème de l’existence d’une centaine d’autres implantations du même type en Cisjordanie, qui constituent non seulement une violation du droit international, mais aussi de la propre réglementation d’Israël ».

La violation du droit israélien est évidente dans bon nombre de cas et si, dans les autres cas, il n’y a pas formellement de violation du droit international, Israël n’ayant pas annexé ces implantations hors de ses limites actuelles, il n’en demeure pas moins que s’agissant de « territoires disputés » les constructions israéliennes pèsent sur les négociations, qui devront nécessairement avoir lieu au sujet du statut définitif de ces Territoires.

Beaucoup plus grave est à notre avis l’impact du rapport, d’une centaine de pages, présenté le lendemain aux Nations Unies par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA).

Selon ce rapport, dans le détail duquel nous ne pouvons entrer, « les mesures prises par Israël depuis 1967 concernant la résidence des Palestiniens de Jérusalem, leur accès à l’éducation et la santé, ainsi que leur capacité à planifier et développer leurs communautés, ont modifié le statut de Jérusalem-Est, violant le droit international et augmentant leur vulnérabilité ».

Mis à part la référence, toujours erronée, de notre point de vue, à la violation du droit international, d’autant plus que ce rapport fait litière de la situation résultant de la politique jordanienne niant les droits de la population juive, suivie entre 1949 et 1967, il n’en demeure pas moins que ce rapport, intitulé « Jérusalem-Est : les préoccupations humanitaires clés », estime que ces mesures israéliennes ont « accru l’isolement de Jérusalem-Est par rapport aux Territoires palestiniens occupés » et que si « ces facteurs de pressions » ne sont pas traités, « la présence des Palestiniens à Jérusalem-Est est remise en cause à long terme ».

Israël ne peut pas ne pas tenir compte de cette ambiance en envisageant sa réplique face à ces actes de remise en question de la trêve intervenue depuis plusieurs mois.

Certes, les événements de Tunisie, d’Egypte, maintenant de Libye et de certains autres Etats du Moyen-Orient, témoignent du fait que la tension israélo-arabe (nous persistons à penser qu’une autre attitude du monde arabo-musulman à l’égard d’Israël serait de nature à faciliter le problème palestinien), n’est pas à l’origine de l’agitation qui met en danger la stabilité de cette région.

Mais, il n’en demeure pas moins que pour certains responsables politiques occidentaux, comme l’a déclaré Alain Juppé, le 15 mars dernier devant la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale « les aspirations du peuple palestinien ne sont pas moins légitimes que celles des autres peuples de la région » (www.desinfos.com/spip.php?page=arti...).

De telle sorte qu’à l’heure actuelle, Israël ne peut guère escompter un soutien aux Nations Unies pour une réaction d’ampleur, même si – heureusement – les actions terroristes ont été sévèrement condamnées par le Secrétaire général de l’Organisation.



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