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Un France-Israël sur la pointe des pieds…
Par Ilan Tsadik © Metula News Agency
Article mis en ligne le 5 septembre 2004
dernière modification le 6 septembre 2004

Grant, un peu d’un magicien ?

Ambiance étrange autour de la rencontre de ce soir, la première du tour de qualification pour le Mundial 2006, dont le coup de sifflet initial sera donné à 21 heures, heure de Paris, au Stade de France. En deux mots et des deux côtés de la Méditerranée : La trouille. Avec, chez les Bleus, le traumatisme de l’élimination précoce du dernier Euro à gérer et le départ mouvementé à la retraite des artistes Zidane, Desailly, Thuram et Lizarazu. Et avec ça, une réputation et une ambition à faire valoir, devant un public qui ne se contentera de rien de moins que des heures de gloires auxquelles il a été habitué.

En face, la sélection israélienne, dirigée par l’excellent coach Avraham Grant, toujours à se chercher, depuis l’élimination par la modeste Autriche, sur un but acquis à Ramat Gan et à la dernière seconde de jeu du match de barrage en vue du Mondial de Séoul. Depuis, rien n’a jamais tourné rond dans notre équipe nationale. Avec des joueurs, certes de talent, mais qui éprouvent une étrange incapacité à former un groupe homogène et conquérant sur la pelouse. Et pour ne rien arranger à cette gêne, deux ans d’interdiction de confrontations à domicile, qui rendait, ab initio, les espoirs de qualifications bien plus que simplement aléatoires.

Ce soir, donc, on va tous plonger dans l’inconnu à l’orée d’une rencontre qui, si on ne s’attend pas à ce qu’elle taquine les sommets du football, aura au moins l’avantage d’être, en principe, l’une des plus ouvertes à opposer les deux nations. Et cette trouille, perceptible par tous, aura déjà eu pour effet de faire passer le match de ce soir presque inaperçu dans les médias des deux pays. Les médias français et israéliens suivant l’adage de sagesse : Dans le doute, abstiens toi ! Est-ce aussi un lapsus, une volonté délibérée de préserver le matériel ou l’effet du phénomène d’attente nerveuse que je décris, encore est-il que l’un de nos lecteurs nous a envoyé la photo de cette affiche, qui a surpris son attention sur la ligne 178 d’un bus de la RATP. On y annonce pour aujourd’hui le match France-Irlande… pour prévenir des perturbations qui auront lieu sur la ligne numéro 2.

Plus sérieusement, les commentaires prudents que multiplie le nouveau sélectionneur français, Raymond Domenech, confirment la situation que je décris, lorsqu’il avertit : « Il faut redescendre sur terre, nous ne sommes plus champions du monde ni champions d’Europe ! », qu’il relativise les espoirs : « Personne ne sait comment tout cela va se passer... Face à Israël, il s’agira du premier match important pour une nouvelle génération » et qu’il met en garde contre certaines des qualités de notre équipe, que n’ont n’avons, pour notre part, pas observées depuis longtemps : « Les Israéliens peuvent transformer un match très vite sur des périodes de folie ».

Les deux équipes restent sur des matchs de préparation médiocres, 1 à 1 à Paris, il y a deux semaines contre la Bosnie pour la France et une défaite à Zagreb 0 à 1 contre la Croatie, partie durant laquelle les Bleus clairs n’ont rien montré d’intéressant.

Plein de nouvelles figures des deux côtés de la pelouse, certes, mais avec, chez les Tricolores, tout de même trois joueurs d’Arsenal et cinq autres, à avoir participé à la dernière finale de la Ligue des Champions. Sur le papier, à tout le moins, les Bleus foncés sont capables de prendre la mesure des footballeurs à la Ménora (chandelier symbole de l’Etat d’Israël) brodée sur le maillot. Nos arguments, à ce niveau, deux joueurs évoluant à Santander, en première division espagnole, Omri Afek et Yossi Benayoun, ainsi que l’un des meilleurs canonniers du championnat de Turquie, Pini Balili. Côté footballeurs maison, Yaniv Katan, du Maccabi Haïfa, dans un jour faste, possède suffisamment de puissance, de technique et de force de frappe pour transpercer n’importe quelle défense. Et Walid Badir, évoluant dans le même club, qui est en grande forme, peut inquiéter les jeunes défenseurs Bleus par ses incursions ravageuses à travers la moitié du terrain. A l’arrière, Grant fait confiance aux valeurs sûres, au centre de son dispositif, que sont Arik Benado et Tal Ben Haïm. Ils seront vraisemblablement flanqués des néophytes Igal Antébi et Kalmi Saban.

Une remarque encore, qui pourrait avoir son importance sur la pelouse, les Israéliens n’ont rien à perdre. Tout résultat autre qu’une défaite en ferait presque des héros nationaux. Pour ce faire, le peuple compte beaucoup sur l’entraîneur Grant et serait surpris et déçu qu’il ne sorte pas, à un moment ou un autre du match, un lapin surprise de son chapeau magique. Oui et certes, mais pour l’heure, Grant inquiète Ilan, en faisant mine d’aligner, et même sous le brassard de capitaine, l’Arlésienne du football bleu et blanc, j’ai cité le vétéran Avi Nimni. A 32 ans, Nimni, est un joueur lent, peu mobile, qui n’a jamais brillé ailleurs qu’en championnat d’Israël, là où sa technique à elle seule fait parfois la différence. Pour nous surprendre encore davantage sur les velléités nimnesques de Grant, le demi offensif du Bétar de Jérusalem, qui était suspendu à proximité de Barabas par le tribunal disciplinaire de la ligue (vous voyez qu’on ne lésine pas sur les punitions), n’a pas encore disputé la moindre compétition officielle depuis le début de la saison. Nimni est si expérimenté qu’il avait déjà participé à la victoire historique du Parc des Princes, il y a tout juste onze ans (tiens tiens !) et qui avait barré la route des mondiaux américains à une super équipe de France [1], en la dominant par 3 buts à 2. Rappelez-vous - ça me fait tellement de bien - la France n’avait plus encaissé trois buts lors d’un match officiel depuis juillet 1960 et n’avait pas perdu au Parc depuis six ans… Mais on ne fait pas d’astrologie, on joue au foot, hé, ho, Avraham ! Ilan pas comprendre ce choix bizarre !

L’équipe d’Israël, mouture 2004-2005, photographiée au Stade national de Ramat-Gan (50’000 places) où elle affrontera la France, le 30 mars 2005

Les relations entre les deux équipes sont correctes sans plus. Pas grand-chose à voir avec les différends politiques entre les deux pays, quoiqu’ils ne seront jamais totalement absents de la pelouse et des gradins ce soir. Les Bleus n’ont toujours pas digéré le match de 93. Et les Israéliens, qu’après leur victoire, ils aient été refoulés du Maxim’s dans lequel les Français cuvaient leur amertume. Pas apprécié non plus, qu’après la rencontre, Platini, mauvais perdant, avait prétendu que notre équipe était l’une des formations les plus faibles que la France aurait pu rencontrer. Mauvaises ondes aussi, en se rappelant que tous les joueurs français de Chelsea avaient refusé de rencontrer Hapoël Tel Aviv à Tel Aviv, en coupe de l’UEFA.

Mais c’est surtout de l’histoire ancienne. Allez, vlan, du balai, concentrons-nous sur ce soir ! Les pronostics d’Ilan : Si les jeunes français trouvent rapidement la bonne sauce, la soirée peut se terminer sur une punition pour les hommes de Grant. Dans tous les autres cas de figures, et plus le temps passerait sur un score partagé, Israël a les moyens de créer la surprise. Sur la valeur réelle des footballs respectifs, il nous faudrait une équipe transcendée pour battre les Bleus et des Bleus dans un jour noir (Ah que voilà une explication colorée, Ilan mon chéri. Germaine). Ce soir, dans cette situation si particulière, une « bonne » formation israélienne pourrait faire la différence face à des Français « moyens ».

Tous les ingrédients d’une rencontre passionnante, non ?

Notes

[1] Lama, Desailly, Roche, Lizarazu, Blanc, Petit, Deschamps, Le Guen, Sauzée, Papin, Cantona, Ginola, Jorkaeff.



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