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A propos de l’immigration clandestine en Israël
Par David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international
Article mis en ligne le 2 décembre 2010

Une fois encore – et de façon abusive – une décision récente du gouvernement israélien – celle de créer un centre de rétention pour les immigrés clandestins – a défrayé la chronique, tant en Israël que dans certains milieux internationaux. Or, en l’espèce, il n’y a aucune raison de mettre en doute les raisons humanitaire s, sur lesquelles nous reviendrons, mises es en avant pour justifier une telle décision.

Il faut savoir que près d’une centaine de clandestins tentent chaque jour de pénétrer en Israël, à partir de l’Egypte (la configuration du terrain ne permettant pas de contrôler normalement les flux de personnes, comme cela se fait, généralement, ailleurs).

D’où la décision prise, parallèlement, d’entreprendre la construction d’une barrière de 220 kms de long pour délimiter de façon « hermétique » la frontière israélo-égyptienne.

Notons d’ailleurs au passage que la construction de cette « barrière » n’est en rien comparable avec celle de la « barrière de sécurité » avec la Cisjordanie, car il existe une frontière « reconnue » avec l’Egypte, depuis le traité de paix de 1979.

Et rien n’empêche donc que d’un commun accord, avec l’Egypte, ou unilatéralement, Israël décide de prendre des mesures pour assurer l’ « étanchéité » de cette frontière.

Tout aussi régulière au regard du droit international apparaît d’ailleurs la décision de créer un centre de rétention, proche de la frontière, susceptible d’accueillir jusqu’à 10 000 personnes.

Tout Etat a parfaitement le droit de contrôler le flux des personnes en provenance de l’étranger.

Il faut savoir que cette immigration clandestine en provenance de l’Egypte, essentiellement de Soudanais (en raison de la situation au Darfour) et d’Erythréens (sans doute en liaison avec les séquelles de la guerre avec l’Ethiopie) ne fait que s’accroître et augmente le nombre de personnes en situation irrégulière sur le territoire israélien.

A côté des Palestiniens infiltrés (originaires de la Bande de Gaza ou de Cisjordanie) et des travailleurs étrangers (philippins, chinois, thaïlandais….) entrés régulièrement sur le territoire israélien dans le cadre de quotas et qui s’y maintiennent après l’expiration de leurs visas, s’ajoutent, en nombre croissant, depuis quelques années ces clandestins africains.

Il est évidemment difficile de connaître exactement leur nombre, mais d’après les chiffres véhiculés par les médias, on estime à environ 35 000 leur nombre actuel (10% de la population d’Eilat serait entrée illégalement en Israël). Ils seront près de 13 000 en 2010, alors qu’ils n’étaient que 20 000 entre 2006 et 2009 et ils pourraient être 30 000 à entrer chaque année, à l’horizon 2015..

Pour les services du Premier ministre, cette immigration clandestine pose des problèmes au regard de l’emploi, faisant concurrence avec la main d’œuvre régulière (d’où l’idée de renforcer également les sanctions contre les employeurs de main d’œuvre illégale) et pour le ministre de la défense Ehoud Barak, elle menacerait même la « cohésion sociale » d’Israël.

En attendant l’achèvement de la « barrière » avec l’Egypte (d’ici deux ans), ce centre permettrait donc d’examiner, au cas par cas, la situation de chaque personne et de mettre fin à l’empirisme actuel où les patrouilles de Tsahal expulsent manu militari les personnes interceptées à proximité de la frontière.

Pour ces malheureux fuyant la misère et/ou les persécutions, Israël est un objectif relativement plus facile à atteindre que d’autres pays, puisqu’ils peuvent « tenter leur chance » à pied.

Et l’essor économique d’Israël et le caractère démocratique de sa société constituent, bien évidemment, des attraits certains, pratiquement inconnus dans la région.

Indépendamment du fait que l’existence d’un centre de rétention permettrait de pourvoir aux besoins élémentaires de ces clandestins (nourriture, hébergement, eau, services médicaux), les autorités israéliennes se seraient également engagées à rechercher un pays d’accueil, l’expulsion n’étant pas la règle, indépendamment de l’octroi d’un statut de réfugiés politique dans certains cas.

Il est certain que cette immigration africaine présente certaines particularités par rapport à celle en provenance de l’Extrême-Orient, dans la mesure où, s’agissant de musulmans, se profile un risque de manipulation par des islamistes.

Mais, de toutes façons, les autorités israéliennes sont, vraisemblablement, soucieuses d’éviter les problèmes déjà rencontrés, au niveau de la génération des enfants, avec les travailleurs étrangers, entrés régulièrement en Israël, mais qu’y s’y maintiennent illégalement.

On se rappellera, à ce propos, les remous provoqués, l’été dernier, par la décision envisagée d’expulser 400 enfants, sur les 1 200, dont le cas était examiné, alors qu’il s’agissait d’enfants nés en Israël….

Autant prévenir que guérir.

Car, après tout, comme le disait il y a déjà plusieurs décennies un Premier ministre français (de gauche…) : « La France ne peut accueillir toute la misère du monde…. ».

Pourquoi Israël devrait se voir imposer ce que la France estime ne pouvoir être en mesure d’assumer ?

« Le peuple du Livre » qu’on accuse déjà de tous les péchés du monde ne peut assumer toutes les corvées.

« Enfin c’est juste notre avis ».



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