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Après le Synode
Par David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international
Article mis en ligne le 29 octobre 2010

Après la reprise par certains medias de déclarations faites au cours du récent Synode des évêques sur le Moyen Orient (en fait un synode consacré plus particulièrement à la situation des chrétiens dans cette région du monde), des critiques se sont élevées tant dans la dans la communauté juive que de la part des autorités israéliennes.

Notre collègue Raphaël Draï, dans une chronique sur Radio J s’est même demandé si ce synode ne remettait pas en question le concile Vatican II.

De son côté, le porte parole du ministère israélien des affaires étrangères a déclaré que « les disputes théologiques sur l’interprétation des Ecritures saintes avaient disparu avec le Moyen Age », ajoutant : « il ne me semble pas être une sage décision de les faire revivre ».

Cette déclaration venait, notamment, après une intervention de l’archevêque de Newton (Etats-Unis), Mgr Cyrille Salim Bustros, qui n’avait rien trouvé de mieux à dire, pour se faire remarquer, que « Pour nous, chrétiens, on ne peut plus parler de Terre promise au peuple juif, car cette promesse a été abolie par la présence du Christ » et de poursuivre qu’ « Israël ne peut pas s’appuyer sur le terme de Terre promise figurant dans la Bible pour justifier le retour des Juifs en Israël et l’expatriation des Palestiniens ».

Malheureusement, le directeur de la salle de presse du Saint-Siège, le père Lombardi, en voulant réfuter cette critique a été d’une insigne maladresse.

Dans un premier temps, il a, certes, fait observer que « si l’on veut avoir une expression synthétique des positions du synode, il faut actuellement s’en tenir au Message, qui est le seul texte écrit commun approuvé par le synode ces derniers jours ».

Malheureusement, il a, aussi, tenu à préciser que les « contributions données par les pères » représentent une « très grande richesse.

Autrement dit – et c’est là où le bât blesse - la déclaration tonitruante de Mgr Cyrille Salim Bustros représenterait donc, selon le père Lombardi une « très grande richesse », de telle sorte que lorsque, par ailleurs, il déclare qu’on ne peut pas « considérer chacun comme la voix du synode dans son ensemble », son propos est dans l’ensemble quelque peu affadi.

D’ailleurs, le document final de 44 propositions votées par l’assemblée spéciale du synode des évêques pour le Moyen Orient et publié le 23 octobre contient, et nous pesons nos mots, le meilleur et le plus contestable.

Sans doute, comme l’a relevé le père Lombardi, ce Message final encourage « les initiatives de dialogue et de coopération avec les juifs » et condamne, par ailleurs, « l’antisémitisme et l’antijudaïsme ».

Mais, il n’est pas sûr que les évêques aient bien distingué, comme le voudrait le Message « religion et politique ».

Nous en voulons pour preuve que si la proposition 9, relative à la paix, consacre l’engagement de l’Eglise « à prier et à œuvrer pour la justice et la paix au Moyen-Orient », elle commet cependant l’erreur de se fourvoyer en plein dans le politique, domaine étranger à l’Eglise, pour appeler « les autorités civiles responsables à appliquer les résolutions des Nations Unies concernant la région, en particulier le retour des réfugiés et le statut de Jérusalem et des Lieux Saints ».

Ce que les média ont bien compris en indiquant que la conférence des évêques a appelé l’Organisation des Nations Unies à mettre fin à l’occupation israélienne des terres arabes ainsi que la communauté internationale a trouver une solution « juste et globale dans la région pour mettre fin à l’occupation de territoires arabes ».

Pourquoi se focaliser ainsi sur une responsabilité d’Israël, alors que la situation des chrétiens au Moyen Orient est beaucoup plus dramatique en Turquie (où les chrétiens, qui représentaient 20% de la population au début du XXème siècle ne représentent plus aujourd’hui que 0,2%) ou en Irak (où il y a 20 ans ils étaient 1,5 million et moins de 600 000 aujourd’hui) ?

Cette même focalisation sur Israël se retrouve également dans l’homélie prononcée par le Pape lors de la messe de clôture du synode.

Benoît XVI a eu raison de dire « Depuis trop longtemps au Moyen Orient, les conflits, les guerres, la violence et le terrorisme perdurent ».

Mais pourquoi a-t-il cru devoir ignorer d’autres situations et s’en tenir à cette formule des Psaumes (dans la version chrétienne de la Bible 122,6) : « Appelez la paix sur Jérusalem » et « Prions pour la paix en Terre Sainte » d’une part, et « Prions pour la paix au Moyen-Orient », d’autre part.

L’Irak, la Bande de Gaza où les chrétiens ne sont pas toujours à la fête (notre point de vue ici-même en 2008, sans parler des coptes d’Egypte méritaient également une mention.

Sans vouloir être trop pessimiste après ce synode, ce n’est évidemment pas avec de telles maladresses, pour ne pas parler de fautes, du moins dans la formulation, que le dialogue judéo-chrétien se trouve encouragé……



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